Persécution anti-catholique : deux prêtres arrêtés en Biélorussie

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Deux prêtres catholiques ont été arrêtés le 8 mai dernier en Biélorussie alors qu’ils sortaient d’une réunion de prêtres et de moines à l’église de Shumilino dans le diocèse de Vitebsk, sans que l’on sache pourquoi à ce stade. Le P. Andrzej Juchniewicz et le P. Pavel Lemech de l’Ordre des Missionnaires des Oblats de Marie Immaculée étaient attendus par trois voitures de policiers en civil qui les ont embarqués après le départ des participants à la réunion, non sans avoir « inspecté » les lieux.

Ils ont été aussitôt placés en état d’arrestation administrative, probablement, selon le site biélorusse katolik.life, « pour des actions sur Internet », motif invoqué pour la condamnation massive de Biéolorusses ces dernières années. L’abonnement à des publications jugées « extrémistes », les reposts, commentaires et autres symboles sur les avatars des internautes suffisent à justifier les infractions, précise le site.

En l’occurrence, un jeune paroissien du sanctuaire de la Mère de Dieu de Fatima à Shumilino, desservi par les deux prêtres, a été arrêté en même temps, a été accusé de détention de « matériel extrémiste » pour s’être abonné sur un réseau social à une page d’information déclarée « extrémiste » ; il a été remis en liberté et n’a pas encore été jugé.

 

Deux prêtres catholiques de Biélorussie arrêtés par le pouvoir

Il n’en va pas de même pour les deux prêtres : les pères Lemech et Juchniewicz, tous deux de nationalité biélorusse, ont été jugés « à distance », vraisemblablement pour un motif similaire, sans être amenés à l’audience au tribunal. Katolik.life affirme avoir pu apprendre que « l’arrestation administrative du père Pavel expire le 18 mai et celle du père Andrzej le 23 mai ». « Cela signifie qu’ils ont été condamnés respectivement à 10 et 15 jours de prison. Les prêtres seront libérés ces jours-ci s’ils ne sont pas accusés d’autre chose entre-temps », précise le site d’information.

En attendant, aucune information officielle n’a été donnée par les autorités biélorusses sur la raison et les circonstances de l’arrestation des deux prêtres catholiques. Des paroissiens de l’église de la Mère de Dieu de Fatima ont indiqué que Mgr Oleg Butkevitch, évêque de Vitebsk, a personnellement contacté le centre où sont détenus les prêtres, ainsi que la police, mais s’est vu refuser tout renseignement.

De façon générale, dans de tels cas, les personnes arrêtées attendent leur jugement en détention dans des conditions « particulièrement difficiles », selon katolik.life : « sans matelas, dans des cellules surpeuplées et avec une maigre nourriture ».

 

L’activité « extrémiste » – comme l’abonnement à une page internet – suffit à justifier que des prêtres soient arrêtés

Le sanctuaire de la Mère de Dieu de Fatima s’est trouvé sans prêtre et sans messe à l’occasion de la fête de l’Ascension.

L’arrestation des deux Oblats de Marie Immaculée a fait l’objet d’un communiqué, lundi, de la part du supérieur général de cette communauté religieuse, l’Espagnol Luis Ignacio Rois Alonso. La communauté est « profondément préoccupée par cette nouvelle », a-t-il déclaré.

Le communiqué poursuit :

« L’arrestation des deux missionnaires oblats n’est pas un épisode isolé. Selon Christian Vision, une organisation de surveillance de la liberté religieuse en Biélorussie, au moins 60 prêtres ont été “persécutés politiquement” depuis le 11 octobre 2023.

« Cette question a également été abordée dans une proposition de résolution de la commission des affaires étrangères du Parlement européen l’année dernière. Le texte appelait le Parlement européen à “condamner fermement la persécution des communautés religieuses en Biélorussie ainsi que la persécution des prêtres et des laïcs qui refusent de soutenir la position du régime de Loukachenko”. »

La Biélorussie est fortement alignée sur la Russie dans le cadre de la guerre que celle-ci mène en Ukraine.

 

Jeanne Smits