Le cardinal Pietro Parolin déclare que les catholiques ont le devoir de contrer le refus d’accueillir les migrants

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Les nations « les plus avancées économiquement » n’ont pas le droit de fermer leurs frontières aux migrants, a solennellement affirmé le cardinal Pietro Parolin en ouvrant l’assemblée plénière de la commission catholique internationale pour les migrations à Rome, mardi. Le secrétaire d’Etat du Vatican, l’un des plus proches collaborateurs du pape François, a déclaré que les catholiques sont appelés à œuvrer contre les attitudes négatives à l’égard des migrants, et notamment à tout faire pour contrer le refus de les accueillir.
 
Son propos, disons-le tout de suite, ne visait pas l’attitude individuelle du catholique vis-à-vis de l’étranger : une obligation évangélique d’accueil qui s’exerce cependant sous le regard de la vertu de prudence. Le cardinal appelle au contraire à une action véritablement politique qui cherche à infléchir et à modifier des décisions prises au niveau du pouvoir. Oublié, donc, le bien commun de la nation que celle-ci a la charge de promouvoir d’abord pour ses propres citoyens.
 

Les catholiques doivent accueillir les migrants : pas le choix !

 
Le cardinal Parolin a ouvert son discours en évoquant le devoir d’accueil des nations « les plus avancées économiquement », spécialement celles qui, « indéniablement, doivent une grande part de leur développement aux migrants ». Sophisme : s’il y a un devoir de gratitude et de reconnaissance à l’égard d’immigrés qui ont réellement contribué au bien d’un pays, celui-ci ne s’étend pas aux nouveaux arrivants potentiels… et ce d’autant que l’on sait très bien que les migrants actuels, qui ne partagent ni la langue, ni la culture de leur pays d’accueil, y doivent le plus souvent leur subsistance aux prestations sociales, faute de pouvoir s’intégrer dans le monde du travail alors que leur arrivée massive complique encore le problème.
 
Mais la réflexion sur les migrants, menée à la commission catholique internationale pour les migrations, ne se soucie pas de ces réalités-là. Exhortant l’Eglise catholique et toutes ses instances qui travaillent plus spécifiquement avec les migrants et les réfugiés à se faire leurs avocats et leurs promoteurs, quitte à chercher pour eux des pays d’accueil « alternatifs », le cardinal secrétaire d’Etat a exprimé plutôt le discours idéologique d’accueil à tout-va, en citant le pape François.
 
Celui-ci encourage les catholiques à s’éloigner des « attitudes défensives ou de peur, de la différence et de la marginalisation – toutes typiques d’une culture du déchet – pour aller vers des attitudes fondées sur la culture de la rencontre, la seule culture capable de construire un monde meilleur, plus juste et fraternel », a rappelé le cardinal Parolin.
 

Les dénis du réel encouragés par le cardinal Pietro Parolin

 
Encore un déni du réel : le caractère massif des migrations et les profondes différences culturelles des groupes en présence est précisément ce qui déclenche le conflit, le sentiment de peur justifié par une délinquance dont on perçoit qu’elle est occultée, et donc le rejet.
 
Un déni du réel auquel les agences catholiques ont été fermement invitées à participer : avec les conférences épiscopales, elles doivent diffuser les informations qui aideront à « dissiper des nombreux préjugés sans fondement et les peurs suscitées par la réception des étrangers », en « promouvant une perception équilibrée et positive des migrations », et ce d’autant que les situations dont les migrants cherchent à s’échapper sont de plus en plus « terribles ».
 
L’assemblée de la commission s’est poursuivie avec diverses interventions tout aussi favorables à l’accueil de la migration de masse. Anna Rowlands, professeur de doctrine sociale de l’Eglise à l’université de Durham, en Angleterre, a ainsi expliqué que la Bible elle-même est « un livre d’histoire de migrations », volontaires ou contraintes, répondant à l’appel de Dieu ou consécutives aux actes peccamineux de l’humanité. Et selon elle – elle s’est référée elle aussi au pape François – la responsabilité de l’accueil incombe non seulement aux leaders politiques mais à la société civile qui aujourd’hui, a-t-elle insisté, a perdu le sens de la responsabilité des uns à l’égard des autres.
 
C’est au fond un appel à aligner le discours de l’Eglise sur la politique maçonnique de l’ONU qui a été entendu à Rome mardi. La directrice de la division de la protection internationale de l’agence pour les réfugiés UNHCR, Carol Batchelor, a ainsi pu prendre la parole pour parler des 66 millions de réfugiés ou de personnes déplacées de force dans le monde aujourd’hui – « le plus grand nombre jamais enregistré » – et des enfants dont le temps moyen d’attente pour leur « réinstallation » atteint désormais 17 ans : « la totalité de leur enfance ».
 

Le refus de l’accueil des migrants, le nouveau péché capital du XXIe siècle ?

 
Des chiffres qui font peur, a-t-elle reconnu, mais parce qu’il s’agit d’« abstractions », même lorsqu’il s’agit de statistiques positives. Il faut que les réfugiés soient entendus personnellement et il faut apprendre à les connaître personnellement, a-t-elle martelé.
 
Représentant le « Compact global pour la migration », autre instance immigrationniste onusienne, Michele Klein Solomon a tenu un discours similaire, affirmant que le plus grand défi actuel est « la diabolisation des migrants et des réfugiés, et ce discours qui fait tant de mal : rendre les individus coupables, les qualifier de criminels, de menaces, de terroristes, de gens qui rejoignent une société pour essayer de profiter des services sociaux et prendre les emplois ».
 
Il faut donc en faire plus, toujours plus, non pas pour aider les migrants à rentrer chez eux mais pour les « réinstaller » ailleurs. Trump a-t-il fermé, ou quasiment, les portes de l’Amérique ? Eh bien, il faut trouver d’autres moyens de « réinstaller » les migrants ;
 
Mais surtout, sans se poser de questions.
 

Jeanne Smits