Bavière : pas de recours constitutionnel contre la loi fédérale d’Allemagne sur le « mariage » gay – l’Eglise ne s’ouvre-t-elle pas au « changement » ?

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La Bavière, au sud-ouest de l’Allemagne, a toujours été un Land particulièrement conservateur, avec une forte majorité catholique. Aussi l’adoption par le parlement fédéral d’une loi imposant la reconnaissance du « mariage » gay à l’ensemble de la fédération allemande en juin dernier a-t-elle poussé le gouvernement local à envisager un recours devant la Cour constitutionnelle. Le chancelier bavarois Marcel Huber vient de renoncer officiellement à la démarche, expliquant le 6 mars dernier à son cabinet que de nombreux pays ont déjà légalisé le « mariage » des couples de même sexe et que même des représentants de l’Eglise catholique « s’ouvrent prudemment au changement ».
 
Le gouvernement de Bavière, avant de déposer sa requête devant la Cour constitutionnelle fédérale, avait commandé deux avis juridiques distincts – moyennant 40.000 euros – sur la constitutionnalité du « mariage » gay. Les deux experts en sont arrivés à dire qu’à leur avis, il l’est bel et bien, comme le rapporte Maike Hickson pour LifeSiteNews.
 

La Bavière renonce à son recours constitutionnel contre le « mariage » gay

 
C’est pourquoi Marcel Huber du CSU a présenté à son équipe de gouvernement un rapport indiquant que les chances de succès du recours étaient « faibles » : il ajoute que le législateur fédéral n’a pas dépassé les limites de sa compétence. Huber reprend à son compte l’idée que changements sociétaux sont tels que l’hétérosexualité n’est plus un « marqueur structurel exclusif du mariage », ce qui se vérifie selon lui par le fait que d’autres Etats ont légalisé ces unions sans que des Cours constitutionnelles n’y trouvent à redire.
 
« En outre, le thème a, dit-on, perdu sa charge explosive. Même des représentants de l’Eglise catholique sont “dans un processus d’ouverture prudente au changement” », a-t-il déclaré.
 
Hélas… Le président et le vice-présent de la Conférence épiscopale allemande, le cardinal Reinhard Marx et Mgr Franz-Jozef Bode ont récemment, à des degrés divers et le premier de manière plus sibylline que le second, évoqué la possibilité ou en tout cas l’absence d’impossibilité de bénir des unions homosexuelles pour des raisons « pastorales ». Une commission a même été créée.
 
Mais comme le signale l’auteur et bloggeur catholique allemand Mathias von Gersdorff, même le cardinal Marx, qui fait partie de l’aile la plus progressiste de l’Eglise catholique, a vivement critiqué le « mariage pour tous » – et demandé, lui-même, qu’un recours constitutionnel soit mis en œuvre. Il accuse plutôt le CSU de « capituler » sur son identité chrétienne et de refuser de défendre ses valeurs.
 

La loi fédérale d’Allemagne justifiée par le « changement » de l’Eglise face aux unions homosexuelles

 
Reste que l’excuse présentée par le chancelier Huber demeure significative.
 
Le cardinal Walter Kasper, allemand lui aussi, vient, dans son opuscule Le message d’Amoris laetitia, une discussion fraternelle, récemment publié en italien et en allemand, d’affirmer que les partenaires au sein d’unions homosexuelles comme de remariages de divorcés, de mariages civils et d’unions de fait peuvent « d’une manière partielle et analogique réaliser certains éléments du mariage chrétien ». Et ce même si leurs unions ne « correspondent pas à la conception chrétienne du mariage ». Il cite à cet effet les paragraphes 250 et suivants et le paragraphe 291 d’Amoris laetitia.
 
Le cardinal Kasper compare le bien relatif que l’on peut selon lui trouver dans ces unions à ce que l’on trouver dans la relation entre l’Eglise catholique et les groupes chrétiens non catholiques, ces derniers possédant selon Vatican II « des éléments de sanctification et de vérité ».
 
« De même qu’en dehors de l’Eglise catholique il y a des éléments de l’Eglise véritable, de même dans les unions évoquées plus haut il peut y avoir la présence d’éléments du mariage chrétiens, bien qu’ils ne satisfont pas complètement, ou ne satisfont pas encore complètement, l’idéal. »
 
Alors pourquoi se donner du mal ?
 

Jeanne Smits