Clochemerle à l’heure mondialiste : le boulanger de Bourg-Lastic fait condamner Facebook en justice

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Une fausse page Facebook au nom de Philippe Seramy, boulanger à Bourg-Lastic en Auvergne, lui prêtait des locaux insalubres et faisait rire la clientèle. La justice a condamné le réseau social qui tardait à la supprimer. Un Clochemerle mondialiste à la conclusion ambiguë.
Dans l’imaginaire français, le boulanger tient une place éminente. Bien avant le chef de gare. La boulangère a des écus qui ne lui coûtent guère et une chatte qui court la nuit. A Bourg-Lastic, Puy-de-Dôme, cependant, on est plus proche de Gabriel Chevallier que de Marcel Pagnol, et ce qui est arrivé au boulanger n’est pas une tragédie sauce provençale, mais plutôt une comédie à la Clochemerle remastérisée façon Facebook. Et pour l’instant c’est le pot de terre qui semble gagner son bras de fer contre le pot de fer.
 

Bourg-Lastic à l’heure Facebook, c’est Clochemerle mondialiste

 
L’histoire a débuté par un simple canular. Un loustic de Bourg-Lastic monte une fausse page Facebook pour se payer le boulanger Philippe Seramy, cinquante trois ans aux châtaignes, où il étale des photos grunge de ce qui est présenté comme sa boulangerie, avec de petits commentaires idoines. Cela se passe au mois de mai. Des copains du boulanger lui signalent la chose. Il la prend très au sérieux, craint que cela ne fasse fuir la clientèle, demande à Facebook de supprimer la page en question. Facebook se fait tirer l’oreille, invoquant la liberté d’expression, machin, tout ça : Clochemerle, qu’il se limite à la province française ou qu’il se mette à l’heure mondialiste, aime on le sait agiter de grands principes. Finalement le boulanger poursuit Facebook à son siège européen, à Dublin, en Irlande. Il devient teigneux. Une fois la page incriminée fermée, en décembre 17, il assigne Facebook en référé devant le tribunal de Clermont Ferrand, et gagne : le géant américain doit lui verser 2 000 euros pour dommages et intérêts et 2 500 pour les frais de justice.
 

La justice a condamné Facebook, donnant raison au boulanger

 
Et ce n’est pas tout. Le boulanger a obtenu que Facebook lui fournisse sous 72 heures « toutes les données de nature à identifier l’auteur de la page », avec une astreinte pour l’entreprise de 500 euros par jour de retard. On pense que Facebook va faire appel. Un autre grand principe se trouve ici en jeu : transmettre des données, c’est briser la confidentialité des usagers.
 
Ici venue je ne sais que penser. Le boulanger contre Facebook, cela semblait une jolie fable, le pain vainqueur du virtuel, la Gaule éternelle victorieuse de l’Amérique mondialiste, Bourg-Lastic, à mi-chemin d’Egletons et Clermont-Ferrand, n’est distante de Gergovie que de quelques lieues.
 

Facebook et le boulanger : une fable mondialiste sans morale

 
Hélas, tout le monde est nul dans cette histoire : la blague, pas drôle, le boulanger, chicanier, et Facebook. Facebook, arme de délation massive par destination, autoroute de Balance ton porc, collaborateur de Google et des grands médias dans l’entreprise de censure lancée par l’élite mondialiste sous couleur de chasse aux fake news et contenus inappropriés – Facebook nous prend tout à coup des airs de vierge effarouchée quand on lui demande les coordonnées d’un mauvais plaisant. Le Clochemerle mondialiste est encore plus désagréable que le Clochemerle de la troisième république. Détail qui tue : le boulanger vient d’ouvrir une page Facebook.
 

Pauline Mille