Et si nos chiens et chats devenaient végétaliens pour le climat ?

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Il y a les gens qui deviennent végans parce qu’ils chouchoutent leur compagnon à quatre pattes et se mettent brusquement à considérer que des comparses de leur chéri se trouvent dans leur assiette. Et il y a ceux de l’étape suivante, qui les véganisent tout bonnement d’office : leurs chiens et leurs chats ne mangeront pas non plus leurs frères animaux, quand bien même ce serait dans leurs gênes ! Car, une étude vient de le prouver, la réduction de la production d’aliments pour chiens et chats à base de viande pourrait vraiment aider la planète et surtout son climat… Un argument imparable pour tout militant écologiste qui se respecte.

En somme, on veut changer l’état de nature des chiens mais aussi en partie des chats. Et ça n’apparaît à personne que ça puisse être plus cruel que de tuer un animal pour le manger… L’éthique écologiste se fait ses propres règles, et n’entend pas se préoccuper des réalités biologiques : les tubes digestifs des herbivores et des carnivores diffèrent du tout au tout et disent suffisamment quel régime est adapté à chacun.

 

Chiens et chats, aussi responsables du changement du climat

« Cette étude montre les avantages environnementaux lorsque les régimes végétaliens sont utilisés pour nourrir non seulement les humains, mais aussi les chiens et les chats », a déclaré Andrew Knight, professeur vétérinaire et auteur de cette étude publiée dans la revue scientifique PLOS ONE. Les émissions de gaz à effet de serre provenant de l’industrie de la viande seraient ainsi, selon lui, considérablement réduits.

Il faut savoir qu’un canidé de petite taille consomme en moyenne 180 kg de viande par an… contre 55 kilos en moyenne par personne humaine. Et que, selon les chiffres rapportés par une récente émission d’ARTE, le nombre de chiens en Europe connaît une forte hausse depuis les années 2000. Andrew Knight a donc calculé que les chiens et les chats du monde entier consommaient environ 9 % de tous les animaux terrestres tués pour se nourrir, soit environ 7 milliards d’animaux par an, ainsi que des milliards de dollars de poissons et d’animaux aquatiques.

Si les seuls chiens devenaient végétaliens, cela permettrait d’économiser, toujours selon l’étude, plus de gaz à effet de serre que tous ceux émis par le Royaume-Uni, un territoire plus grand que le Mexique, et une eau douce dépassant toute l’eau douce renouvelable au Danemark. Et que cette économie permettrait de nourrir environ 450 millions de personnes supplémentaires – soit plus que l’ensemble de la population de l’UE.

 

La « petfood » issue du recyclage des parties carnées délaissées par les humains

On peut légitimement se poser quelques questions. Surtout que la majorité des aliments pour animaux vendus au Royaume-Uni (et ailleurs) sont fabriqués à partir de sous-produits de la production de viande, qui ne sont pas consommés bien qu’ils soient officiellement déclarés propres à la consommation humaine, selon la British Veterinary Association (BVA)… Quel serait vraiment l’impact direct sur le nombre de têtes de bétail vendues dans la chaîne d’approvisionnement ?

Il pourrait être dérisoire, sauf si 450 millions de personnes se mettent à manger des larynx de chèvre, des babines de cheval et des pis de génisses.

Mais le problème majeur est surtout que les chiens sont omnivores, et les chats sont carnivores. Et que les deux, surtout les chats, ont nécessairement besoin de taurine, nutriment essentiel présent dans la viande. Comment, dès lors, les rendre végétaliens ? La plupart du temps, les nombreuses entreprises qui ont vu le jour ces dernières années, surfant sur cette mode du végan, rajoutent des suppléments de taurine dans les aliments végétaliens. Et si ce n’est pas le cas, elles demandent expressément que soit rajouté un apport carné pour ne pas finir avec des chats carpettes qui finissent au tapis.

 

« Intérêt croissant » pour les régimes végétaliens

Alors oui, l’étude nous assure qu’environ 9 % des propriétaires de chats nourriraient déjà leurs animaux avec un régime sans viande. Ces derniers ont signalé de meilleurs résultats de santé, mais aucune différence trouvée, hormis une, n’a été considérée comme statistiquement significative… Et puis, combien de ces chats ne sont pas allés chercher dehors ce qu’on leur refusait dedans ! Un petit oiseau par-ci, une petite souris par là… Pour les chiens, c’est plus aisé à mesurer dans la mesure où ils sont à la base omnivores et supportent mieux ce type d’alimentation – sauf quand ils sont petits.

Mais en tout état de cause, les données sur le sujet manquent clairement. Et même si, en France, la tendance prend aussi de l’ampleur, encore plus aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, de nombreux vétérinaires pointent les risques – parfois majeurs – de ce type de régime. Des travaux allemands publiés en 2021 ont permis d’analyser quatre régimes végétaliens complets pour chats et chiens adultes disponibles sur le marché allemand : il est apparu qu’aucun de ces produits ne répondait aux besoins énergétiques et nutritionnels d’une alimentation complète pour chiens et chats adultes…

Et puis, gardons à l’esprit que ladite étude a été commandée et financée par le Food System Research Fund, une organisation à but non lucratif dédiée à l’élimination des animaux du système alimentaire mondial, et par Wild Earth, une entreprise qui fabrique des aliments végétaliens pour animaux de compagnie. Ce qui fausse, déjà, un peu le débat.

Ces anti-spécistes qui nous parlent à tour de bras de la cruauté animale, y replongent par l’ironie de leur mauvaise logique. Peut-être aussi faudrait-il rééduquer la faune sauvage et les habitudes abominables qu’ont ses protagonistes de se manger les uns les autres dans ce cycle atroce de la chaîne alimentaire ?

 

Clémentine Jallais