Jeudi dernier, la Chine communiste organisait un défilé militaire massif pour célébrer le soixante-dixième anniversaire de la victoire sur l’envahisseur Japonais pendant la seconde guerre mondiale. Les autorités ne se sont pas gênées pour tordre l’histoire au profit du parti communiste – dont la participation à cette victoire a été anecdotique– et ont mis en œuvre des moyens illimités pour rehausser cette démonstration de force. L’arsenal militaire, avec notamment les systèmes de missiles impeccablement alignés, a pu laisser entrevoir le développement rapide de l’industrie d’armement de la Chine. De nombreuses armes étaient exposées pour la première fois.
 
Pendant la cérémonie, le président chinois Xi Jinping a annoncé la suppression de 300.000 postes dans l’armée chinoise. La puissance de feu et la mobilité ayant été fortement améliorées, cette annonce signe une réorganisation de l’armée bien plus que d’une démilitarisation. Plusieurs experts ont d’ailleurs affirmé que la marine, l’aviation, les capacités de déploiement et de guerre électronique seraient renforcées tandis que les réductions d’effectif toucheraient principalement les unités dotées d’équipements obsolètes, le personnel administratif et non-combattant.
 

L’arsenal militaire exposé par la Chine révèle les avancées majeures de son industrie d’armement

 
Après l’annonce du président chinois concernant la suppression de postes dans l’armée chinoise, le porte-parole du ministère de la Défense l’a d’ailleurs affirmé : « Les forces armées chinoises seront moins nombreuses mais plus performantes, et plus scientifiques », a-t-il déclaré.
 
Lors du défilé de la victoire, la Chine a exposé une impressionnante batterie de missile : le missile balistique « tueur de porte-avions » DF-21D, le missile balistique de courte portée DF-15B, des missiles balistiques de moyenne portée tels le DF-16 et le DF-21C, des missiles de portée intermédiaire tels le DF-26, le DF-5B ou le DF-31A ainsi que le missile de croisière DF-10. En théorie, ces systèmes de missiles permettent à la Chine de tirer des ogives de différentes puissances, qui lui permettent d’opposer une dissuasion stratégique à tout ennemi.
 
Et bien que les capacités balistiques réelles de la Chine ne puissent être évaluées à partir d’un défilé, les analystes s’accordent pour reconnaître que les profils et dimensions des armes exposées suggèrent que la Chine pourrait rapidement devenir un producteur important de missiles.
 

Lorsque l’industrie d’armement de la Chine n’est pas performante, le pays se tourne vers la Russie

 
Un fossé demeure, notamment dans le développement de systèmes électroniques sophistiqués ou de systèmes de propulsion fiables et puissants , mais l’industrie de la Chine produit désormais des navires de guerre et des sous-marins, des systèmes terrestres ainsi que des avions qui lui permettent de surpasser des différentes armées qui opèrent dans la zone Asie-pacifique. Lorsque ses capacités sont encore restreintes, la Chine se fournit auprès de la Russie, jusqu’à ce que l’industrie locale franchisse un nouveau cap. En attendant, elle essaye de compenser la qualité par la quantité.
 
En soulignant les manquements, le Livre Blanc de la défense chinoise a récemment appelé de ses vœux le développement d’une « innovation indépendante » et d’un « développement durable » des armes avancées et de l’équipement militaire du pays. Depuis, de grands investissements de l’Etat encouragent les entreprises chinoises à utiliser la technologie d’entreprises étrangères, notamment américaines, qui opèrent dans le secteur commercial en Chine, et soutiennent le développement de l’industrie d’armement dans le pays. En réponse aux sanctions occidentales sur les armes, la Chine a choisi de multiplier le développement de technologies duales, susceptibles d’être utilisées tans à des fins militaires que civiles. Le programme aérospatial a par exemple également bénéficié au secteur de l’armement.
 

La Chine conserve des lacunes dans son industrie d’armement mais travaille intensément

 
La Chine espère également promouvoir la croissance du secteur privé et encourager les sociétés publiques d’armement à entrer en bourse pour accroître les performances et la responsabilité des dirigeants, stimuler l’innovation et répondre aux demandes du marché le plus rapidement possible.
 
La Chine n’est pas encore sur le point de rattraper les plus grosses entreprises mondiales d’armement mais y travaille. Ses progrès sont lents dans le secteur de la recherche et du développement, et la dépendance à la Russie est encore très forte. Mais les avances réalisées ces dix dernières années restent spectaculaires. Les efforts à consentir sont encore gigantesques, mais le matériel exposé lors du dernier défilé militaire montre que la Chine comble rapidement son retard.
 

Béatrice Romée