Le Sommet de l’avenir de l’ONU veut cimenter le programme d’un nouvel ordre mondial

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Il aura lieu à New York les 22 et 23 septembre 2024 et sera sans doute un point d’orgue depuis la création de l’Organisation des Nations Unies (ONU) en octobre 1945. Le Sommet de l’avenir (Summit for the Future) promet en effet de renouveler et de renforcer le « système international » que l’ONU et ses dirigeants mondialistes jugent devenu « inadapté » au monde moderne, entendez trop mou. En somme, il faut aller plus vite et plus loin, en justifiant du futur et de toutes les peurs qu’on peut y concentrer pour agir sur le présent.

L’ensemble des secteurs y passent, qu’ils soient sociétaux, économiques, sécuritaires : tout importe dans une visée mondialiste. Et l’objectif est toujours le même, encore plus affirmé, encore plus découvert : un nouvel ordre collectiviste mondial organisé dont l’« ONU 2.0 » mènera la danse.

 

Répondre « aux chocs mondiaux » par une remise à zéro de l’ordre multilatéral

La peur reste un levier majeur ; c’est ce qui ressort de l’avant-projet disponible sur le site de l’ONU : « Nous nous trouvons à un moment de péril mondial aigu. Partout dans le monde, des gens souffrent des effets de la pauvreté, de la faim, des inégalités, des conflits armés, de la violence, des déplacements, du terrorisme, du changement climatique, des maladies et des effets néfastes de la technologie. L’humanité est confrontée à une série de risques potentiellement catastrophiques et existentiels. »

Il faut un sauveur. L’ONU se veut, précisément, le sauveur de l’humanité. Sauf qu’a contrario de son véritable Sauveur, le Christ, l’ONU entend dans les faits s’en faire le tyran, agitant un ersatz de bonheur terrestre dans un salut tout communiste et parfaitement totalitaire. A force de dire aux gens qu’il faut avoir peur d’eux-mêmes et des autres, et s’en remettre, remettre ses libertés à un organe supérieur qui ne veut évidemment que le bien de tous, le mensonge finit par passer, l’esprit cède.

Le covid a joué en cela un rôle remarquable, il faut le redire. Dès septembre 2020, forts de la crise « pandémique » qui sévissait déjà depuis six mois, les Etats reconnaissaient, à l’occasion du 75e anniversaire des Nations unies, que « le monde envisagé par les fondateurs de l’ONU ne s’[était] pas encore concrétisé ».

Et un an plus tard, le Secrétaire général António Guterres, l’ancien chef de l’Internationale socialiste, publiait « Notre Programme commun », programme d’action appuyant la nécessité de travailler de toute urgence pour reconstruire la coopération en matière de gouvernance mondiale. Non content de rappeler les cadres déjà convenus, comme l’Agenda 2030 et ses objectifs de développement durable, le Programme d’action d’Addis-Abeba ou encore la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et son Accord de Paris, il annonçait également la tenue prochaine de ce fameux Sommet de l’avenir afin de forger un nouveau consensus mondial.

« Le système actuel de gouvernance multilatérale, conçu en des temps plus simples et plus lents, n’est pas adapté au monde d’aujourd’hui, qui est complexe, interconnecté et en constante évolution. Le Sommet est l’occasion de tracer une meilleure voie », nous dit l’avant-projet, publié à la fin janvier – le document final, appelé « Pacte pour l’avenir », sera approuvé par les pays pendant le Sommet, juste avant que ne se tienne le débat général de la 79e session de l’Assemblée générale des Nations Unies qui s’ouvrira le lendemain.

 

Le Sommet de l’avenir veut s’arroger la gouvernance mondiale

Si l’on tente de résumer la grande feuille de route du Sommet de l’avenir, elle s’articule autour de cinq priorités : développement durable et financement du développement ; paix et sécurité internationales ; science, technologie, innovation et coopération numérique ; jeunesse et générations futures ; gouvernance mondiale. Rien n’est laissé au hasard. Personne ne sera laissé en chemin, nous dit d’ailleurs le projet…

Il s’agit de renforcer ce qui existe déjà, de concrétiser les engagements non encore réalisés par les uns et les autres à travers les nombreux traités multilatéraux, mais d’ajouter également des projets novateurs plus contraignants, mais suffisamment flous pour ne pas trop faire fuir.

