Hélène Kafka, de son nom de baptême, naquit le 1er mai 1894, à Husovice, près de Brno (en République Tchèque actuelle). Sixième enfant d’un cordonnier, elle grandit à Vienne, où sa famille avait déménagé dans sa petite enfance. En 1913, elle devint infirmière ; elle rencontra à cette occasion des sœurs franciscaines et entra dans leur congrégation l’année suivante, prenant le nom de sœur Marie Restitute. Religieuse, elle continua de travailler comme infirmière.
En 1919, elle fut transférée dans un hôpital à Mödling, au sud de Vienne ; elle y occupa bientôt le poste d’infirmier en chef en chirurgie. En 1938, lors de l’Anschluss, elle s’opposa publiquement à Hitler et dénonça le régime nazi, en déclarant qu’« une Viennoise ne peut pas se taire ». Peu de temps après, une nouvelle aile fut construite dans son hôpital : elle installa des crucifix dans chaque pièce et refusa de les retirer, malgré les protestations des nazis. Les autorités exigèrent alors son renvoi, qui fut refusé par sa communauté.
Le 18 février 1942, mercredi des Cendres, Marie Restitute fut arrêtée par la Gestapo, accusée de l’affaire des crucifix, ainsi que d’avoir propagé des écrits satiriques contre Hitler. Condamnée à mort pour haute trahison le 29 octobre de la même année, sa libération lui fut proposée si elle quittait le couvent, ce qu’elle refusa. Un recours en grâce déposé par l’archevêque de Vienne fut refusé par Martin Bormann ; elle fut décapitée dans la prison de Vienne le 30 mars 1943 ; ses derniers mots furent : « J’ai vécu pour le Christ ; je veux mourir pour le Christ. »
Sœur Marie Restitute Kafka fut béatifiée par Jean-Paul II le 21 juin 1998 : « En observant la bienheureuse sœur Restitute, nous pouvons constater à quel point la main divine peut conduire une personne vers une maturité intérieure. Elle a risqué sa vie pour témoigner de la Croix. Et elle a gardé la Croix dans son cœur, en témoignant une fois de plus avant d’être conduite à l’exécution, lorsqu’elle a demandé à l’aumônier de la prison de “faire le signe de la Croix sur mon front”. Bien des choses peuvent nous être enlevées, à nous chrétiens. Mais nous ne laisserons pas la Croix, signe de salut, nous être enlevée. Nous ne la laisserons pas disparaître de la vie publique ! Nous écouterons la voix de notre conscience, qui nous dit : “Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes” (Ac V, 29). »