Pour les opposants au Brexit, la décision des Britanniques de sortir de l’Union européenne est la cause du désordre actuel des marchés financiers et de la chute de la livre sterling. Les mêmes européistes qui prédisaient il y a quelques décennies le plein emploi et la prospérité grâce à l’UE, s’étaient vus démentis par les faits. Leur tactique face au Brexit était inverse : ils n’ont cessé d’annoncer l’apocalypse. Mais comme il est plus facile de semer la panique que de rétablir la croissance et de mettre fin au chômage, voilà leurs prophéties qui semblent se réaliser.
Car les marchés répondent aux tactiques qui brandissent la peur. En d’autres termes, il suffit d’agiter le spectre de la mauvaise augure pour que des investisseurs deviennent frileux et que les marchés s’en ressentent et pour que, par sa propre dynamique, la prophétie annoncée se réalise !
En réalité, le Royaume-Uni n’a pas de raison particulière de s’inquiéter. Il constitue à lui seul le deuxième plus gros contributeur financier de l’UE. En quittant celle-ci, il elle n’a guère de raison de s’attendre à une crise financière.
Ceux qui annonçaient le pire en cas de Brexit n’étaient pas crédibles
Comme les autres pays d’Europe, le Royaume-Uni a signé le traité de Maastricht en 1993 : c’est alors que la CEE a fait sa mue pour devenir l’« Union européenne » à part entière. C’est à partir de cette date que les pays d’Europe ne se sont plus contentés d’échanger leurs biens sans barrières tarifaires : ils renonçaient, peu ou prou, à leur souveraineté.
C’est cet abandon que David Cameron a finalement cherché à maintenir par son opposition au Brexit. Désespérément, il appelé ses concitoyens à rester dans l’UE, citant l’économie, la sécurité et la transmission (« c’est pour nos enfants ») – en pure perte.
Le Britannique Edward Chancellor, rédacteur pour Reuters, écrivait le 16 juin que des légions d’économistes et responsables politiques du monde mettaient en garde les marchés financiers, annonçant la catastrophe en cas de Brexit – mais qu’il leur manquait la crédibilité. Aucun de ces économistes n’avait anticipé la crise financière mondiale en 2008…
Les marchés financiers chutent après le Brexit, mais sont-ils la cause de la chute ?
Le Royaume-Uni n’a jamais voulu de l’euro : le reste de volonté d’indépendance qui a fait que les Britanniques ont gardé leur monnaie les a poussés à retrouver leur souveraineté. « Ce qu’il y a d’unique avec le Royaume-Uni, c’est qu’il n’a jamais abandonné sa monnaie… La résistance à la soumission demandée aux multiples réglementations de l’UE ainsi qu’à l’assujettissement à la Cour européenne de justice a poussé les Britanniques à préférer quitter l’UE et faire cavalier seul », écrit-il.
Chancellor fait remarquer que ceux qui annonçaient une crise des marchés financiers à la suite d’un Brexit sont les mêmes que ceux qui avaient recommandé à la Grande-Bretagne d’abandonner sa livre pour l’euro. Habitués à se tromper, en somme.
« En fait, le plus grand risque économique posé par le Brexit, écrit-il, vient du désir de vengeance de nos “partenaires” européens. Etant donné que la Grande-Bretagne a un grand déficit commercial avec l’Europe, une guerre commerciale serait irrationnelle… » Et il a sans doute raison lorsqu’il dit que les économies développées ont déjà encaissé des chocs bien plus grands que celui induit par la libération du Royaume-Uni de ses chaînes européennes.