Barack Obama nomme Merrick Garland à la Cour suprême des Etats-Unis : “in cauda venenum” ?

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En décidant de nommer le juge Merrick Garland à la Cour suprême, Barack Obama s’engage dans un bras de fer politique inéluctable avec les républicains.

 
Barack Obama a nommé mercredi matin un candidat inattendu au siège de la Cour suprême des Etats-Unis laissé vacant par le décès du conservateur haut en couleurs, Antonin Scalia. En choisissant Merrick Garland, le président sortant affiche une volonté de consensus au moins en évitant la nomination d’un gauchiste radical qui aurait été davantage à son image. Cela met mal à l’aise certains sénateurs républicains alors que la majorité du parti au Sénat s’est engagée à ne pas même examiner la candidature présentée par Obama, et l’unité sur ce point est déjà en train de se fissurer. Il ne faudait pas en conclure que Garland est au-dessus des luttes partisanes : juriste avant tout, c’est ainsi que les grands médias le saluent aux Etats-Unis. Mais les grands médias sont de gauche…
 
Que Merrick Garland, 63 ans – ce n’est pas jeune pour un juge de la Cour suprême – ait à son actif une carrière judiciaire de haute volée ne fait pas de doute. Il est le plus haut magistrat de la cour d’appel du « circuit » de Washington D.C., l’un des plus prestigieux, où l’avait nommé Bill Clinton en 1995.
 

Merrick Garland, juriste proche de Bill Clinton et de la gauche

 
Auparavant, Garland avait été pendant trois ans principal vice-procureur général associé de l’administration Clinton aux côtés de Janet Reno. Sans avoir jamais eu à se prononcer sur l’un des thèmes clef qui se présentent actuellement devant la Cour suprême, l’avortement, il a travaillé au début de sa carrière comme clerc de l’ancien juge de la Cour suprême William Brennan, qui a été décrit par certains comme la « force motrice » derrière la rédaction de l’arrêt Roe v. Wade légalisant l’avortement et faisant de celui-ci un droit constitutionnel inaliénable.
 
Merrick Garland est aussi connu pour avoir favorisé les réglementations environnementales multipliées notamment sous Obama, et c’est sans doute l’une des clefs du choix du choix présidentiel. Il ne cache pas son hostilité au Deuxième amendement sur la possession et le port d’armes.
 

Provie et conservateurs inquiets devant le choix de Barack Obama

 
C’est dire que les groupes conservateurs américains sont inquiets à l’idée que  Garland puisse, avec la complicité de certains Républicains, faire son entrée à la Cour suprême aujourd’hui exactement divisée entre juges ouvertement « libéraux » – de gauche – et juges plus attachés à l’ordre naturel sur le plan politique et sociétal. Scalia, que le nouveau juge est appelé à remplacer, avait fait du respect des volontés des pères fondateurs de la Constitution américaine – peu suspects de vouloir d’une révolution des mœurs – le pivot de ses décisions. Avec l’arrivée d’un Garland, l’équilibre changerait profondément. Les groupes provie soulignent notamment que dans la mesure où c’est la Cour suprême qui fixe le droit relatif à l’avortement, l’enjeu est énorme. « Des millions de vies sont dans la balance à chaque nouvel arrêt de la Cour suprême sur l’avortement », a ainsi déclaré à LifeSiteNews Troy Newman, d’Operation Rescue.
 
Son inquiétude est partagée par de nombreuses associations : qu’espérer d’Obama, le président le plus pro-avortement et le plus hostile au mariage que les Etats-Unis aient jamais connu ? « Cette nomination fera pencher la Cour suprême vers la gauche radicale pour de longues années. Un glissement sismique d’une telle importance au sein de la plus haute cour de la nation doit être présentée au peuple », a déclaré Penny Nance, de Concerned Women for America.
 
C’est bien pour cela que les Républicains du Sénat se sont engagés à refuser de prendre en considération la candidature d’un juge nommé par Obama – ce ne serait pas la première fois dans l’histoire des Etats-Unis, loin s’en faut – arguant que les électeurs doivent avoir leur mot à dire à travers le choix du président en novembre. A lui reviendra alors de nommer le neuvième juge.
 

La Cour suprême des Etats-Unis sera-t-elle marquée du sceau d’Obama ?

 
Pour l’heure les membres du comité judiciaire du Sénat semblent vouloir tenir bon. Troy Newman les y encourage : « Les leaders républicains du Sénat ne peuvent s’offrir le luxe de revenir sur cette promesse importante faite à leur base conservatrice et provie, s’ils espèrent nous voir jamais revoter pour eux à l’avenir. »
 
Ce serait en tout cas prendre acte de la réalité de la vie politique aux Etats-Unis, comme dans bien d’autres pays de monde : on s’oriente de plus en plus vers le gouvernement des juges qui s’arrogent le droit de changer profondément les lois, et partant les mœurs en imposant la révolution de la culture de mort.
 
Mais on compte déjà une poignée de sénateurs républicains prêts à parler avec Garland. Là encore, le concours des Républicains pour faire triompher un projet d’Obama est loin d’être inédit… Vu que le président des Etats-Unis a besoin de l’avis et du consentement du Sénat pour toute nomination à la Cour suprême, c’est là que se joue aujourd’hui la bataille.
 
Comme le note Nathaniel Bruno d’Alliance Defending Freedom, la nomination d’un juge à la Cour suprême par un président sortant, dans l’incapacité constitutionnelle de se représenter et  dans la circonstance « particulière » actuelle où le Sénat est sous le contrôle de l’opposition serait totalement inédit. Et d’autant plus grave que la Cour suprême a déjà « à de multiples reprises au cours de ces dernières décennies privé le peuple américain et les Etats de faire leurs propres choix sur les questions culturelles majeures ».
 

Anne Dolhein