Un budget sert une politique générale. Les dépenses et les recettes de l’Etat disent sa nature et ses intentions. De forts prélèvements et de fortes dépenses révélant un Etat socialiste qui vise à modeler la société par son intervention (le plus souvent au nom de la « justice ») : c’est le cas de la France, championne du monde des prélèvements obligatoires et de la dépense publique. Rattrapé par une dette colossale, le Premier ministre François Bayrou vient de dévoiler des « pistes » pour un budget 2026 : il assure avoir fait 43 milliards d’économies, et Emmanuel Macron voit là « du courage, de l’audace, de la lucidité ». En fait, les chiffres annoncent une augmentation des dépenses de trente milliards et une croissance de la dette. C’est que le budget de Bayrou ne touche ni au train de vie de l’Etat et de ses clients, ni à l’immigration, ni à la politique du climat, ni à celle du genre. Cet oubli est énorme et sidérant : parce que ces gisements d’économies sont énormes et permettraient aisément de résoudre le problème financier, et parce que, les élections l’ont prouvé, les Français souhaitent qu’on les exploite. En les écartant François Bayrou montre qu’il ne veut ni redresser les comptes de l’Etat, ni servir la volonté de la nation : il sert la révolution arc-en-ciel en cours.
Un budget qui ne sert à rien, même s’il est adopté
Si le projet de budget Bayrou était adopté tel quel, les dépenses publiques, qui étaient de 1.650 milliards en 2024, et devraient être de 1.693 milliards en 2025, passeraient à 1.722 milliards en 2026, et la dette de 113,2 % du PIB en 2024 à 117,2 % en 2026. On croît rêver : où sont « l’austérité » décriée par la gauche et le « courage » vanté par Macron ? L’Etat continue dans son ornière comme un char à bœufs emballé qui freine un peu. Voyons les espérances de Bayrou en détail : ramener le déficit du budget de 5,8 % en 2024 à 4,6 % en 2026. En grattant 7,1 milliards par « l’année blanche », en ne relevant pas les barèmes suivant l’inflation pour les pensions, impôts et prestations sociales, 5,5 milliards en modérant les dépenses sociales, 5,3 milliards sur les collectivités locales, 5,2 milliards sur les opérateurs de l’Etat, 4,8 pour l’Etat lui-même, etc… Cela appelle une triple exclamation, évidente : un, c’est une souris sans rapport avec l’Himalaya de la dette (3.300 milliards) et des déficits, deux, l’Etat ne se serre guerre la ceinture, trois, il ne touche à rien d’important.
Bayrou ne résoudra pas le problème financier de la nation
Un seul détail du budget montre que François Bayrou ne veut pas sérieusement réduire le train de vie de l’Etat : il prévoit de supprimer trois mille postes de fonctionnaires et de ne pas remplacer un poste de fonctionnaires sur trois lors de leur départ à la retraite en 2027. Or la France compte aujourd’hui 5.700.000 fonctionnaires (Etat, collectivités locales, santé, agences), en augmentation de 23 % en 25 ans, malgré la promesse électorale de Macron d’en réduire le nombre. Les seules agences de l’Etat atteignent un budget de 156 milliards d’euros avec une grosse dette et un personnel en augmentation rapide (x 3,6 entre 1996 et 2022). Les mesures prévues par Bayrou ne sont donc pas à la hauteur du problème. Plus, seuls dix milliards d’économie (les 4,8 de l’Etat proprement dit, les 5,2 milliards des opérateurs) correspondent à un petit effort de la puissance publique : le reste des économies demandées pèsent sur les contribuables, les pensionnés, les assujettis à la Sécurité sociale : l’Etat, qui a prétendu se mêler de tout pour imposer ses vues, manque simplement à son devoir de paiement pour se tirer (si peu) d’affaire.
Bayrou se sert d’une petite cuiller, pas d’une tronçonneuse
Or, il est possible d’agir. Le président argentin Javier Milei l’a montré, avec sa tronçonneuse : il a coupé massivement dans la dépense, supprimé 30.000 postes de fonctionnaires, des ministères, coupé dans d’innombrables dépenses inutiles, bouleversé des clientèles. Le socialisme international et ses professeurs d’économie prédisaient la catastrophe. Or l’Argentine, frappée avant son arrivée d’une récession, d’un déficit chronique croissant et d’une inflation à 300 %, jouit aujourd’hui d’un budget en excédent, d’une inflation ramenée à moins de 20 % et d’un taux de croissance de 7 %, et le taux de pauvreté est passé de 52,9 % à 38,1 % au second semestre 2025. En choisissant de vider la mer avec une petite cuiller, Bayrou n’a donc fait ni le choix de l’efficacité financière ni celui de la justice sociale. Il a fait le choix de la routine socialiste à la française. Mais qui sert et à quoi sert cette routine ? Le choix des gisements d’économie oubliée, et celui des dépenses maintenues nous le dit.
Les dépenses de l’arc-en-ciel sont « essentielles »
Selon les rapports et les instituts qui les produisent, l’immigration pèse différemment sur les finances publiques, mais tout le monde s’accorde pour reconnaître son poids non négligeable et le fait, très remarquable, que le taux d’emploi des immigrés est nettement plus bas en France que chez nos voisins. La somme des coûts directs et indirects a été évaluée à plus de quarante milliards annuels en 2022. Cela fait de l’immigration le premier gisement d’économies budgétaires auquel on pense, tant par l’AME, que la politique de la ville, l’Education nationale, ou les subventions à d’innombrables associations s’occupant de « migrants ». Mais rien n’est prévu à ce sujet dans le budget de François Bayrou. Au contraire, il a réaffirmé son attachement à la politique environnementale, le changement de climat constituant selon lui une « menace ». Et, quant à la politique du genre, si emblématique de la révolution arc-en-ciel en cours, Aurore Bergé, ministre chargé de l’égalité homme femme, s’est félicitée que le budget affecté à cette égalité ait « légèrement augmenté » (+ 2 %). Sans doute n’est-ce qu’une broutille, mais elle est symbolique : « C’est un vrai choix politique. (…) On ne rogne pas sur les dépenses qu’on a jugées comme étant déterminantes et essentielles. »
Grâce au budget la dialectique arc-en-ciel s’en prend à Pâques
L’arc-en-ciel jugeant nécessaires les dépenses relatives à l’immigration, au climat, au genre, Bayrou les maintient, au risque de faire capoter les finances de la France. Cerise sur le gâteau, François Bayrou, « catholique pratiquant », propose, pour faire des économies de supprimer entre autres, le lundi de Pâques férié, « qui n’a aucune valeur religieuse ». Notons d’abord encore une fois que l’Etat ne fait ici nul effort ni économie : il impose aux entreprises et aux salariés une nouvelle organisation. Mais l’arc-en-ciel reconnaît des difficultés qu’il a longtemps laissé traîner ou même provoquées pour s’en servir dans sa dialectique. Ainsi le déclin démographique longtemps passé sous silence sert-il depuis quelque temps à justifier l’immigration par la nécessité de soutenir l’économie et notamment les retraites. Ainsi aussi, en l’espèce, la nécessité de faire des économies permet-elle, en passant, de menacer une tradition catholique – ou même de la supprimer si la résistance pour son maintien vient à faiblir. Or, il ne faut pas oublier que l’ennemi principal de la révolution arc-en-ciel et de la religion qu’elle promeut est le catholicisme.