Xavier Bertrand et les questions de cumul des mandats

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Xavier Bertrand.

 
En politique, tout nouvel arrivé semble atteint par le besoin d’affirmer qu’avec lui les électeurs verront ce qu’ils verront, et notamment en ce qui concerne l’honnêteté. Xavier Bertrand ne fait pas exception. On se souvient des martiales paroles par lesquelles le nouveau président de la région Nord-Pas-de-Calais, rebaptisée depuis « Hauts-de-France », avait annoncé sa volonté radicalement nouvelle de faire de la politique. A commencé par les questions de cumul, si délicates depuis quelques années. Avec une difficulté manifeste en ce qui concerne la question pécuniaire
 
Elu face à Marine Le Pen, le Républicains Xavier Bertrand n’a cessé d’affirmer qu’il ferait de la politique « d’une autre façon ». Il avait ainsi immédiatement démissionné de son siège de député de l’Aisne et de son poste de maire de Saint-Quentin.
 

Les questions de cumul des mandats. Et d’argent…

 
Bien. Voilà pour le respect de la règle du non-cumul des mandats. Mais on apprend que, six semaines plus tard, très exactement le 26 janvier, il se faisait voter une indemnité de 4.000 euros brut par mois (soit 2.400 nets) au titre de sa présidence de l’agglomération de Saint-Quentin, poste que jusqu’ici il conserve.
 
Autrement dit, il reprend d’une main ce qu’il abandonne de l’autre. Certes, cette indemnité, que jusqu’ici il ne pouvait toucher parce qu’il était déjà au maximum légal avec ses indemnités de parlementaire et de maire, était jusqu’alors partagée entre ses vice-présidents, et donc le coût ne sera pas plus grand pour la collectivité.
 
Xavier Bertrand s’est empressé de produire un tableau comparatif, afin de prouver que ce que lui verse désormais l’agglomération de Saint-Quentin ne comblera pas totalement ce qu’il a perdu. Jusqu’ici, il gagnait, explique-t-il donc tableau à l’appui, 7.238,19 euros nets, soit le total de ses indemnités de député (5.115 euros) et de maire (2.123,19 euros). Désormais, il ne touche plus que 6.725,18 euros, c’est-à-dire le cumul de ses indemnités de président de région (4.352,09 euros) et de président d’agglomération (2.373,09 euros).
 
Tout cela est bel et bon, mais ne correspond que de loin au « changement radical des méthodes, des politiques et des comportements » annoncé. Même s’il souligne que c’est librement qu’il a quitté son fauteuil de député, ce qu’il n’était pas contraint de faire.
 

La colère de Xavier Bertrand

 
Aussi a-t-il poussé un coup de gueule vendredi : « Moi je me suis augmenté de 4.000 euros ? Et puis quoi encore ? (…) Je ne me plains pas, je ne regrette rien. Mais j’ai un peu de mal à accepter qu’on dise que j’ai augmenté en douce mon salaire », a-t-il lancé sur Europe 1.
 
Pour lui, cette information a été instrumentalisée par le Front national contre lequel il a remporté la région. « Parce ce que je fais de la politique, je n’ai pas le droit d’être sincère, je suis forcément quelqu’un qui cherche à améliorer sa situation. Mon Dieu, si je voulais faire du pognon, je ferais autre chose que de la politique », s’emporte-t-il.
 
Certes, on peut toujours trouver quelqu’un qui fera « plus » en ce domaine. On peut toujours trouver des gens qui trouveront davantage d’argent à gagner.
 
Cela dit, et même si la question pécuniaire n’est pas première dans la gestion des cumuls, on peut supposer que l’interdiction de ce cumul des mandats, qui deviendra définitive et obligatoire l’année prochaine à l’issue des élections législatives, devrait permettre d’ici là un certain nombre d’opérations semblables.
 
Qu’on ne s’étonne pas, ensuite, de voir l’abstention progresser lors des scrutins divers si nos élus ne peuvent s’empêcher de transformer leurs mandats en rente…
 

François le Luc

 
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