Le Billet : Les cinquante nuances de l’arc-en-ciel gallois agacent un ministre conservateur britannique

Cinquante Nuances Arc-en-ciel Gallois
Le drapeau « aromantique » et le drapeau LGBT


David Davis, secrétaire d’Etat britannique chargé du Pays de Galles, a critiqué le gouvernement travailliste gallois d’avoir « donné la priorité à une communication destinée à montrer qu’il pense bien en matière d’arc-en-ciel [en anglais : « woke »] sur leur devoir de réduire les pires listes d’attente du Royaume-Uni » en matière de santé. Pour comprendre ce reproche, il faut savoir d’une part que le système de santé (NHS) gallois est complètement engorgé, et de l’autre, que les autorités galloises ont lancé au mois de juin un « plan drapeau » visant à arborer sur tous les bâtiments publics des drapeaux de toutes les nuances de l’arc-en-ciel, le drapeau bisexuel, le drapeau « aromantique », etc.

 

Le gouvernement gallois aime l’arc-en-ciel

Tout le monde connaît le drapeau LGBT+, qui regroupe toutes les nuances de la sexualité et de l’identité existentialiste et imaginative : c’est le même que le drapeau inca, celui de la nation arc-en-ciel de Desmond Tutu, ou du Rainbow Warrior écologiste, avec juste une inversion de bande. Mais le gouvernement travailliste gallois de Mark Drakeford, afin de montrer que « le pays de Galles a l’ambition de devenir la nation la plus “LGBTQ+ friendly” en Europe », a lancé un plan d’action LGBTA+ pour le Pays de Galles, dont le plan drapeau est un pan important. « Arborer les drapeaux appropriés sur les bâtiments du secteur public est l’un des moyens par lesquels les autorités peuvent montrer notre soutien. »

 

Les nuances complexes des drapeaux de l’arc-en-ciel

Les « drapeaux appropriés » ont donc fleuri les façades des bâtiments dépendant du gouvernement, du parlement, ou de la NHS, le système de santé, afin de soutenir les « communautés sous-représentées ». Et le gouvernement gallois est descendu dans le détail de la question. Le drapeau arc-en-ciel ne suffisait pas. Il a décidé, notamment, de faire plaisir aux bisexuels, aux asexuels et « aromantiques », ce qui signifie, dans le langage britannique de l’affaire, ceux qui n’ont « pas beaucoup de sentiment amoureux mais apprécient le sexe » (et qu’en termes galants ces choses-là sont dites). Pour ceux que le détail intéresse, le drapeau aromantique est fait de bandes horizontales vert foncé, vert clair, blanc, gris et noir, il a été hissé le 5 juin. Le bisexuel flottera le 23 septembre, il est rose, pourpre et bleu, et nous devrons attendre le 6 avril, journée internationale de l’asexualité, pour admirer le drapeau asexuel, noir, gris, blanc et pourpre. Le gouvernement gallois a garanti aux autres groupes qui en feraient la demande leur propre « jour de drapeau ».

 

Le terre-à-terre britannique : et si on s’occupait de santé publique ?

Faut-il alors s’étonner que David Davies s’impatiente un peu : pendant que les bâtiments de la NHS arborent ces élégants fanions, les patients gallois las de patienter devant l’engorgement de leur système de santé vont se faire soigner en Angleterre ! « Plus de 30.000 Gallois sont coincés sur des listes d’attente depuis deux ans. Cette crise est entièrement due à la politique du gouvernement travailliste gallois qui a la pleine responsabilité de la politique de santé au pays de Galles. » Et d’ajouter : « L’éducation dépend aussi des travaillistes gallois, et les élèves gallois ont maintenant le plus bas niveau en alphabétisation et en calcul du Royaume-Uni. » Peut-être, mais ils connaissent toutes les nuances de l’arc-en-ciel.

 

Pauline Mille