Face aux « coffee shops », les buralistes français demandent le monopole de la distribution du cannabis

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Récriminant contre la baisse des ventes de tabac de 1,48 % en volume en 2017 suite au paquet neutre, confrontés à la concurrence naissante des « coffee shops » et au recul des ventes de la presse papier, les buralistes semblent prêts à tout. « Nous sommes pour le cannabis récréatif s’il est réglementé. Et nous sommes prêts à en commercialiser dans nos bureaux de tabac », a claironné Philippe Coy, président de la Confédération des buralistes dans Le Parisien/Aujourd’hui en France, propriété, avec Les Echos, du groupe LVMH (Bernard Arnault). Que le terme « récréatif » est séduisant pour une molécule, le THC, dont la toxicité et l’impact psychiatrique sont avérés, même à faible dosage !
 
Philippe Coy prétend même au monopole. Il a proposé le 18 juin à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, que les buralistes deviennent « le premier réseau de référence du cannabis s’il est, un jour, légalisé dans l’Hexagone ». Pour mettre un pied dans la porte, et suivant la vieille technique déjà utilisée pour toutes les « avancées » sociétales – de l’avortement au « mariage » de même sexe via l’euthanasie -, les caciques du système proposent que soit commercialisée une version « édulcorée » du cannabis, le CBD ou cannabidiol. « Si le CBD, et plus largement le cannabis, sont autorisés, on veut être présent sur ce marché. On demande même l’exclusivité », développe M. Coy. On appréciera le « plus largement », qui en dit long.
 

Des coffee shops vendant du cannabis ont fleuri partout en France

 
Des « coffee shops », dont l’appellation fleure bon l’hypocrisie puisqu’on n’y vient évidemment pas pour du café, ont déjà ouvert un peu partout en France depuis deux mois. Ils vendent cette défonce « récréative », comprendre psychotrope en accès libre d’une société dont la dépression le dispute au ludisme. Alors que le moindre analgésique local, comme la lidocaïne, est soumis à la délivrance sur ordonnance, le CBD est curieusement autorisé à la vente libre par les officines officielles sous réserve que sa teneur en THC, agent psychotrope qui modifie le rythme cérébral, n’excède pas 0,2 %. Les « joints » couramment fumés au vu et au su de tous depuis des décennies dans la France libérale-libertaire affichent des teneurs de l’ordre de 1,5 % à 4 %, voire plus quand le THC est concentré (60 à 80 %) dans de l’huile de cannabis imbibant le tabac.
 
Le THC induit des troubles de la mémoire, des troubles psychiques, comportementaux et des altérations physiques, en particulier bronchiques et pulmonaires. Il est un puissant vecteur de désocialisation et de retard scolaire. Si le THC n’est peut-être pas un agent du cancer du poumon – mais le tabac, le papier, le liant parfois issu du caoutchouc de vieux pneus, fumés avec, évidemment oui -, il serait responsable d’une forte augmentation du cancer masculin des testicules et d’infertilité, la molécule s’y concentrant.
 

La Confédération des buralistes révèle que des liquides pour cigarette électroniques contiennent du cannabis

 
Les « coffee shops » profitent de cette « tolérance » et l’on sait qu’en la matière, il y a toujours des maisons pour ça. Par un (ultime ?) sursaut de bon sens, la justice a mis en examen plusieurs gérants de ces boutiques, notamment pour « transport, détention, offre ou cession, acquisition ou emploi de stupéfiants ». Le président de la Confédération des buralistes commente : « En juin, la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca, NDLR) s’est positionnée en disant que c’était interdit. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a eu des explications confuses (sic) mais, lorsque l’on recoupe les informations, on comprend que ces produits ne peuvent, aujourd’hui, être vendus ». Surprise : le syndicat professionnel a donc demandé de suspendre la vente de liquide pour cigarettes électroniques incluant du CBD, révélant ainsi au grand public les dessous de ce genre de produits, proposés au demeurant par des boutiques hors réseau buralistes.
 

Le président des buralistes veut « saisir toutes les opportunités », cannabis inclus

 
Au diable la santé (mentale) publique, la cupidité gouverne leur monde. « On est dans un plan de transformation car les ventes de cigarettes sont amenées à baisser. Il faut donc saisir toutes les opportunités », cannabis inclus, assène le président des buralistes. Un demi-siècle de lutte contre le tabagisme – un million de fumeurs en moins de 2016 à 2017 – pour en arriver là !
 
Certes tout peuple porte avec lui sa « drogue », socialisée, symbolisée et encadrée par ses codes : la bière des Celtes, le vin de Grecs, le nihonshu des Japonais, le tabac des Amérindiens, la feuille de coca des Andins, le khat des Africains de l’Est, le haschich des Arabes… C’est l’accumulation de multiples psychotropes – le cannabis est de plus l’arbre qui cache la forêt de l’explosion des drogues de synthèse, tolérées de facto -, c’est la perte de leur sens culturel et de leurs limites sociales, c’est la course à l’abîme du refus de la réalité qui condamnent, à coup sûr, toute une société à la déchéance.
 

Matthieu Lenoir