On y réitère les engagements de tous les Etats membres envers les 17 Objectifs de Développement Durable qui brassent écologisme, droits des femmes, nutrition, santé, droits de l’homme et changement climatique (les combustibles fossiles sont toujours la cible n°1). On y agite le spectre de la menace nucléaire et terroriste pour un agir collectif afin de maintenir la sécurité internationale : le texte évoque, en plus de la possibilité de « mesures coercitives » (par son armée ?), un nouveau financement par un compte spécial pour alimenter le Fonds pour la consolidation de la paix (50 millions de dollars de contributions obligatoires par an). L’ONU pourrait ainsi prendre plus de poids dans les conflits en cours.

Un grand accent est mis sur le partage entre pays du Nord et pays du Sud, entre les riches et les pauvres, que ce soit dans l’exploitation de la science et de la technologie ou le partage de vaccins si une épidémie survient… « Les bénéfices et les possibilités qu’engendre le progrès sont répartis de manière inégale » : il faut répartir les richesses. Tout comme il faut faire participer les jeunes générations et les former : au-delà d’« une éducation de qualité », le texte parle d’« un apprentissage tout au long de la vie » dont on peut se demander à quoi cela correspond (une soumission régulière à la doxa mondialiste ?).

 

Un Nouvel Ordre Mondial dont l’ONU fera la loi

Mais c’est surtout le dernier point intitulé « gouvernance mondiale » qui laisse pour le moins méditatif : « Nous visons à concrétiser la vision d’un système multilatéral qui soit plus efficace, plus fiable, plus inclusif et mieux équipé pour relever les défis, opportunités et capacités du présent et de l’avenir. A ce titre, nous réaffirmons le caractère inter-gouvernemental des Nations Unies, tout en s’engageant également à garantir qu’un large éventail d’acteurs au-delà des Etats contribuent aux efforts visant à relever les défis mondiaux. »

L’avant-projet parle de « gouvernance économique mondiale » à travers une « réforme de l’architecture financière internationale » qui « doit être modernisée de toute urgence » pour une meilleure « réponse aux chocs mondiaux ». Et de donner l’exemple du covid… Il évoque également la création d’une « Plateforme d’Urgence en cas de choc ayant un impact sur plusieurs régions du monde » et nécessitant « une approche cohérente, coordonnée et multidimensionnelle ». Une jumelle du Pacte sur la Pandémie que l’OMS ne parvient pas à imposer ?

Enfin, il insiste sur le « renouvellement de la confiance » dans ce « nouveau départ », cette « opportunité unique » qui est proposé aux citoyens du monde ! Ils font bien, car on aurait plutôt tendance à l’oublier, en lisant ces merveilleuses programmations, bien qu’on nous assure que tout cela sera fait « dans le plein respect des mécanismes de gouvernance existants »…

Et puis qu’est-ce qui peut nous étonner ? Antonio Guterres a plaidé, en septembre 2023, à la réunion du G77+Chine, pour une restructuration de l’ONU et pour un changement des « règles du jeu économique mondial ». Quelques mois auparavant, Klaus Schwab, dans son discours d’ouverture au Sommet mondial des gouvernements (WGS), avait évoqué « de nouveaux mécanismes et des méthodes innovantes pour nous aider à atteindre un avenir meilleur et servir les aspirations de l’humanité ».

« L’ordre mondial actuel ne fonctionne pas pour tout le monde », avait déclaré le Secrétaire général de l’ONU, en février dernier, lors du « Davos de la Défense ». C’est pour cela qu’il en faut un nouveau, un nouvel ordre mondial : ce sont eux-mêmes qui le disent.

 

Clémentine Jallais