Après des mois de tension croissante, le missile qui a abattu un Boeing civil au dessus de l’Ukraine peut constituer un casus belli qui mènerait à une vraie guerre, peut-être générale. Mais qui la veut ? Bien sûr, de part et d’autre, la guerre de la communication fait rage. Le terme bobard de guerre a été inventé voilà cent ans.
Tout est possible. Selon les services ukrainiens, les séparatistes pro-russes se seraient vantés d’avoir abattu un transport militaire An-26 dans la zone et à l’heure du crash. Dans cette hypothèse, le Boeing aurait été abattu par erreur, et il n’y aurait pas casus belli, juste une terrible maladresse. Le ministre ukrainien de l’intérieur Anton Guerachtchenko, a prétendu que l’avion aurait été abattu par un missile Bouk offert par Vladimir Poutine. L’accusation est claire mais ne repose sur aucune preuve et, de l’aveu du porte-parole militaire ukrainien Lyssenko, le missile Bouk est utilisée contre des aéronefs volant à petite et moyenne altitude, ce qui n’était pas le cas du Boeing.
Qui veut la guerre en Ukraine ?
L’hypothèse de la maladresse séparatiste n’est donc pas si solide que cela, d’autant qu’ils ont aussitôt ouvert la zone aux investigations internationales.
Alors, trois Etats peuvent techniquement avoir abattu le Boeing.
La Russie. Mais elle n’y a nul intérêt, et cela serait contraire à la stratégie qu’elle suit depuis le début.
Les Etats Unis ? Ils ont un mobile, le rapprochement de plus en plus étroit entre la Russie, la Chine et l’Inde, la guerre financière et monétaire qu’elle a déclaré au dollar par l’intermédiaire des BRICS en réponse aux sanctions occidentales. Menacés de perdre leur hégémonie économique, les USA choisiraient l’intimidation militaire maximale pour la sauver. Elle en a les moyens, mais le risque de guerre régionale et même mondiale est énorme.
Même si les peuples d’Europe, mal mis en garde par leurs gouvernements et leurs médias, ne s’en rendent pas compte.
Comme Staline naguère, l’Occident cache en effet la réalité par des mots apaisants. La rébellion, puis la révolution sanglante de Kiev était appelée opposition. L’offensive militaire ukrainienne contre le Donbass : opération anti-terroriste. Et Barak Obama nomme terrible tragédie l’acte de guerre du Boeing abattu. L’opinion s’aperçoit très tard que la guerre a déjà commencé, et qu’elle tue des civils innocents.
Boeing abattu : où était le missile ?
Reste un troisième coupable possible, l’actuel gouvernement de Kiev. Cela cadrerait avec sa stratégie de tension continument accentuée. Le motif de revanche contre Moscou constitue un motif, et complaire aux Etats-Unis un autre. Le président de la Douma a beau jeu de relever qu’il est criminel d’autoriser le survol d’une zone par l’aviation civile quand on y fait la guerre.
Cela dit, aucun missile n’a peut-être été tiré : les services spéciaux d’un grand pays sont capables de l’embarquer avant le départ de l’avion et de le faire exploser au moment voulu.
Les relations internationales ressemblent aujourd’hui, comme en 14, à une partie de poker menteur, pendant que les peuples vaquent tranquillement à leurs vacances.