Il n’était pas nécessaire d’être voyante extra-lucide pour le prévoir : l’inénarrable Pap N’diaye, ministre de l’Education nationale, ayant déplacé en mars ce que l’on nomme en jargon du métier les « épreuves de spécialité » du Bac, 80 % des notes comptant pour le bac étant désormais attribués, une proportion croissante de lycéens de terminale ont décidé de commencer leurs grandes vacances dès le mois d’avril, soit avant même les vacances « de printemps ».
Le Bac avant avril
Depuis la réforme, les notes pour le bac se répartissent ainsi : 48 % pour le « contrôle continu », 32 % pour les « épreuves de spécialité » et seulement 20 % pour l’épreuve de philosophie et le « grand oral ». Autrement dit, en gros, pour la plupart des candidats au bac, la messe est dite. Comme en plus les dossiers pour Parcoursup sont remplis et que les dernières notes qu’ils obtiendront ne seront pas scrutées pour leur admission dans l’Enseignement supérieur, une grande part des élèves sèche carrément les cours. Tel proviseur constate que « depuis l’an dernier l’absentéisme a crû de 15 % et l’on craint que ce soit pire après les vacances de printemps. Tel professeur constate que la moitié des élèves manque à son cours, surtout le matin. Et pas moyen de remédier à la chose par l’autorité : « La menace de mettre un mauvais avis sur leur livret scolaire en cas d’absentéisme ne les effraie pas du tout : ils ont leurs notes et savent très bien s’ils auront ou non le bac. »
Après mars, prends les vacances qu’il te plaît
Quant aux parents, ils s’en fichent. Ceux des cancres ont déjà démissionné, les autres sont contents que leurs enfants aient de bonnes notes. En désespoir de cause, les profs font miroiter aux candidats les plus motivés l’espoir d’une mention, le besoin de préparer le grand oral. Sans trop y croire : « Où est l’intérêt pour mes élèves, par exemple, d’apprendre la fonction logarithme décimal maintenant ? Ça ne leur servira jamais dans les métiers qu’ils ont choisis. » Et de déplorer les illusions du ministère : « Ceux qui ont mis en place ce calendrier sont un peu hors-sol. » Car les vacances dès avril pénalisent les lycéens qui veulent préparer leur entrer dans le supérieur : « La réforme du lycée était présentée comme une manière de reconquérir le mois de juin. Or, on a perdu tout le 3e trimestre. » Résultat, après « avoir passé 5 mois sans trop réfléchir, sans prendre de notes, sans se concentrer, ils auront des difficultés à se remettre au travail ».