Mondialisme : Bill Gates qualifie le capitalisme d’« inepte » et plaide pour la gouvernance globale pour le climat

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Bill et Melinda Gates dans la réserve naturelle Kichwa Tembo au Kenya, 1993.

 
Quand on affiche le plus gros patrimoine personnel au monde, à près de 80 milliards de dollars, on peut se permettre des coquetteries. Bill Gates, fondateur de Microsoft, vient de qualifier la liberté du marché d’« ineptie » et de réclamer l’institution d’une taxe carbone mondiale ainsi que des investissements publics massifs pour la recherche et le développement dans une stratégie de la carotte et du bâton à la charge des Etats, ou plutôt de « l’Etat » puisqu’il faut une solution globale à la « crise globale » du climat. En pratique, il s’agit d’un appel à la gouvernance globale que les partisans du mondialisme ont salué comme il se doit.
 
Coquetterie, au regard des 80 milliards d’actifs que possède Bill Gates ; coquetterie, quand on pense à la manière dont Microsoft a pesé de façon quasi monopolistique sur le marché des systèmes d’exploitation et des logiciels de bureau longtemps imposés lors de la vente d’ordinateurs personnels. Chesterton n’approuvait le capitalisme qu’à condition qu’il y eût beaucoup de capitalistes. Bill Gates, lui, n’approuve que le très grand capital. Le sien, entre autres…
 
Mais de la part d’un homme d’un tel poids économique, l’expression de telles idées est une coquetterie efficace, une lubie de poids portée par l’exploitation de la « grande peur » des adeptes du réchauffement climatique. L’entretien de Bill Gates dans le numéro de novembre de The Atlantic tombe évidemment à point nommé pour la réunion du COP21 qui ouvrira ses portes à la fin du mois à Paris.
 

Bill Gates, grand profiteur du libre-échangisme, qualifie le capitalisme d’« inepte »

 
Sous le titre « Il nous faut un miracle énergétique » la revue annonce que Bill Gates a voué sa propre fortune à la marche vers un avenir sans « carburants fossiles » et la lutte contre le « changement climatique ». On sait qu’il est déjà engagé depuis longtemps, avec sa femme Melinda au sein de leur Fondation commune, pour la diffusion de la contraception dans les pays pauvres. La logique est la même que celle d’une phrase attribuée au Club de Rome et aujourd’hui volontiers reprise par des environnementalistes : « La terre a un cancer et le cancer, c’est l’homme. »
 
Sans surprise, la presse américaine de gauche a été ravie par l’entretien « anticapitaliste » du supercapitaliste Bill Gates ; le site d’inspiration marxiste Mother Jones parle d’un « entretien génial » propre à faire comprendre qu’il faut contraindre les sociétés capitalistes à la vertu écologique par une taxe globale sur le carbone, puisque le « marché libre » n’arrive pas à s’imposer une meilleure conduite.
 

Recherche et développement sur l’énergie et le climat : aux gouvernements d’investir, dit Bill Gates

 
Bill Gates lui-même investira 2 milliards de dollars de sa propre fortune pour l’énergie « verte », annonce-t-il dans son entretien – en même temps que ses revenus dépendent du marché de l’informatique, et des millions d’ordinateurs, tablettes et autres Smartphones qui sillonnent les océans depuis l’Asie pour rejoindre les consommateurs. Le fret maritime est bien plus polluant que la voiture, mais cela n’a jamais arrêté les politiques qui ont fait de la Chine « l’atelier du monde ».
 
Pour Gates, c’est aux gouvernements de multiplier les dépenses de recherche et de développement : il cite même la « très bonne » efficacité de l’argent dépensé dans ce secteur par l’administration des Etats-Unis. Hélas pour lui, The New American rappelle les résultats d’une grande enquête gouvernementale qui concluait en 2007 : « Les forts retours sur investissements ne se constatent que pour les R & D privés. » Et encore : « Les retours sur de nombreuses formes d’investissement public en recherche et développement sont voisins de zéro. »
 

Mondialisme et gouvernance globale au nom du climat

 
Sur le gouvernement mondial, Gates est plus discret. Mais on devine ses préférences dans sa réponse sur le « défi global de l’énergie » : « Les gens peuvent toujours dire : “Eh bien, mon pays ne représente qu’une petite partie de tout cela – pourquoi devrais-je faire le sacrifice ? Car je ne sais de manière certaine si d’autres pays vont y prendre leur part.” Nous n’avons pas de gouvernement mondial. Heureusement, nous n’avons pas tant de problèmes mondiaux que cela – la plupart des problèmes peuvent se régler localement – mais il y a un problème mondial. Le carbone n’est pas un polluant local. Il se mêle à l’atmosphère globale en l’espace de quelques jours. Alors ce n’est pas très important de savoir si on parle d’une usine à charbon en Chine ou d’une usine à charbon aux Etats-Unis – l’effet de réchauffement est le même pour la totalité du globe. »
 

Anne Dolhein