Fabienne Kabou est une Sénégalaise de trente-six ans, calme, très intelligente, cultivée, d’ailleurs étudiante en philosophie, intégrée dans la société française : elle n’en a pas moins donné à l’Océan sa fillette de quinze mois. Afin de la « préserver de ce qu’aurait été sa vie », a-t-elle prétendu. Parce que le père n’était jamais là, disent les uns. Pour se suicider par procuration, disent les autres. Et pourquoi pas dans un geste magique propre à la région d’où elle vient, pour offrir sa petite en présent à Mami Wata, la déesse-mère des eaux, dans l’espoir de restaurer sa propre vie qui allait à vau-l’eau ? Les anciens Romains exposaient aux dieux leurs enfants inviables. Derrière la rupture culturelle se cache peut-être une réalité cultuelle.