Le chômage des jeunes de 16 à 24 ans a atteint 17,1 % en Chine en juillet, soit 3,9 points de plus le mois précédent : c’est un record pour l’année en cours et comme le note Voice of America, la réalité pourrait être encore plus morose. Connu pour le traficotage de ses statistiques officielles, l’empire communiste avait même dans un premier temps cessé de publier les chiffres du chômage des jeunes lorsque ceux-ci grimpèrent à 21,3 % en 2023 ; au bout de six mois, ils avaient reparu mais discrètement amputés du comptage des étudiants en recherche d’emploi. Même ainsi, la proportion de jeunes sans travail est trois fois plus importante que celle des aînés – alors même qu’on attend l’arrivée d’une cohorte inédite de demandeurs d’emploi frais émoulus des universités. Ils risquent de ne trouver rien d’autre que des postes dans l’industrie des services, alors que l’industrie patine faute d’une demande locale vigoureuse. Cela peut sembler contre-intuitif alors que la Chine souffre déjà d’une contraction de sa force de travail, mais en fait celle-ci est en elle-même, à travers l’appauvrissement qu’entraîne la dénatalité, un facteur de rétrécissement du marché de l’emploi. Et le phénomène semble s’installer. En mai 2023, le président Xi Jinping avait déjà réagi aux difficultés des jeunes à trouver du travail en recommandant aux plus diplômés d’apprendre à « manger de l’amertume » et à se contenter d’un travail manuel ou de s’installer à la campagne et de « rechercher des privations auto-infligées ». Le discours n’avait pas vraiment pris.