Californie : Imbroglio arc-en-ciel autour d’arbres racistes !

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La ville touristique de Palm Springs, dans le sud de la Californie, est un véritable arc-en-ciel d’ethnies, de langues et de genres. La communauté LGBT forme 30 % de ses 45.000 habitants, les Philippins 2,8 %, les Afro-américains 4,5 %, les Mexicains d’origine 20 %. Seuls 71 % des habitants de plus de cinq ans parlent anglais à la maison, 20 % espagnol, 2,2 % tagalog, d’autres l’allemand ou le français. Mais les militants des droits civiques ont découvert un scandale insupportable : une trouée verte d’arbres racistes longue de quelques centaines de mètres sépare depuis les années cinquante un golf chic d’un quartier de pauvres non blancs. Et pour compliquer les choses, ces arbres sont d’une espèce non-américaine invasive qui assèche les sols.

 

Des arbres immigrés en Californie et très invasifs

La journaliste Corinne S Kennedy a relaté dans le Palm Springs Desert Sun une récente décision d’arracher une haie séparant le faubourg de Crossley Tracts du golf municipal de Tahitz Creek. Les arbres qui composent cette haie sont des Tamarix (probablement ramosissima), de la même famille que nos tamaris, mais de plus grand développement, qui se plaît particulièrement dans le Sud-Ouest des Etats-Unis, et qui est devenu ce qu’on appelle une plante invasive, chassant saules et peupliers. Il présente le double désavantage de pomper l’eau du sol et de s’étendre abusivement. Quand il a été planté à Palm Springs sur la fin les années cinquante, on s’occupait peu d’environnement et on appréciait sa facilité de culture. Aujourd’hui, la municipalité arrache cette haie à ses frais (170.000 dollars), les propriétaires des jardins mitoyens restant libre de conserver leurs arbres envahissants s’ils le préfèrent.

 

Militantes arc-en-ciel et arbres racistes

A partir de là, deux militantes, Sara Newens et Mina Son ont tourné un documentaire sur la chose qu’elles ont intitulé « Arbres racistes ». Leur thèse est que cette haie a été conçue comme une barrière pour séparer les quartiers chics et blancs des banlieues et colorées. « Ce mur d’arbres massif est une métaphore unique de la ségrégation ». Un militant des droits civiques, Benjamin F. Chavis Jn a parlé de « racisme environnemental », c’est-à-dire « tout acte ou toute politique qui nuit aux groupes marginalisés, communautés colorées, communautés indigènes ou communautés à bas revenu ». Pour tout ce monde, il est clair que la haie de Tamarix a « aliéné les habitants de Crossley, avec une incidence négative sur leur bien-être et sur la valeur de leur propriété ». Nevens et Son ajoutent que c’est « un symbole de racisme systémique et d’oppression ». Le plus sérieusement du monde. La pensée arc-en-ciel ne fait pas de détail.

 

Les intentions racistes de l’urbanisme en Californie

Dans les années cinquante, des Afro-américains vivant dans une zone nommée Section 14 situé sur le territoire de la tribu indienne des Chuilla purent s’installer à Crossley, mais ces arbres racistes gâchèrent leur transplantation. Pour Son et Newens, c’est « toujours le même schéma pour refuser au peuple noir la possibilité de devenir américain ». Et, plus que la plantation des arbres racistes à l’époque, se pose la question de savoir « pourquoi ils sont restés plantés pendant des décennies même après que des résidents se furent fortement opposés à leur présence au bout de leur jardin ». Poser la question, c’est y répondre : « Un des rares endroits où l’on trouve encore ces tamaris se trouve en bordure d’un quartier historiquement noir » ! Voilà qui indique que « l’urbanisme affecte les territoires aux communautés en fonction de critères raciaux ».

 

Vert contre noir : les contradictions de l’arc-en-ciel

Les deux militantes cinéastes sont affectées que le pouvoir blanc se serve de l’environnement pour perpétuer sa domination raciale, et, pire, sont attristées que cela se passe dans une ville aussi arc-en-ciel comme Palm Springs : « Etant donné l’image de la ville, connue par sa diversité et sa volonté d’inclusion, ce fut fascinant de voir que les gens en ville, particulièrement les membres du conseil municipal, ne voulaient à aucun prix parler de race. » Ces demoiselles découvriraient-elles qu’on peut être LGBT, ou avoir la peau sombre, ou militer pour le climat, et être en même temps parfaitement bourgeois ? C’est touchant. Elles devraient peut-être redescendre sur terre. Constater par exemple qu’à leur plantation, les tamarix ne formaient nul « mur », mais une haie légère. Et que le quartier de Crossley constituait un paradis pour ses habitants, par rapport à là d’où ils venaient. Il n’y a que dans la tête des bobos vertes que les arbres sont racistes. Les tamaris d’Europe et d’Asie peuvent être invasifs en Californie comme les cyprès de Lambert, les érables negundo, les yuccas et les robiniers venus d’Amérique chez nous. Quand une municipalité se décide à les remplacer, on devrait plutôt la féliciter. Ah, une dernière chose : les arbres sont vivants, mais pas comme des êtres humains. Certaines dinguécolos leur font l’amour, d’autres les traitent de « racistes », c’est une espèce de folie, ou de panthéisme.

 

Pauline Mille