Tout ce que le Royaume-Uni compte de fidèles et de propagandistes de la voiture électrique, y compris la Chambre des Lords et la Baronne Parminter, tombe à bras raccourcis sur Rowan Atkinson, alias Mr Bean, le fameux comique britannique. Il a commis le sacrilège d’émettre une critique, fort douce d’ailleurs, dans un article qu’il a écrit en juin dernier dans le quotidien de gauche The Guardian. On lui reproche d’avoir « endommagé » l’opinion du public sur les véhicules électriques. Le totalitarisme vert parvient à son paroxysme : un homme public, soupçonné comme tel d’avoir une influence sur ses compatriotes, n’a plus le droit d’émettre une opinion contraire au dogme écologiste. Même les amuseurs publics ont désormais un devoir de réserve.
Mr Bean ingénieur électrique et comique éclectique
L’objet du litige est le suivant. Mr Bean, aujourd’hui âgé de 69 ans et souvent sollicité par les médias pour donner son avis sur tout et rien, se trouve posséder un diplôme d’ingénieur en électricité et systèmes de contrôle. Il estime que les véhicules électriques sont de « merveilleux mécanismes » mais « manquent un peu d’âme ». Et il s’explique : « De plus en plus je me sens un peu dupé… Je sens que notre lune de miel avec les voitures électriques touche à sa fin, et ce n’est pas une mauvaise chose. » On peut être d’accord ou non, mais on doit constater que le vocabulaire ni la pensée ne sont d’une violence insoutenable. Et pourtant le groupe de pression de la Green Alliance a déclaré : « Un des articles les plus destructeurs a été le commentaire écrit par Rowan Atkinson dans le Guardian. » Et le comité de la Chambre des Lords sur l’environnement et le changement de climat l’a accusé « d’endommager » ou « d’abîmer » l’opinion du public sur les véhicules électriques.
Tollé dans l’écologisme britannique : et le droit de critique ?
La polémique est vite montée. La Baronne Parminter, présidente du comité d’enquête sur les véhicules électriques, a jeté : « Le transport de surface est le plus gros émetteur de CO2 au Royaume Uni, avec plus de la moitié due au transport de passagers. » Et Simon Evans, d’un site spécialisé dans le carbone : « La plus grosse faute de M. Atkinson est qu’il ne reconnaît pas que les véhicules électriques sont déjà meilleurs pour l’environnement que les voitures à moteur à combustion. » La chose vaudrait d’être débattue et calculée, mais ce n’est pas la question : la question est qu’on condamne Mr Bean pour une opinion différente, comme si le débat était définitivement et indubitablement tranché. Cette position a choqué certains britanniques, en particulier le membre du comité des transports de la Chambre des Communes Greg Smith. Il a dit : « C’est d’une hypocrisie totale de la part de gens qui ne conduisent pas de voiture électrique d’avoir le front de dire aux autres de dépenser des tonnes d’argent pour en acheter une. Les gens devraient être libres de choisir la voiture qu’ils achètent et conduisent. Les questions de fiabilité existent sur les voitures électriques et on ne peut pas les balayer sous le tapis. » Sans doute le gouvernement conservateur britannique s’est-il soumis l’objectif écologiste du net zéro carbone, mais interdire la libre critique d’un Mr Bean devrait provoquer un tollé chez tous les démocrates.