C’est la dernière menace en date contre les partisans du Brexit : le chancelier de l’Echiquier George Osborne a promis qu’en cas de résultat favorable à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, il faudrait mettre en place une levée d’impôts d’urgence pour compenser les difficultés qui en naîtront. Le vote « Leave », a-t-il annoncé, laissera un « trou » de 30 milliards de livres, qu’il faudra immédiatement compenser par une remontée de l’impôt sur le revenu et des coupes sombres dans les dépenses publiques. Peu impressionnés, 65 membres conservateurs du Parlement ont décidé d’entrer en révolte, annonçant d’ores et déjà qu’ils ne voteront rien de tel. Cette fronde met à mal l’autorité de George Osborne et à travers lui celle du Premier ministre David Cameron, laissant planer le doute sur la manière dont le gouvernement pourra fonctionner en cas de faute pour le Brexit. Les 65 élus parlent carrément de « budget punitif ». Six anciens ministres participent à la fronde.
Le communiqué conjoint des 65 élus affirme qu’il est « incroyable » de voir le chancelier de l’Echiquier proposer un texte totalement opposé aux engagements du Manifeste électoral des conservateurs de ne pas augmenter les impôts.
Le « budget punitif » de George Osborne fait ricaner des conservateurs
« Si le chancelier parle sérieusement, alors nous ne pouvons d’aucune façon permettre que cela se fasse. Cela ne correspondrait à aucune nécessité, ce serait négatif, ce serait renier de la plate-forme sur laquelle nous étions tous d’accord. S’il devait mettre en œuvre ce projet, sa position deviendrait intenable », affirme le communiqué.
Crispin Blunt, président d’une commission sur les affaires étrangères au Parlement, assure qu’il n’existe « aucun soutien pour ces fadaises – et ce sont des fadaises ! ». Pour Bernard Jenkin, Cameron et Osborne « sont en train de créer une crise là où il n’y en a pas. Leur campagne a été immensément irresponsable ».
Le Brexit les rend fous : la révolte des conservateurs qui refusent de croire à l’Apocalypse
Même au sein de la campagne « Remain » (« Rester ») il y a du rififi, le ministre de l’intérieur, Theresa May ayant pris sur elle de déclarer à la BBC que le Royaume-Uni doit demander de nouvelles réformes au sein de l’Union européenne pour augmenter sa liberté de manœuvre. George Osborne a indiqué que l’UE ne donne aucun signe de vouloir aller dans cette direction mais ose soutenir que les difficultés autour des migrants pourraient être « contrôlées » en restreignant les allocations sociales. C’est ce qui reste à prouver, vu le poids croissant de Bruxelles sur la politique de l’asile et de l’immigration.
Si le Brexit l’emporte jeudi prochain, la question de l’avenir politique de David Cameron se posera également. Les meneurs de la campagne pour le Brexit ont déjà indiqué qu’il pourrait rester à son poste de Premier ministre et se charger des négociations de sortie. Mais au moins une source dans cette mouvance a déclaré au Guardian que l’intensité de la campagne avait été telle que « Cameron pourrait bien tomber avant l’heure du déjeuner ».
Le désir de George Osborne de lui prendre sa place ne fait pas de mystère. Son « budget punitif » risque cependant de rendre l’affaire difficile.