L’aveu des fournisseurs d’énergie quant à leur volonté de pratiquer la modulation constante des prix grâce aux compteurs « intelligents » est une étape clef de la controverse sur ces nouveaux outils de surveillance introduits dans nos foyers sous prétexte de nous faire faire des « économies ». C’est au Royaume-Uni que, pour la première fois, les plus gros opérateurs ont reconnu leur intention de faire varier les tarifs appliqués par tranche de 30 minutes. Qu’il s’agisse de l’électricité ou du gaz, le plan est déjà en place : augmenter les prix au moment des pics de consommation.
En France, les heureux bénéficiaires ou prospects de Linky ou Gazpar feraient bien de se méfier !
L’aveu de Scottish Power auprès du Telegraph de Londres précise que les gros fournisseurs d’énergie n’attendent plus que le feu vert du régulateur national de l’énergie pour mettre en place leurs tarifs à la carte.
Il s’agit de changer radicalement la manière dont seront facturés le gaz et l’électricité : tous les foyers utilisant de l’électricité aux heures de pointe seront pénalisés. Il leur coûtera ainsi plus cher d’allumer la télévision, de charger un engin électronique ou de faire tourner une machine à laver le matin ou le soir, heures de forte consommation. Même chose pour la cuisine aux heures traditionnelles de repas…
Une modulation des prix chaque 30 minutes : le vrai objectif des « compteurs intelligents »
On prévoit ainsi des tarifs boostés pour Noël ou Pâques, à l’heure où la dinde ou le gigot a précisément besoin de rôtir au four. Ça tombe bien, à ces dates-là les trains et les avions sont aussi plus chers ! Haro sur les chrétiens, en somme…
Déjà, les fournisseurs britanniques ont revu à la baisse les économies dont ils affirment vouloir faire bénéficier les abonnés au gaz et à l’électricité. A l’origine ils affichaient une baisse de charge annuelle d’environ 26 livres (une petite trentaine d’euros). L’objectif annuel visé a été ramené à 11 livres. Des cacahuètes.
La tarification différenciée selon les heures de consommation est déjà autorisée au Royaume-Uni, mais uniquement sur la base du volontariat, puisque les usagers équipés de compteurs intelligents doivent donner leur autorisation expresse. La nouveauté consistera à permettre la collecte de données systématique sur la consommation de demi-heure en demi-heure pour généraliser le système, et sur ce point, les discussions sont déjà en cours, avec une décision prévue d’ici au deuxième semestre de 2019.
Linky et Gazpar serviront-ils eux aussi l’objectif de la modulation des prix du gaz et de l’électricité ?
Scottish Power y voit une promesse d’« avantages significatifs » pour les usagers au cours des décennies à venir. L’opérateur veut « introduire des tarifs qui permettent à (ses) clients de bénéficier de réductions basées sur l’information en temps réel ». Une argumentation qui ne tient pas la route : la surfacturation aux heures de pointe suppose qu’elle s’applique justement à un moment où le plus grand nombre des clients consomme de l’énergie, et où, par conséquent, le plus grand nombre de clients subit un tarif plus élevé.
La société estime par ailleurs que le nouveau système permettra d’éviter un renforcement de la puissance électrique acheminée à mesure que les foyers s’équipent de véhicules électriques qui devraient, selon les autorités, constituer le premier poste d’utilisation d’énergies des foyers d’ici à quelques années. On attend de voir…
En attendant, la surveillance se renforce belle et bien. Pour un coût de 11 milliards de livres, le gouvernement britannique cherche à équiper chaque foyer d’un compteur intelligent d’ici à 2020, prétendument pour leur permettre de bénéficier d’une baisse de leurs factures.
Les fournisseurs énergie britanniques poussés à l’aveu : on vise la modulation des tarifs de 30 minutes en 30 minutes
Mais selon un ancien responsable de la métrologie du gaz et de l’électricité chez Ofgem, le régulateur britannique de l’énergie, l’introduction de la surfacturation aux heures de pointe est l’objectif réel des compteurs intelligents. Ce sont ses déclarations, justement, qui ont poussé la presse à demander des réponses précises à Scottish Power. M. Fulton avait d’ailleurs précisé : « On prétend que les compteurs intelligents sont sûrs et sécurisés. Ne pas en avoir un, parce qu’on n’en a pas besoin, est encore plus sûr et offre plus de sécurité. » Il avait également observé que le choix d’un opérateur intéressant se transformerait sous le nouveau système en « cauchemar total » dès l’instant où la modulation des tarifs en temps réel serait mise en place, les prix devenant impossibles à comparer.
Un porte-parole du département britannique de l’énergie des entreprises et de la stratégie industrielle a réagi en affirmant : « Personne ne sera obligé de choisir un tarif modulé. »
T’as qu’à croire !