Aymeric Caron : euthanasie, oui pour l’homme, non pour l’animal

 

La révolution arc-en-ciel vise à créer un homme nouveau dans un monde sans aucune frontière, en particulier entre l’animal et l’homme, et elle entend pour cela subvertir non seulement le droit mais les mentalités, us, mœurs et croyances. Dans cet ordre d’idées, Aymeric Caron, député apparenté LFI de Paris, écologiste radical, antispéciste, président fondateur de la Révolution écologique pour le vivant vient de prendre deux décisions d’apparence contradictoire mais cohérentes dans une perspective révolutionnaire : il a voté mardi 27 mai la loi légalisant le suicide assisté et l’euthanasie des malades et des vieillards dénommée loi sur la fin de vie après avoir déposé le mois précédent une proposition de loi contre l’euthanasie des animaux de compagnie. Aymeric Caron s’est fait connaître par le journalisme, mais touché par la grâce écologiste et antispéciste, c’est devenu un militant révolutionnaire sans aucune limite. C’est dans cet esprit qu’il faut observer sa récente activité à l’Assemblée nationale.

 

Végane et antispéciste, Aymeric Caron fan de l’animal

En 2107, alors qu’il se voulait « anarchiste » et prônait la désobéissance civile, il a publié un livre, Utopie XXI, où il défendait l’idée de permis de voter, qu’il est venu promouvoir deux fois à la télévision – avant de nier la chose quand il a eu besoin d’être élu en 2022. Sa grande affaire est le droit des animaux et le véganisme (qu’il pratique). Il a publié No steak en 2013, Antispéciste en 2016, La revanche de la nature en 2020, où il se félicite que le Covid soit l’occasion de construire un nouveau monde. Il milite bien sûr pour l’abolition de la corrida, de la chasse, et l’interdiction progressive de manger de la viande, en commençant par rendre un menu végétarien obligatoire dans les cantines scolaires. Il entend démontrer qu’on peut faire de la pâtisserie sans œufs ni lait, et demande un statut de citoyen pour l’animal. Son Rassemblement pour le vivant préconise « le respect de la planète et de tous ses habitants » et défend « les intérêts du vivant sous toutes ses formes, le bonheur individuel et collectif, la non-violence, la liberté de chacun à s’épanouir dans sa singularité et dans le respect d’autrui ». En somme il ne veut aucune frontière de nation, de race, de genre, d’espèce, c’est l’arc-en-ciel dans toute sa splendeur.

 

Une sensibilité qui préfère l’animal à l’homme, y compris à la chasse

Sa non-violence proclamée prend parfois des formes extrêmes, comme lorsqu’il recommande de ne pas écraser nos frères les moustiques. La révolution politique qu’il mène va bien au-delà des lois, car, pour en faire passer une avec quelque chance de succès à terme, il est nécessaire auparavant de subvertir en profondeur la façon de penser et de sentir du commun des mortels. Ce qui est vrai pour les moustiques l’est aussi pour la viande. A cet égard, les végans et les antispécistes, dont les manifestations ne sont pas toujours bien vues du grand public, ont reçu l’aide des militants du climat. Non contents de dénoncer la souffrance animale que peut engendrer tel type d’abattage ou d’élevage, ceux-ci persuadent le public que l’environnement dans son ensemble pâtit de la présence des bêtes à viande, grosses consommatrices d’eau et productrices de déchets et de gaz à effet de serre. Il y a une synergie des subversions qui s’exprime sur les réseaux sociaux. Elle prend la forme d’une nouvelle morale, qui place l’intérêt de l’animal au-dessus de celui de l’homme dans bien des circonstances. Il n’est pas rare de voir des internautes apparemment posés se réjouir, par exemple, que le taureau encorne le torero, et que le cerf tue le chasseur.

 

Aymeric Caron pour l’euthanasie zéro de l’animal de compagnie

Voilà le climat mental, qu’ils ont provoqué et qu’ils entretiennent, dont animalistes et antispécistes se servent pour changer le droit. Ainsi Aymeric Caron a-t-il déposé le 17 avril 2025 une proposition de loi « visant à interdire les euthanasies dites de convenance des chiens et des chats ». Prenant exemple sur la loi espagnole dite Euthanasie zéro, adoptée en septembre 2023, elle entend punir de trois ans de prison et 50.000 euros d’amende « l’euthanasie des chiens et des chats pour des raisons économiques, de surpopulation ou de manque de place (…). La décision d’euthanasie d’un animal ne peut être prononcée qu’en dernier recours, uniquement dans le cas où le maintien en vie de l’animal lui occasionnerait de souffrances intolérables compromettant son bien‑être ». En somme, c’est le dossier médical de l’animal qui déterminera si l’euthanasie doit être pratiquée ou non. La proposition de loi oblige aussi les fourrières et refuges à stériliser dès leur arrivée tous les animaux qu’ils reçoivent.

 

Aymeric Caron entre trémolos et statistiques

Dans l’exposé de ses motifs, Aymeric Caron joue la corde sensible, parlant de « découvertes macabres » et « d’exactions » au sujet de l’euthanasie pratiquée selon lui massivement par certains refuges, ou certaines fourrières. Puis il s’essaie à des statistiques d’ordre général, dont il ne songe pas à cacher l’imprécision, pour conclure : « 70.000 chats et 24.500 chiens seraient donc euthanasiés chaque année dans les refuges et fourrières dans l’Hexagone. » Il donne enfin un assez long développement sur les 73.000 chiens errants dont la Réunion abrite selon lui un sur cinq, qui montre la cohérence révolutionnaire d’un discours contradictoire : d’un côté, il fait entrer l’élimination des chiens dangereux dans « l’euthanasie de convenance », refusant donc clairement la primauté de l’homme et proclamant l’égalité statutaire de l’animal. D’un autre côté, il entend mettre fin à l’errance, donc refuse la liberté à ce même animal proclamé l’égal de l’homme, et veut par-dessus le marché lui imposer la castration, restriction encore plus forte de liberté : il n’a affecté sa compassion pour le vivant qu’afin de miner la frontière naturelle des espèces au profit d’un processus révolutionnaire.

 

100.000 chats et chiens euthanasiés, 244.000 bébés avortés

La preuve en est donnée par l’ensemble des votes d’Aymeric Caron sur la vie. Il a voté la loi sur le suicide assisté et l’euthanasie pour l’homme mardi dernier – c’est-à-dire pour lever l’interdiction de tuer un homme adulte, en se réfugiant toujours derrière le diagnostic des médecins. L’homme et l’animal se trouvent ainsi soustrait à la loi morale pour n’être plus soumis qu’à la loi médicale. Il y a plus et pire. Aymeric Caron est pour l’avortement chez l’homme, comme il est pour la stérilisation de l’animal. Quel que soit, cette fois, l’état physique de l’individu. Il est pour la mort et la décroissance. A cette fin, il laisse toute liberté à la femme qui avorte, c’est un droit dont il a voté l’inscription dans la Constitution. Nouvelle contradiction, car à l’animal dont il veut faire un citoyen il ne laisse, à cet égard, aucune liberté. Mais dans les deux cas, la liberté ou l’obligation mènent à la mort. Et, pour l’homme, Aymeric Caron ne voit aucun inconvénient à ce que soit pratiqué l’avortement dit de convenance ! Il pleure sur les cent mille chats et chiens qu’on euthanasie en 2016, pas sur les 244.000 bébés massacrés en 2024.

 

Pauline Mille