La Chine communiste accusée d’ingérence en faveur de Mark Carney, Premier ministre du Canada

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Mark Carney (© Bank of England)

 

Le gouvernement de la Chine, autrement dit le Parti communiste chinois (PCC) est à l’origine d’une « opération » en ligne qui a été menée sur WeChat en vue de présenter le nouveau Premier ministre canadien Mark Carney sous un jour positif. Tel n’est pas le constat d’une quelconque officine « complotiste » mais du très officiel « Groupe de travail sur les menaces en matière de sécurité et de renseignements visant les élections » mis sur pied en 2023 pour surveiller la menace de l’« ingérence étrangère » dans quatre circonscriptions électorales. Mieux connu sous son acronyme anglais SITE, cette agence créée à l’instigation de Dominic LeBlanc, alors ministre des Affaires intergouvernementales, a identifié un robot qui a opéré à l’aide du soutien du PCC dans le but de faciliter la victoire du parti de Carney lors de l’élection fédérale de 2025. Ce « bot » diffusait notamment des informations positives sur le candidat mondialiste qui remplace Justin Trudeau – en le « continuant ». Ces messages étaient rédigés en langue chinoise (mandarin, cantonais, hakka…).

« Le groupe de travail SITE estime que l’opération d’information étrangère soutenue par l’Etat visait à influencer les communautés chinoises au Canada et à façonner les perceptions » concernant Carney, a déclaré Laurie-Anne Kempton, secrétaire adjointe aux communications du Bureau du Conseil privé, lors d’une conférence de presse lundi.

 

L’ingérence de la Chine communiste en faveur de Carney

SITE a ainsi identifié une « opération d’information sur WeChat », principale plateforme de réseaux sociaux en Chine, au moyen du compte intitulé « Youli-Youmian ». Les contenus de ce dernier, compte d’informations le plus populaire de la plateforme, semblent avoir été diffusés et amplifiés par des robots.

Un exemple ? Deux messages favorables à Mark Carney datés de mars ont rapidement fait le buzz, obtenant des millions de vues. Cela a attiré l’attention de SITE, qui a alors découvert que les messages sur les réseaux sociaux faisaient partie d’une campagne de guerre de l’information menée par le gouvernement communiste de Pékin. « Ce contenu a été amplifié de manière coordonnée et non authentique », a déclaré Laurie-Anne Kempton.

Le message publié le 10 mars par Youli-Youmian portait le titre « Les Etats-Unis se heurtent à un Premier ministre “dur à cuire” », faisant référence aux négociations douanières en cours entre le Canada et Donald Trump. Cinq jours plus tard, Youli-Youmian évoquait une élection où le Canada « était à la recherche de sa propre survie ».

SITE a noté que les comptes de robots des réseaux sociaux qui repostent le contenu de Youli-Youmian « ne publient pas de contenu original », mais « ont continué de republier le contenu de Youli-Youmian longtemps après sa mise en ligne initiale, probablement pour améliorer la visibilité de l’article et renforcer la présence de Youli-Youmian dans les fils d’actualité des utilisateurs ».

 

L’ingérence communiste se fait via un compte WeChat

Selon le renseignement canadien, ce compte est lié la Commission centrale des affaires politiques et juridiques du Parti communiste chinois.

Alors que Mark Carney a officiellement accédé au poste de Premier ministre le 14 mars dernier en tant que leader désigné du parti libéral à la suite d’une élection interne après la démission de Justin Trudeau, l’ancien banquier de haut vol, particulièrement mobilisé contre le « réchauffement climatique d’origine humaine », a rapidement annoncé la tenue d’élections anticipées pour désigner les 343 députés fédéraux du Canada, et cherche donc à obtenir un maximum de soutien au sein de la Chambre des communes, et y défendre la majorité relative dont jouissait son prédécesseur.

 

Carney aime la politique de la Chine communiste

La Chine communiste apparaît comme lui étant favorable, si l’analyse de SITE est juste. Celle-ci vient en tout cas renforcer l’avis du parti conservateur canadien qui a sonné l’alerte il y a quelques jours en ressortant une vidéo de 2016 où Mark Carney affirmait que la « vision » du gouvernement communiste chinois sur les affaires du monde « constituait l’un de ses multiples atouts » : des louanges exprimées alors qu’il était gouvernement de la Banque d’Angleterre. Il saluait également le « leadership ambitieux » de Pékin dans le cadre des relations commerciales globales. Communisme, libéralisme, cosmopolitisme et alarmisme du climat vont main dans la main

A ce jour, trois candidats aux élections du 28 avril ont déjà abandonné la course pour cause de soupçons d’ingérence étrangère. C’est encore la commission canadienne de l’ingérence étrangère qui a estimé que des intervenants chinois ont contribué à faire élire quelques députés lors des élections fédérales canadiennes en 2019 et en 2021. Cette commission estime en outre que la Chine est la principale entité étrangère responsable d’ingérence dans la vie politique du Canada.

 

Anne Dolhein