Inouï ! Confrontée à l’hiver démographique et au manque de réponse de la population face à la modification de la politique de l’enfant unique, devenue politique – non moins contraignante – des deux enfants, la Chine en est arrivée à envisager des encouragements à la natalité. Il serait notamment question de mettre en place des avantages fiscaux pour les familles avec deux enfants. Mais pas plus…
Le ministre des finances Xiao Jie a déclaré lors d’une conférence de presse en marge de la session parlementaire annuelle, mardi, que son ministère travaille actuellement sur la réforme de l’impôt individuel sur le revenu.
Il est notamment question d’augmenter le nombre des éléments pris en compte pour les déductions fiscales, tels les frais d’éducation pour les familles ayant accueilli un deuxième enfant, alors que l’échec de la « libéralisation » de la politique de planning familial semble être essentiellement lié au coût financier que représente l’agrandissement de la famille. C’est en tout cas l’explication la plus fréquemment donnée par les médias.
La Chine découvre les avantages de la politique familiale
La nouvelle politique reste à l’état d’ébauche : selon Zhang Bin, chercheur à l’Académie chinoise des sciences sociales, répondant aux questions du média anglophone contrôlé par le pouvoir communiste central, Global Times, on ne connait pas encore le montant des sommes défiscalisées ni l’âge à partir duquel un second enfant sera pris en compte.
En février, Wang Pei’an, directeur délégué de la Commission nationale de la santé et du planning familial, affirmait déjà lors d’une conférence universitaire nationale sur la sécurité sociale que la Chine envisage de mettre en place des mesures pour faciliter la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale, avec notamment la création de crèches dans les entreprises et l’allongement des congés de maternité et de paternité, sans compter des allocations familiales spécifiques, elles aussi à l’étude.
Introuvables familles de deux enfants
Une enquête menée par la Commission nationale du planning familial révèle que 60 % des familles qui refusent d’avoir un deuxième enfant expliquent leur décision par des questions financières et le manque de possibilités d’accueil des jeunes enfants. Parmi celles qui ont eu un deuxième enfant, un tiers des femmes ont dû quitter leur emploi pour devenir mères au foyer.
Cela fait dire à Zhang Bin qu’il vaut mieux prévoir un subventionnement direct des familles plutôt que des réductions d’impôts dont les plus modestes ne profiteront pas.
La Chine serait-elle en train de découvrir les bienfaits de la politique familiale ? Dans une certaine mesure, oui, et au moment même où des pays beaucoup plus atteints par la dénatalité et l’annonce d’un suicide démographique en bonne et due forme, en Europe, ne font rien pour encourager les familles à donner la vie.
Soutiens fiscaux d’un côté, politique répressive de l’autre : c’est ça, le communisme
Mais cela n’empêche pas la Chine de continuer son ingérence tyrannique dans la vie des familles puisque d’une façon ou d’une autre, le pouvoir communiste cherche à y gérer précisément les naissances, et prévoit des sanctions sévères pour ceux qui outrepasseraient le nombre d’enfants légal.
Quelques-uns des effets tragiques de cette politique toujours d’actualité ont été mis en évidence dans une vidéo tourné par la Thomson Reuters Foundation, où l’on voit des « deuxièmes enfants » de l’époque de la politique de l’enfant unique décrire leur vie de fantômes administratifs qui, faute d’être enregistrés comme citoyens n’ont droit à rien : ni soins, ni scolarisation, ni même l’accès aux transports publics.
On comprend que les Chinois soient devenus méfiants.