Au nom du « net-zéro carbone », vers le massacre de 200.000 vaches en Irlande

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L’Irlande envisage de faire abattre quelque 200.000 vaches, soit 10 % du cheptel, pour remplir ses objectifs climatiques et parvenir, comme le veut la religion de la lutte contre le changement climatique, au « net-zéro carbone », cet état de nirvana où toutes les émissions carbone anthropiques sont compensées par les « absorptions anthropiques ». Cela s’obtient par la réduction des émissions ou par la « séquestration » des émissions – en plantant des forêts, par exemple.

Et c’est là que la vache s’avère être une variable de premier choix. Non par sa capacité à nourrir la population, bien sûr, même si une côte de bœuf angus peut le faire en touchant au sublime. Non, non ! La vache (et le bœuf, le féminin embrassant ici d’une certaine manière le masculin) est l’Usual Suspect en matière de réchauffement, parce qu’elle occupe son espace vital dans les prés et qu’elle émet du méthane au cours de la digestion. Faites-la disparaître et replantez sa prairie en arbres, vous faites coup double !

 

Moins de carbone ? L’Irlande veut mobiliser l’argent du contribuable

En Irlande, le massacre des ruminants prendrait la forme d’une opération publique, avec l’octroi de subventions pour chaque tête abattue. C’est beau comme l’antique : on ferait payer le contribuable pour se priver de son rôti du dimanche, dans une démarche quasi pénitentielle visant à transformer tous les jours de la semaine en vendredi.

Les moines en font autant, me direz-vous. Mais c’est leur choix, tout comme ils choisissent librement et généreusement de renoncer au bien du mariage. D’ailleurs, ils ne le vous font pas payer. En outre c’est pour Dieu, et non pas « pour la planète ». L’Etat veut nous imposer cela, vite fait, en modifiant notre mode de vie et en insistant bien pour dire que l’homme est, ultimement, le mal à abattre (ou le mâle à abattre puisque, c’est bien connu, c’est Monsieur qui est le maître des barbecues…).

Mais quid du lait, des fromages, de la crème et des yaourts ? A la trappe, eux aussi ! L’association PETA (People for the Ethical Treatment of Animals) estime d’ailleurs que la vraie solution consisterait en la décision des consommateurs de virer vegan en masse, en renonçant à tout produit d’origine animale. S’il n’y a plus de demande, l’offre rétrécira d’elle-même.

 

Vers le massacre sacrificiel des vaches

Le gouvernement a préféré en tout cas faire ses calculs et considère, sur avis du ministère de l’Agriculture, qu’une compensation de 5.000 € par vache abattue serait « équitable » (équarritable, peut-être ?). Ce qui nous mènerait à 600 millions d’euros de fonds publics sur trois ans pour faire disparaître 200.000 Marguerite. Et peut-être à des départs à la retraite parmi les paysans. Coup double, disais-je ? Non, coup triple !

L’affaire a été ébruitée grâce à une demande de documentation interne du ministère fondée sur le droit à l’information de la part du Farming Independent et intervient alors que la question de l’élevage bovin est un sujet « chaud » dans la verte Erin. Euronews notait en août dernier qu’« en Irlande, il y a davantage de bovins que d’êtres humains et l’agriculture représente 37 % des émissions de CO2. L’Irlande est responsable des plus fortes émissions de méthane par tête dans l’UE, dont une grande partie liée à la production de bœuf ».

Devant l’inquiétude exprimée par les agriculteurs et les éleveurs, échaudés par les projets néerlandais visant détruire jusqu’à 30 % des exploitations dans certaines zones des Pays-Bas, le ministre de l’Agriculture, Charlie McConalogue, assurait en décembre que tout se ferait exclusivement sur la base du volontariat.

Il faut préciser que les éleveurs irlandais, encouragés par leur gouvernement à l’occasion de la levée des quotas laitiers par l’UE en 2015, ont lourdement investi pour s’agrandir. En s’endettant.

Aujourd’hui, l’Irlande exporte 90 % de sa production laitière et bouchère, ce qui veut dire qu’elle contribue grandement à nourrir le monde. Mais, détail important, son cheptel de vaches laitières n’est pas plus important qu’il y a trente ans, alors que l’Agence de protection de l’environnement irlandaise brandit les chiffres de 2015 pour justifier la « réflexion » actuelle : entre cette date et 2021, le nombre de vaches laitières a augmenté de 22,6 % et la production de lait de 36,9 %. En fait, l’activité a plutôt retrouvé son importance antérieure. Le nombre des animaux à viande a au contraire chuté de 17 % sur la même période ; ils ne représentent déjà plus que 930.000 têtes, sur un total actuel de 2,5 millions.

 

Un massacre peut en cacher un autre

Le ministère irlandais a réagi à la levée de boucliers en assurant que le projet est un élément d’un « processus délibératif » qui a vu la production de plusieurs « modèles ». Vu le contexte, ce n’est pas forcément rassurant : en matière d’écologisme, qui veut le moins peut vouloir le plus.

C’est d’ailleurs déjà le cas : l’Agence de protection de l’environnement (EPA) citée plus haut, demandait carrément en février dernier que l’on abatte 30 % de l’ensemble des animaux d’élevage, que les zones forestières soient multipliées par quatre ; en accord avec la loi européenne de « restauration de la nature », 90 % des terres ainsi reprises à l’homme devraient être « remouillées », c’est-à-dire rendues à leur état de tourbières, alors qu’elles ont asséchées aux cours des siècles par les fermiers en vue de les cultiver.

C’est bien la vie rurale en Irlande qui est en ligne de mire. En sacrifiant des vaches et des bœufs au nouveau Moloch, la « Terre Mère », on immolerait en même temps ce qui reste de paysannerie.

D’autres suivront !

 

Jeanne Smits