Baltimore : pillages et destructions. Des protestations contre l’injustice à l’égard des Noirs, vraiment ?

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Une ville à feu et à sang : la ville américaine de Baltimore a été le théâtre, tout au long du week-end, de violents affrontements entre manifestants et policiers : souvent des Noirs exprimant ainsi leur « colère » après la mort d’un des leurs alors qu’il était en garde à vue vendredi. Les émeutes ethniques, ces dernières années, que ce soit dans les banlieues françaises ou britanniques ou les centres déshérités des villes américaines, suivent partout le même schéma. Une atteinte, réelle ou supposée, aux droits d’un « jeune » d’une « communauté » par les autorités déclenche une série de « protestations » contre l’injustice. Qui se traduisent en pillages et destructions gratuites.
 
Les images abondent de ces forces de l’ordre lourdement casqués et protégés qui tentent de contenir les foules d’hommes jeunes qui eux, ne craignent pas de porter atteinte aux « droits de l’homme » de quiconque. Dans les circonstances, l’exercice est délicat : le moindre « incident » devient vite une « bavure », créant les conditions optimales pour une escalade sans fin. A ce jour, quinze policiers ont été blessés, parmi lesquels deux ont dû être hospitalisés. Des milliers de policiers ont dû venir en renfort et les soldats de la garde nationale du Maryland ont participé au maintien de l’ordre – ces derniers, surtout pour « sécuriser » des zones où règne le calme.
 

A soixante kilomètres de Washington, Baltimore aux mains des émeutiers

 
A une soixantaine de kilomètres de la capitale fédérale des Etats-Unis, Baltimore est devenu le symbole de ce que peuvent devenir la haine et la révolte d’une population qu’on laisse sombrer dans la barbarie – qui n’a rien à voir avec la couleur de peau.
 
Après la déclaration de l’état d’urgence et l’instauration d’un couvre-feu par le maire de la ville, Stephanie Rawlings-Blake, le calme semblait devoir s’installer dans la nuit de lundi à mardi et le chef de la police de Baltimore, Anthony Batts, annonçait dès avant minuit que l’ordre était revenu dans la « grande majorité de la ville ».
 
Non sans d’importants dégâts : des voitures brûlées aux supermarchés pillés – avec des jeunes qui se servaient aussi bien d’alcools que de papier toilette ou de gâteaux salés… – la ville porte les marques du déferlement de haine et de cupidité de ces derniers jours.
 
Pourquoi ? Le décès du jeune Freddie Gray, mort des suites d’une fracture des vertèbres cervicales que les émeutiers attribuent à la police – l’enquête n’a rien dit pour le moment à ce sujet – justifie-t-elle l’émeute, la tentative de renversement de l’ordre établi ? Mais il ne s’agit même pas de cela. Si révolution il y a, elle est sans meneurs apparents, sans objectifs politiques, sans autres effets qu’une gigantesque partie de destructions gratuites où l’on peut au passage grappiller quelques biens de consommation.
 

Pillages et destructions pour « protester » en se servant au passage

 
D’aucuns noteront que la peur engendrée chez les honnêtes gens et la violence des jeunes sauvages sont bien commodes pour qui veut augmenter la pression de l’Etat policier. Ainsi, laisser s’installer les conditions de pauvreté et de déshérence dans des quartiers plus ou moins misérables où le trafiquant voisine avec le déraciné qui n’a que quelques dollars pour vivre créerait les conditions idéales pour une nouvelle forme de lutte des classes. La dialectique n’est jamais loin : le tout, c’est de savoir s’en servir.
 
Tout cela reste de l’ordre de la conjecture. Ce que l’on sait, c’est que la presse de gauche fait tout pour disculper les casseurs. Les jeunes de Baltimore qui pillent et qui détruisent ne font qu’exprimer une révolte née de siècles d’injustice, soutient ainsi CNN. Marc Lamont Hill, sans justifier les violences faites aux personnes, invite les téléspectateurs à comprendre que la « résistance prend des formes différentes selon les personnes » : « La ville ne brûle pas à cause des protestataires. Elle brûle parce que la police a tué Freddie Gray. » Le commentateur rappelle que « des Noirs meurent, des Noirs meurent dans les rues depuis des mois, des années, des décennies, des siècles. Je crois qu’il peut y avoir une résistance à l’oppression. » Et d’ajouter qu’on s’inquiète plus de la destruction des biens que de la « destruction de corps noirs ».
 
Derrière la grandiloquence, il y a tout des outils maniés par les fomenteurs de troubles de toujours. On crée les conditions de la guerre, de l’opposition frontale, de la lutte – elles n’ont pas besoin de correspondre aux faits.
 

Protestations contre les injustices faites aux Noirs ?

 
A qui profite le crime ? Certainement pas aux Noirs américains en tant que communauté que l’on disait si définitivement « intégrée » depuis l’arrivée d’Obama à la Maison Blanche. Ni à aucun Américain, finalement, sinon pour montrer que le « melting pot » ne gomme pas le ressentiment, surtout lorsque ce dernier est entretenu, voire créé par les médias…
 
On a beaucoup parlé ces derniers jours de Mme le maire de Baltimore dont certains médias ont dit qu’elle avait annoncé avoir « voulu donner de l’espace à ceux qui voulaient détruire ». Les propos tenus dimanche par Stephanie Rawlings-Blake n’étaient pas ceux-là, même si une ambiguïté de formulation pouvait le laisser croire. Elle indiquait avoir tout fait pour que les vrais protestataires puissent exercer leur droit de manifester en ayant un espace sûr et protégé pour cela : « C’est un acte d’équilibriste très délicat. Car tandis que nous essayions de les protéger des voitures et des autres choses qui se passaient, nous avons également donné de l’espace à ceux qui voulaient détruire. » Involontairement, donc, comme elle l’a répété le lendemain.
 

De l’« espace » pour les émeutiers ? Pas vraiment, mais les pilleurs de Baltimore jouissent d’une certaine impunité

 
Mais la presque totale impunité des émeutiers – on ne compte à ce jour que 27 arrestations – ne peut laisser les Américains paisibles indifférents…
 
Une question n’est guère posée : celle de l’identité de ces jeunes et de leur situation. Ces jeunes qui pillent, qui détruisent, qui hurlent leur haine de l’ordre établi. Qui sont-ils ? D’où sortent-ils ? Comment ont-ils été éduqués ?
 
Sous réserve de réponses mieux vérifiées, on peut au moins soulever ces points. Premièrement, le manque de pères, phénomène omniprésent dans nos pays dit « développés » : soit qu’ils aient disparu, ne s’inquiétant pas de leur progéniture, soit qu’ils aient été dévalués dans des sociétés qui ont tout fait pour démanteler leur autorité, usurpée par l’Etat-nounou. Deuxièmement, le manque de repères : logique quand le père fait défaut, aggravée par les assauts universels contre toute forme de loi naturelle et de contrainte structurante. Troisièmement, le décervelage. Des deux côtés de l’Atlantique, les jeunes subissent les mêmes pédagogies qui inhibent la parole, la pensée, la raison.
 
On veut croire les soumettre ainsi et les rendre dociles : on en fait des sauvages. Leur révolte contre l’école, contre l’autorité dit bien quelque chose. Elle accuse ceux qui sous prétexte de promouvoir leurs droits les transforment en esclaves de leurs désirs et de leurs impulsions.
 

Anne Dolhein