Le gouvernement chinois, c’est-à-dire le Parti communiste chinois, a offert à la ville de Belém au Brésil, à l’occasion de la COP30 qui y a pris fin samedi, une statue en bronze on ne peut plus expressive qui trône désormais dans le centre-ville. Elle représente un curieux mélange où figurent principalement un dragon et un jaguar… mais pas seulement, comme nous allons le voir. Elle est accompagnée d’une plaque explicative qui met en avant le titre de cette œuvre de l’artiste chinoise Huang Jian, « gardienne de l’art de la terre » : L’Esprit gardien Dragon-Jaguar et présente celui-ci comme le « gardien de la forêt tropicale ».
Tiens, que se serait-il passé si un Etat ayant encore quelque souvenance de ses racines chrétiennes avait offert une représentation, non d’« esprit » mais d’« ange » gardien ? Je vous laisse imaginer. Mais esprit et ange, c’est la même chose – sauf qu’il y en a des bons et des mauvais.
L’esprit de la COP30
En l’occurrence, cet « esprit gardien » est censé représenter l’esprit de la COP, avec des éléments tirés des cultures chinoise et brésilienne : le dragon, symbole oriental de la force, du pouvoir cosmique et de la protection, et le jaguar, symbole amazonien de la force, du territoire, de la nature et des ancêtres. Un être hybride donc, une chimère qui efface et contredit les frontières entre les espèces.
Il est accompagné, à quelques mètres, d’une statue de « Mère Brésil », une jeune femme portant sur son genou droit un jeune enfant, et sur son genou gauche, un jaguar cornu. Tout au plus peut-on dire que cette statue est nettement plus avenante que la très moche « Pachamama » enceinte, promenée dans Rome et jusque dans les jardins du Vatican à l’occasion du synode sur l’Amazonie. Mais elle n’est pas sans rappeler une affiche qui avait été installée à l’église Santa Maria in Traspontina lors du synode d’Amazonie montrant une photo d’une indigène tenant son enfant par le bras gauche tout en allaitant un cochonnet sauvage, avec la mention « tout est lié »…
La COP30 sous le signe du dragon
Revenons au dragon. Dans la symbolique occidentale, celui représente clairement le mal, un monstre à combattre, et il est associé au démon – même si aujourd’hui la littérature et la cinématographie enfantines tentent d’effacer aussi cette référence en faisant du dragon un animal sympathique et bienveillant. La statue offerte par le PC chinois accentue la perspective démoniaque puisqu’elle est coiffée de cornes de bouc : la bête au crocs effrayants tient entre ses griffes un globe terrestre avec en son centre l’Amazonie.
Mais ce ne sont pas exactement des griffes : le dragon a un buste humain ponctué de plaques de dragon façon stégosaure, recouvert des taches de jaguar, et ce sont des mains d’homme qui enserrent le globe.
Pour Alex Newman, envoyé spécial de The New American à la COP30, cette statue montre bien que ce qui ce joue actuellement est une « bataille spirituelle » : « Elle ressemble à une bataille politique. Elle ressemble à une bataille contre le changement climatique et pour l’environnement, mais c’est littéralement une bataille spirituelle. »
La Chine communiste offre une statue de dragon ; et un autre de femme
Il ajoute, dans une vidéo qui permet d’examiner la statue sous toutes les coutures : « Ce qui se passe tout au long de ce processus, c’est qu’ils utilisent ce prétexte du changement climatique. Pour démanteler non seulement les infrastructures énergétiques aux Etats-Unis et dans le monde occidental en général, mais aussi toute notre économie ; ils l’utilisent pour fermer nos industries et les transférer vers la Chine communiste, vers des endroits où ils n’ont pas les traditions, les libertés, les protections constitutionnelles qui sont les nôtres. Nous avons pensé que c’était un symbole très approprié. »
On peut relire à cette occasion le 12e chapitre de l’Apocalypse, ce mystérieux récit qui met lui aussi en scène un dragon et une femme ayant donné le jour à un enfant mâle, mais qui les oppose comme le mal s’oppose au bien et cherche à l’anéantir.











