Le cardinal Philippe Barbarin a été entendu mercredi pendant plus de dix heures par la police dans le cadre d’une enquête pour non-dénonciation d’agressions sexuelles sur mineurs et mise en danger d’autrui. Une audition qui fait suite à la mise en examen, en janvier dernier, d’un prêtre du diocèse de Lyon pour des faits d’attouchements sexuels.
Selon l’un des avocats du cardinal Barbarin, Me Jean-Félix Luciani, la longueur de l’audition s’explique par le fait que son client « souhaitait s’expliquer depuis de nombreux mois ». Autrement dit, qu’il tenait à faire, depuis longtemps, l’exposé exact des circonstances et des mesures qui lui sont reprochées.
Le cardinal Barbarin entendu par la police
« Il est traîné dans la boue depuis de nombreux mois et à un moment donné on a envie de répondre. Il a répondu avec toute la sincérité possible », a déclaré Me Luciani devant la presse. « Un évêque est un homme d’Eglise qui n’a pas une vocation policière mais plutôt celle de tenter d’aider ceux qui viennent à lui. »
L’avocat a voulu se montrer optimiste en ce qui concerne la suite de la procédure. « Je pense qu’il n’y aura pas de suite », a-t-il estimé, soulignant que les questions des enquêteurs avaient porté sur « les responsabilités prêtées au cardinal pour deux infractions : la non-dénonciation d’un délit ou d’un crime d’une part, et d’autre part l’omission de prêter assistance à une personne en péril ».
Du côté du parquet, on se veut plus circonspect. Si l’on précise qu’il n’y a « pas de garde à vue », on n’exclut cependant pas la mise en place prochaine d’un débat contradictoire entre les différentes parties. La décision – classement ou mise en examen – devrait intervenir avant la fin du mois.
Agressions sexuelles sur mineurs : vers une instrumentalisation des scandales ?
Le cardinal Philippe Barbarin est visé par plusieurs plaintes de victimes du P. Preynat, pour des faits remontant aux années 1990. Il lui est reproché de ne pas avoir dénoncé, bien des années après, les faits à la justice et d’avoir laissé les responsables présumés en poste.
Cette audition est intervenue après plusieurs mois de scandale médiatique, profitant de ces circonstances pénibles pour remettre en question l’attitude de l’Eglise de France dans son ensemble, sous l’accusation de se montrer trop passive à l’égard des affaires de pédophilie. Pour douloureux, pour scandaleux que soient les événements d’agression sexuelle reprochés à des prêtres, la mise en accusation systématique d’évêques qui n’étaient pas en charge des diocèses concernés, et notamment, en l’espèce, du cardinal Barbarin, par le rassemblement en faisceau d’affaires remontant pour certaines à plusieurs décennies, ressemble, une fois de plus, à une entreprise de démolition d’une institution qui, contre vents et marées, et malgré ses faiblesses, transmet l’Evangile, les sacrements et la grâce dont le Seigneur l’a chargée.