Un Brexit dur se soldera par un gain de 730 milliards d’euros pour le Royaume-Uni et une perte de 570 milliards pour l’UE, selon une étude

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L’absence d’accord entre l’Union européenne (UE) et la Grande-Bretagne – le scénario du Brexit dur – serait tout bénéfice pour les Britanniques selon une étude du groupe pro-Brexit Economists for Free Trade (Economistes pour le libre-échange) réalisée sous la direction de Patrick Minford, professeur d’économie à l’Université de Cardiff. Selon le professeur Minford, « Pour le Royaume-Uni, un échec [des négociations] serait un problème à court terme mais permettrait un gain économique substantiel ; pour l’UE, cela représenterait à la fois un problème à court terme et une perte économique substantielle ».
 

L’étude de Patrick Minford promet un gain substantiel au Royaume-Uni en cas de Brexit dur

 
Voici comment se décompose le calcul prévisionnel de l’équipe menée par Patrick Minford :
 
• Perte enregistrée par l’UE :
 
– 433 milliards de livres de droits de douane payés par l’UE au Royaume-Uni,
 
– 28 milliards de livres de contribution britannique au budget européen pendant la période de transition,
 
– 10 milliards de livres de contribution britannique pour les engagements à long terme de l’UE,
 
– 36 milliards livres correspondant au manque à gagner en rapport avec la valeur de deux ans de surplus commercial de l’UE avec le Royaume-Uni.
 
Soit une perte totale de 507 milliards de livres (570 milliards d’euros).
 
• Gains enregistrés par le Royaume-Uni :
 
– 38 milliards de livres d’économies en termes de contributions non versées au budget de l’UE,
 
– 180 milliards de livres de revenus supplémentaires grâce à la libéralisation des échanges avec le reste du monde, à la mise en place de régulations britanniques spécifiques et à la maîtrise de ses propres frontières,
 
– 433 milliards de livres de droits de douane versés par l’UE.
 
Soit des économies et des recettes d’une valeur totales de 651 milliards de livres (730 milliards d’euros).
 
Si Patrick Minford ne voit le paiement des droits de douane que dans un sens, c’est parce qu’il est persuadé que les exportations britanniques se réorienteront tout naturellement vers les marchés anglophones mondiaux, une tendance que l’on observe déjà alors que le Royaume-Uni est encore dans l’UE.
 

La perte pour l’UE du fait de la sortie du Royaume-Uni s’annonce colossale

 
C’est un pari osé, mais l’idée qu’un Brexit dur, avec un commerce qui se ferait aux conditions de l’OMC dès la sortie du Royaume-Uni en 2019, puisse être à l’avantage du Royaume-Uni est partagée par les « eurosceptiques » du Parti conservateur, comme l’ancien leader du parti Iain Duncan Smith et le conservateur pro-Brexit Jacob Rees-Mogg. Selon Rees-Mogg, « le professeur Minford démontre le risque que prendrait l’UE à ne pas nous donner un accord, un rappel de notre force de négociation qui arrive à point nommé ».
 
Le Parlement de Westminster va de toute façon devoir débattre de l’option d’une sortie de l’UE sans accord car une pétition en faveur d’une telle solution a déjà recueilli 132.000 signatures de citoyens, informe le Sunday Express, soit 32.000 de plus qu’il n’en faut pour obliger les députés à se saisir d’une question.
 
Le Chancelier de l’Echiquier (ministre des Finances) Philip Hammond a par ailleurs signalé que la Grande-Bretagne n’accepterait pas un accord qui ne couvrirait pas les services, ceux-ci comptant pour plus de 80 % dans l’économie britannique. Michel Barnier, le négociateur de l’UE, a en revanche déclaré que les services financiers n’avaient pas leur place dans un futur accord. Mais certains Etats membres comme l’Irlande, les Pays-Bas, l’Italie, l’Espagne, la Hongrie et la Pologne veulent un accord de libre-échange complet avec leur partenaire britannique.
 

Le Brexit dur a la faveur d’un nombre croissant de Britanniques : le Parlement saisi ?

 
A Bruxelles, on semble toutefois plus préoccupé de dissuader les prochains candidats potentiels à une sortie de l’UE, quitte à se tirer une balle dans le pied.
 
Selon une source gouvernementale du Sunday Express, le partisan du Brexit David Davis, ministre chargé de la sortie de l’Union européenne, considère que le Premier ministre Theresa May préférera un Brexit sans accord à un Brexit avec un mauvais accord. Selon la source du journal, « David Davis est très confiant. Il pense que l’absence d’accord fait courir un risque bien plus grand à l’UE qu’un accord. Si la Grande-Bretagne s’en va et prospère, alors l’UE aura un vrai problème ».
 

Olivier Bault