Jean-Marc Ayrault appelle la jeunesse tunisienne à résister à l’extrémisme islamiste

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Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, rencontre son homologue tunisien, Khemaies Jhinaoui, à Tunis, le 17 mars 2016.

 
En déplacement à Tunis, Jean-Marc Ayrault a exhorté jeudi la jeunesse tunisienne à « ne pas se tromper de chemin », et à résister à l’extrémisme islamiste. Arrivé le jour même en Tunisie à l’occasion d’une visite destinée à renforcer la coopération bilatérale entre les deux pays, le ministre des Affaires étrangères a donné un discours à l’Institut français de Tunis.
 
Malgré la transition politique advenue à la faveur du printemps arabe de 2011, ou peut-être grâce à l’instabilité qui en ait résulté, la Tunisie souffre, elle aussi, de l’extension islamiste – et notamment celle des djihadistes de l’Etat islamique – sur la région.
 

Jean-Marc Ayrault lance un appel à la jeunesse tunisienne

 
A cela s’ajoute une situation sociale délicate. Le chômage continue à sévir, notamment chez les jeunes qui composent la majeure partie de la population. Il en résulte un ressentiment et des mouvements sociaux, qui jettent des milliers de jeunes dans la rue pour réclamer du travail ou demander des hausses de salaire. Quand ils ne se tournent pas vers le radicalisme islamiste…
 
C’est à cet état de fait que faisait allusion Jean-Marc Ayrault dans son discours à l’Institut français, en affirmant à l’adresse de la jeunesse tunisienne que, malgré ce profond sentiment d’injustice, « il convient de ne pas se tromper de chemin ».
 
« Dans les régions les plus reculées, dans les couches les plus marginalisées de la population (…), les jeunes deviennent la proie facile des prédicateurs de haine, du repli identitaire et de la violence », a poursuivi le ministre français, avant d’observer que « ce n’est donc pas seulement l’avenir de la jeunesse tunisienne qui se joue. C’est la réussite du chemin exemplaire que la Tunisie a su tracer qui est en jeu et, à travers elle, l’avenir de toute une région. (…) C’est pour cela que la jeunesse tunisienne a le devoir de résister. »
 
On reconnaît bien là le style du bonimenteur politique. Comment peut-on, après avoir tracé un portrait assez juste des difficultés que connaît la Tunisie, oser évoquer la « réussite » d’un chemin « exemplaire » ?
 
Comment peut-on, d’ailleurs, se permettre d’aller faire la leçon chez les autres quand on ferait bien de balayer devant sa propre porte ?
 

Résister à l’extrémisme islamiste : là-bas comme ici

 
Jean-Marc Ayrault a brièvement répondu à cette double interrogation dans un autre discours, prononcé devant la communauté française, au cours duquel il a souligné que la stabilité de la Tunisie était un « enjeu stratégique » pour Paris.
 
Il a ainsi souligné que notre pays était déterminé à renforcer sa coopération avec la Tunisie, notamment par le biais d’un plan de soutien économique d’un milliard d’euros sur cinq ans, qui serait consacré en particulier au développement des régions les plus défavorisées.
 
Il est bien évident que, en aidant à éradiquer les bases arrières, existantes ou potentielles, du terrorisme islamique, Paris espère aussi assainir la situation dans notre pays, et éviter que se reproduisent des attentats meurtriers comme nous en avons connu, en une escalade sanglante, ces dernières années.
 
Et puis, et ce n’est ans doute pas à négliger, François Hollande, dont le succès politique se fait désirer en ce qui concerne la politique intérieure, cherche manifestement à afficher à son actif, et en prévision du jeu électoral de 2017 qu’il semble ne guère maîtriser, quelques résultats positifs sur la scène internationale.
 

François le Luc