Le Parti conservateur britannique a dévoilé un programme en vue des élections législatives du mois prochain dans lequel il propose de supprimer la loi sur les droits de l’homme, qui oblige les tribunaux britanniques à prendre en compte les décisions de la Cour européenne des droits de l’homme. Pour David Cameron, embarqué dans une course contre la montre où l’opinion britannique est de plus en plus eurosceptique, il s’agit de donner un gage de sa bonne foi britannique, tout en marquant ses distances avec l’opposition stricte de l’UKIP de Nigel Farage.
Les conservateurs britanniques ont dévoilé le 16 avril dernier leur programme de campagne pour les élections législatives du 7 mai, qui développe notamment deux points : l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne, et l’immigration.
David Cameron promet de supprimer l’immigration
A cette occasion, David Cameron a réitéré son intention de réduire sensiblement les flux d’immigration vers le Royaume-Uni. Selon les derniers chiffres officiels, en effet, l’immigration concerne désormais quelque 300.000 personnes par an. A moins d’un mois de l’échéance électorale, les conservateurs promettent de diviser ce chiffre par dix, soit de le ramener à quelques dizaines de milliers.
Ils ont également promis de réduire la migration en provenance de l’Union européenne en limitant l’accès des Européens aux aides sociales. Diverses mesures viendraient compléter le dispositif. Ainsi, les allocations familiales ne seraient-elles accessibles qu’aux seules personnes ayant vécu quatre ans au moins au Royaume-Uni.
Quant aux chômeurs, ils seraient renvoyés chez eux, s’ils n’ont pas réussi à trouver un emploi dans les six mois suivant leur arrivée en territoire britannique.
Enfin, et peut-être surtout, les Conservateurs entendent supprimer la loi sur les droits de l’homme, qu’ils considèrent comme le lien formel, et constituant de ce fait une dépendance, entre les tribunaux britanniques et la Cour européenne des droits de l’homme. Ils reprochent à celle-ci son insistance sur le droit de vote des prisonniers, et de s’opposer, par des raisons et moyens divers, à l’expulsion des terroristes présumés.
Le problème de la loi sur les droits de l’homme
Par là, David Cameron assure être le seul à pouvoir « offrir un réel changement et un vrai choix en ce qui concerne l’Europe », considérée par ses proches comme « trop bureaucratique et trop peu démocratique ». Un changement qui passerait notamment par le referendum sur l’Union européenne dont les Britanniques parlent depuis si longtemps, et qui est aujourd’hui prévu pour 2017.
Si les Conservateurs peuvent compter, sur l’ensemble de ces questions, sur une adhésion de plus en plus forte de leurs compatriotes, cela ne saurait suffire, néanmoins, à les assurer de la victoire.
D’abord parce que, comme l’observent leurs détracteurs, ces promesses ont déjà été faites avant les élections de 2010.
Ensuite parce que l’UKIP dénonce dans ce discours, du vent, qui permettrait aux Conservateurs de profiter d’un élan nouveau au sein de la population britannique, mais dont il pense qu’il sera insuffisant à le réaliser. Pour Nigel Farage, la seule façon d’y parvenir, tant en ce qui concerne la réduction de l’immigration que l’emploi, et la remontée de l’économie du pays, est, comme l’affirme le nom de son parti pour l’indépendance du Royaume-Uni, de quitter définitivement l’Union européenne.