Cannabis : un nouveau couac gouvernemental

Cannabis couac gouvernemental
Jean-Marie Le Guen (PS), secrétaire d’Etat chargé des Relations avec le Parlement.

 
Alors que le secrétaire d’Etat chargé des Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, se prononce lundi pour une réflexion sur la dépénalisation du cannabis, le porte-parole du même gouvernement, Stéphane Le Foll, affirme qu’il n’y a là, de la part de son collègue, qu’une réflexion personnelle. Pour autant, la proposition de Jean-Marie Le Guen a eu tôt fait d’enflammer les esprits, sans que le rétropédalage de la communication gouvernementale y change rien… sauf la manifestation d’un nouveau couac.
 
Manuel Valls a eu beau dire, l’été dernier, que le débat sur une éventuelle dépénalisation du cannabis était « clos », Jean-Marie Le Guen ne semble pas d’accord. Le secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement a ainsi déclaré lundi que « la prohibition du cannabis en France est une mesure qui mérite d’être discutée », parce qu’elle « n’amène pas la diminution de la consommation ». Il estime donc qu’il serait mieux d’y « mettre fin », même si le médecin qu’il est reconnaît que « le cannabis est une très mauvaise chose pour la santé publique, en particulier chez les jeunes ».
 

Cannabis : mauvais produit, mais bonne politique ?

 
Dans son esprit, la contradiction ne serait pourtant qu’apparente, et soluble dans le socialisme. S’exprimant « à titre personnel » – c’est plus prudent… – Jean-Marie Le Guen affirme en effet : « Je propose que le Parti socialiste dise enfin la vérité : que l’interdit moral n’interdit rien du tout et crée beaucoup de dégâts dans la société française. »
 
La morale, voilà l’ennemi ! Elle lui fait tellement voir rouge, à ce pauvre homme, qu’ensuite il peut dire tout et l’inverse de tout sans gêne aucune.
 
De toute façon, conclut-il, « la situation actuelle ne marche pas. (…) On doit bouger. » Pour aller, comme il l’envisage simplement, vers une consommation « privée » strictement contrôlée.
 

Un nouveau couac gouvernemental

 
La proposition de Jean-Marie Le Guen fait du bruit dans le landernau, y compris au sein du gouvernement, où l’on voit de plus en plus mal qu’un ministre ait des idées personnelles, surtout lorsqu’elles peuvent être fauteuses de brouilles, et pourquoi pas de guerre civile. On y est fervent défenseur du propos de Jean-Pierre Chevènement : « Un ministre, ça ferme sa gueule. Et si ça veut l’ouvrir, ça démissionne », désormais érigé en principe de vie politique.
 
D’où la réaction, très vive, de Stéphane Le Foll : « Il n’y a aucune piste de travail ni de réflexion engagée au gouvernement sur cette question. (…) D’ailleurs je crois qu’il l’a lui-même dit. C’est une position qu’il défend depuis longtemps (…) en tant que médecin. Mais ce n’est pas la position du gouvernement. (…) Si le Parti socialiste veut débattre, c’est tout à fait légitime, mais il n’y a pas sur ce sujet d’autres positions que celle qui a été exprimée par le premier ministre et le président de la République. »
 
L’assurance gouvernementale n’aura pas suffi à calmer les ardeurs belliqueuses de la droite. Ainsi Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a-t-il réagi en lançant, avec une certaine raison : « Ces temps-ci, j’ai un peu l’impression qu’on assiste à tout le retour des vieilles lunes de gauche. Est-ce que c’est la façon de répondre aux attentes des jeunes ? Est-ce qu’ils croient que c’est ce type de questions que se pose la jeunesse de France ? »
 
De son côté, Sébastien Huyghe, secrétaire général adjoint des Républicains, a souligné le caractère « laxiste et irresponsable » du Parti socialiste. « Comme toujours »…
 

François le Luc