Un camp de migrants évacué à Paris

Camp migrants évacué Paris
Ils viennent du Soudan, d’Erythrée, d’Afghanistan. Plusieurs centaines de migrants installés près du métro Stalingrad à Paris ont été évacués.

 
Ce mercredi matin, peu après six heures, les forces de l’ordre sont intervenues, à l’instigation des services de l’Etat, de la Ville de Paris et de la préfecture de police, afin de procéder à l’évacuation de plusieurs centaines de personnes, dont des femmes et des enfants, installées depuis près d’un mois dans des tentes et sur des matelas, au milieu des poubelles, sous le métro aérien à proximité de la place de la Bataille-de-Stalingrad, à Paris. On évacue les « jungles », à Calais ou à Grande-Synthe, et d’autres camps de migrants, certes pour l’heure plus petits, se constituent dans la capitale même de notre pays – camps qu’il faut, à leur tour, évacuer…
 
Pour la circonstance, la circulation avait été coupée sur une portion du boulevard de la Villette et la station de métro Stalingrad était fermée. Ce campement nouveau de plusieurs centaines de migrants regroupait pour l’essentiel, dans le nord de Paris, des Soudanais, des Erythréens et des Afghans. L’évacuation, nous dit-on, s’est effectuée dans le calme…
 

Un nouveau camp de migrants à Paris

 
D’ailleurs, tout semblait prévu d’une part, accepté de l’autre. Et, bien avant le début de l’opération proprement dite, ces centaines de migrants, chargé parfois d’un maigre sac contenant tout leur avoir, mais, selon les observateurs, le plus souvent les mains vides, s’étaient regroupés sur les trottoirs sous les arches du métro aérien, pour attendre les cars qui devaient les emmener vers de nouveaux hébergements, pour l’heure non précisés.
 
Et alors ? Alors rien. Une opération en chasse une autre, un camp en remplace un autre. Car l’opération de ce 30 mars est la dix-huitième organisée dans la capitale depuis le 2 juin 2015, date de l’évacuation du campement de La Chapelle. Oui ! la dix-huitième en à peine dix mois ! Et le camp de Stalingrad avait déjà été évacué une première fois le 7 mars dernier. Près de 400 personnes avaient alors été hébergées, mais le camp s’était reconstitué quelques jours plus tard. Avec, à nouveau, quelques centaines de personnes. Les mêmes, ou d’autres…
 

Evacués, déplacés, revenus…

 
En réalité, toutes ces opérations, à Calais, à Paris ou ailleurs, relèvent d’une cosmétique politique d’urgence. On ne sait plus quoi faire des migrants qui sont sur notre territoire, et dont personne ne veut. L’accueil français, l’accueil européen est saturé. Les esprits aussi. Mais on promet toujours d’en accueillir d’autres. A-t-on d’ailleurs le choix ? Derrière leurs murs sans âme, les institutions bruxelloises ordonnent. Les migrants – ou quelque nom qu’on leur donnera – ne sont que des quantités, pas même des numéros. Et nous ne valons pas plus…
 
Les pauvres bougres que l’on déplace accueillent l’incident avec plus d’indifférence que de philosophie. « Je ne sais pas où on va, mais ce sera toujours mieux qu’ici », affirme Ahmed (si tant est que ce soit son nom), et qui se présente comme un Afghan qui a fui « la guerre et les talibans ». C’est plus sûr que d’avoir l’air d’un migrant économique. D’où vient-il ? De Calais…
 

François le Luc