Le renvoi du cardinal Müller causé par sa volonté d’imposer le respect des règles par rapport aux prêtres coupables d’abus sexuels

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Mgr Luigi Capozzi (à gauche), secrétaire du cardinal Francesco Coccopalmerio (au centre), proche collaborateur du pape François.

 

Nouvelle retombée de l’affaire Viganò : une source haut placée au Vatican a déclaré à LifeSiteNews que la raison du renvoi du cardinal Gerhard Müller de son poste de préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, peu après celui de trois prêtres réputés pour leur professionnalisme, a été causé par l’insistance du prélat allemand à respecter et suivre à la lettre les règles du traitement des dossiers des prêtres accusés d’abus ou de scandales sexuels. Le non-renouvellement du mandat du cardinal Müller, qui lui avait été signifié froidement signifié par le pape François lui-même, aurait notamment suivi le refus de ce dernier de donner suite à des avertissements que lui avait directement adressés le préfet de la CDF.
 
Un dossier a été cité en particulier par cette source que LifeSiteNews juge « très fiable et bien informée » : celui concernant Don Mauro Inzoli, qui a abusé de nombreux garçons. C’est lorsque les journalistes du site américain ont cherché à recouper les accusations de Mgr Carlo Maria Viganò selon lesquelles le pape François était au courant des prédations homosexuelles du cardinal Theodore McCarrick que cette source a répondu : « Le cardinal Müller a toujours donné suite de manière très déterminée et précise à ces affaires d’abus, et c’est pourquoi il a été renvoyé, de même qu’on également été renvoyés ses trois bons collaborateurs. »
 

Des sources vaticanes expliquent les raisons du renvoi du cardinal Müller de la CDF

 
On pouvait déjà deviner cela dans le livre d’Henry Sire, Le Pape dictateur, où l’on peut lire (et lire entre les lignes) : « Une rumeur a circulé selon laquelle François avait l’intention de reprendre au cardinal Müller, au sein de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, la compétence en matière d’abus sexuels pour la redonner à la Rote et à la Congrégation pour le clergé. Mais au lieu de cela, François s’est contenté de modifier le personnel. Il a sommairement déplacé deux employés de la Congrégation pour la Doctrine de la foi chargés des affaires d’abus sexuels (en refusant de donner la moindre explication au cardinal Müller), puis il a renvoyé Müller lui-même de son poste de préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi en juillet 2017. »
 
Maïke Hickson de LifeSite a demandé de plus amples explications à cette source vaticane, qui a fait cette allégation des plus graves pour le pape régnant : en 2014, le cardinal Müller a résisté selon lui face au pape François qui souhaitait alors lever partiellement les sanctions infligées au dit Mauro Inzoli, pourtant reconnu coupable par une cour ecclésiastique en 2012 d’abus sexuels sur des garçons dont certains n’avaient pas plus de 12 ans (et ce parfois jusque dans le confessionnal), et « suspens a divinis ».
 

« Couverture » de prêtres coupables d’abus sexuels : le pape François accusé

 
Le pape devait faire la sourde oreille face aux avertissements du cardinal allemand, préférant suivre les insistantes demandes d’indulgence du cardinal Coccopalmerio, responsable des textes législatifs – nous allons en reparler – et de Mgr Vito Pinto, aujourd’hui doyen de la Rote. Deux hommes au cœur des aménagements canoniques en matière de nullités de mariage ; le premier a en outre suggéré que les ordinations anglicanes pouvaient être valides. Tous deux grands champions d’Amoris laetitia… Dans ces affaires, l’hétérodoxie n’est jamais très loin.
 
En 2015, Mauro Inzoli participait déjà à une conférence… sur la famille en Lombardie. La justice italienne devait le rattraper un an plus tard, en le condamnant à 4 ans et 9 mois de prison pour une centaine de cas d’agressions sexuelles. A la suite de quoi une nouvelle procédure canonique a été ouverte, enfin !
 
Ces faits étaient connus. Mais il faut bien reconnaître qu’ils s’inscrivent parfaitement dans la logique de l’affaire McCarrick…
 

Comment l’affaire Viganò rejoint celle du cardinal Müller

 
Selon une autre source bien informée citée par LifeSite, c’est encore le cardinal Müller qui a été contré par le pape lors de l’attribution d’un appartement qui venait de se libérer au Palais du Saint-Office à un monsignore qui devait s’y faire prendre en plein « slam » par la police, comme le raconte Henry Sire dans son livre. Le slam, c’est une orgie homosexuelle agrémentée de drogues dures – en l’occurrence, c’est de la cocaïne qu’on a trouvée dans l’appartement loué à Mgr Luigi Capozzi, secrétaire du cardinal Coccopalmerio (nous y revoilà) malgré les avertissements du préfet de la CDF.
 
Ce qu’Henry Sire ne savait pas ou n’a pas voulu dire, c’est que le pape François est lui-même intervenu alors que le cardinal Müller tentait d’obtenir l’appartement pour y loger un des collaborateurs du CDF – la Congrégation a précisément ses bureaux au Palais du Saint-Office. Une petite note envoyée depuis la Casa Santa Marta, signée par le pape en personne, lui faisait savoir que l’appartement n’était plus libre, ayant été réservé au cardinal Coccopalmerio au bénéfice du secrétaire de ce dernier. Le même cardinal avait parlé en 2014 des « éléments positifs » des relations homosexuelles.
 

Le cardinal Müller, partisan du respect absolu des règles visant les prêtres coupables d’abus sexuels

 
Le cardinal Müller était-il ou non au courant des penchants de Capozzi ? Cela ne change rien à l’affaire. Le plus grave est ailleurs : selon cette deuxième source vaticane citée par LifeSite, « quelqu’un avait informé le pape François des problèmes de Luigi Capozzi, mais il lui a quand même donné l’appartement ».
 
Et c’est ainsi qu’au cœur du Vatican, dans un bâtiment vénérable qui abrite ceux qui travaillent – ou sont censés travailler – à la sauvegarde de la doctrine catholique et à l’examen des dossiers d’accusation visant des prêtres et des prélats trahissant gravement leur devoir en « scandalisant les plus petits » – la débauche s’est introduite. Avec la complicité du pape ? La question est posée, elle mérite une réponse.
 
Avec ou sans elle, il est évident pourtant que nous sommes en face d’un assaut infernal sur l’Eglise, une attaque qui a atteint son cœur et sa tête en ce qu’ils relèvent d’hommes pécheurs.
 

Jeanne Smits