Ce ne sont pas des hurluberlus, du moins du point de vue de leurs pairs : deux bioéthiciens de premier plan ont proposé dans le Journal of Medical Ethics que l’euthanasie des malades mentaux incurable soit autorisée. Udo Schuklenk, de Queens University au Canada, et Suzanne van de Vathorst, de l’université d’Amsterdam, ont abordé la question sous un angle très à la mode, affirmant qu’il est « discriminatoire » de permettre l’euthanasie ou le suicide assisté pour les malades en phase terminale tout en la refusant aux personnes qui souffrent d’affections mentales incurables.
Le Pr Schuklenk est le co-rédacteur en chef de la revue Biothetics, c’est dire qu’il a l’oreille et la considération de ses semblables…
Tout est question de qualité de vie ». Pour les deux auteurs, il n’y a pas de différence fondamentale entre ceux qui souffrent de maladies physiques et les patients frappés de dépressions qui « résistent aux traitements ».
Schuklenk et van de Vathorst, deux bioéthiciens connus et reconnus des revues scientifiques
« ;Ceux qui soutiennent l’idée d’honorer les demandes d’aide à mourir faites par des adultes capables de prendre leurs propres décisions (ainsi, éventuellement, que les mineurs ayant suffisamment de maturité) pour des affections irréversibles faisant de manière permanente que leur vie ne vaille plus d’être vécue à leurs yeux, ont de bonnes raisons de soutenir la possibilité de l’aide à mourir pour les personnes capables de prendre leurs propres décisions mais souffrant d’une dépression résistant aux traitements ou une autre maladie psychiatrique », écrivent Schuklenk et van de Vathorst. L’aide à mourir pouvant prendre la forme de l’euthanasie ou d’une « mort assistée » qui aboutit au même résultat.
Et de souligner les souffrances « immenses » de ceux qui sont atteints par ces maladies incurables : un psychiatre américain souffrant de désordre bipolaire a pu dire ainsi que la « dépression suicidaire s’accompagne d’une douleur et d’une désespérance qui sont impossibles à décrire ».
Euthanasie, aide à mourir pour les malades mentaux ?
« Nous recommandons que les autorités législatives qui envisagent la dépénalisation de l’aide à mourir ne limitent pas l’accès à ces services aux seuls patients souffrant d’une maladie terminale, quelle que soit sa définition », écrivent-ils.
La question mérite certes d’être posée, et elle devrait interpeller les partisans de l’euthanasie qui prétendent réserver cette forme d’homicide à des cas très limités : à partir du moment où la souffrance et le sentiment de désespérance subjectif sont des éléments justificateurs, où la « qualité de la vie » est en dernière analyse le critère de ce qui est en passe d’être perçu comme un insupportable devoir de rester en vie, il n’y a aucune raison de ne pas bouger les curseurs.
Mais il n’aura pas échappé aux chrétiens que cette insistance pour mettre à mort des personnes aux tréfonds de la désespérance est une manière de nier la possible guérison de l’âme, et de les pousser vers le rejet définitif de la foi et de l’espérance au lieu de les aider à trouver la miséricorde qui attend chacun de nous.