Le cardinal Burke vante la liturgie traditionnelle et déplore l’affadissement de la nouvelle messe

 

Interrogé le 8 août dernier par Raymond Arroyo sur EWTN, le cardinal Raymond Burke s’est livré à une défense appuyée de la liturgie traditionnelle de l’Eglise latine, expliquant que c’est sa « beauté » qui attire les « foules de jeunes » qui s’y rendent partout où est autorisée la messe traditionnelle, comme venait de le faire remarquer le journaliste.

Lui-même y est très favorable, comme l’a montré l’organisation récente d’une messe pontificale traditionnelle au sanctuaire de Notre-Dame de Guadalupe qu’il a fondé dans le Wisconsin.

Le cardinal Burke dénonce la manière dont l’enseignement de Vatican II a été « radicalement dévoyé », selon lui, pour priver la messe de certains de ses éléments les plus beaux, en touchant à un rite qui avait cours « pratiquement depuis saint Grégoire le Grand ». Et d’ajouter que ces changements ont eu un « effet négatif ». « On fait souvent référence aux réformes postérieures au Concile de Trente comme étant du même ordre que celles qui ont été apportées à la liturgie sacrée après le concile Vatican II. Mais il n’en est rien. (…) Les réformes post-tridentines visaient à modifier certains éléments, mais la forme du rite a été maintenue, dans la continuité de plus de 15 siècles. Or, après le concile Vatican II – et je maintiens que ce n’est pas dû à l’enseignement du Concile, mais à la manière dont cet enseignement a été détourné –, le rite a subi une diminution radicale », a-t-il déclaré.

 

Le cardinal Burke parle du lien « tendu » entre la messe ancienne et moderne

Pour le cardinal Burke, le lien entre le rite traditionnel et la nouvelle messe est « tendu » en ce sens qu’il y a une tension créée par le fait d’avoir tant retiré à ce rite « si riche en beauté ».

Le cardinal Burke fait le parallèle avec l’idéologie « woke », dénonçant un « wokisme ecclésial » qui prétend que « tout ce qui est du passé n’est pas bon, que la forme de la messe n’est pas bonne, et que nous devons inventer quelque chose de nouveau ».

Il a également souligné que la langue latine « nous a unifiés non seulement dans le temps, puisque la messe nous a été transmise, mais aussi dans l’espace, car où que vous alliez, vous pouviez toujours prier la sainte messe, car c’était la langue de l’Eglise ». En fait, le Concile Vatican II a prescrit que « l’usage de la langue latine doit être conservé dans les rites latins » et que le chant grégorien « doit occuper une place d’honneur dans les services liturgiques », a-t-il rappelé.

Ainsi en est-il du maintien et du rétablissement du chant grégorien, voulus par le Concile ; mais le grégorien a été très largement « perdu », a déploré de cardinal.

 

Cardinal Burke : la messe traditionnelle « m’attire moi-même »

Parmi les éléments qui font hélas défaut dans le Nouvel Ordo, le cardinal Burke a cité les prières au bas de l’autel et celles de l’offertoire, mais aussi de façon plus générale la langue latine, le sacré, la solennité, la transcendance et les postures liturgiques – comme la célébration ad orientem.

« Je dirais que l’élément principal qui, selon moi, attire les jeunes et qui m’attire moi-même, c’est que la forme du rite montre clairement que c’est le Christ qui agit », a-t-il déclaré : « Il n’y a pas de spontanéité. Il n’y a pas cette familiarité qui a été introduite après le concile, vous savez, l’introduction du langage ordinaire dans la liturgie sacrée. Nous n’allons pas à la sainte messe pour participer à une activité séculière qui nous maintient dans le monde et dans ce qui n’est pas édifiant, ce qui n’est pas inspirant. Nous y allons pour rencontrer Dieu, pour être élevés et attirés vers une plus grande conversion de vie, et c’est ce que nous trouvons dans ce qu’on appelle aujourd’hui la forme extraordinaire ou l’usage plus ancien du rite romain. »

A propos de la transcendance, il a déclaré qu’à la messe il se produit quelque chose de « céleste », « quelque chose qui dépasse ce monde ». Le cardinal Burke laissait ainsi entendre que cela est beaucoup moins évident dans la forme moderne de la liturgie. « Le culte est un culte rendu à Dieu selon la manière dont Dieu lui-même nous a demandé de le lui rendre », a-t-il précisé.

Ce culte – digne et juste – a aussi des effets sur ceux qui le célèbrent ou y assistent.

 

La justesse du culte a des effets sur la vie des chrétiens, selon le cardinal Burke

Le cardinal Burke a ainsi souligné que la justesse du culte rendu à Dieu est fondamental à cet égard : « Le culte de Dieu, le fait d’élever notre esprit et notre cœur vers Dieu, a un aspect profondément moral. Il nous appelle à surmonter les tentations, à vaincre les effets du péché originel sur nos vies. »

« C’est dans la liturgie sacrée que nous entrons en contact avec Dieu de la manière la plus parfaite qui soit. Nous sommes en communion avec Dieu de la manière la plus parfaite qui soit. Et cela nous donne la force et l’énergie nécessaires pour poursuivre cette lutte afin de vaincre le mal dans nos vies et de faire le bien, de servir ce qui est bon » a-t-il insisté.

« C’est tout simplement un fait que lorsque la liturgie est banalisée – saint Paul, par exemple, a été confronté à cela à Corinthe au début de l’Eglise, où les gens mangeaient, buvaient et se comportaient comme s’ils n’étaient pas dans le contexte de la liturgie sacrée – alors l’immoralité s’ensuit », a-t-il averti.

Il a enfin cité l’exemple de la conversion de Paul Claudel lors des vêpres solennelles dans la cathédrale Notre-Dame : « La beauté, la musique, la forme de la prière des vêpres lui ont donné la force de se lancer dans une conversion de vie », a rappelé le cardinal Burke : « De tels récits sont légion. »

« La forme ancienne du rite romain a inspiré de telles conversions » et « a conduit à la sainteté, a créé des saints, a aidé des gens à devenir héroïques dans leur vie chrétienne. Le monde a besoin de salut, et cela concerne également la liturgie sacrée. Ce que nous devons offrir dans le culte sacré, c’est précisément ce culte de Dieu et non le culte de nous-mêmes et de notre nature déchue », a conclu le cardinal.

 

Jeanne Smits