On a beaucoup parlé depuis le 9 juin de valeurs républicaines, de front républicain, de devoir républicain, mais l’observation de la situation force à choisir plutôt l’expression comédie républicaine. Elle met en scène un grand nombre d’acteurs, à commencer par le président de la République auteur d’une dissolution que l’on peut dire à fragmentation ou à tirer dans les coins, suivi par tous les grands personnages de la République, les partis de droite, de centre et de gauche, l’ensemble des influenceurs sportifs, artistes ou syndicaux, tous plus effrontés les uns que les autres, au service d’un scénario dont les rebonds ne cessent de surprendre et de montrer à quel point les adjectifs républicain et républicaine sont polysémiques, et ceux qui s’en parent aussi imaginatifs que cyniques. Dernier exemple en date, André Chassaigne s’est porté candidat à la présidence de l’Assemblée nationale, communément nommée le perchoir. Et le député communiste de la cinquième circonscription du Puy-de-Dôme est soutenu par le NFP pour une fois unanime.
Macron metteur en scène d’une grande comédie républicaine
A tout seigneur tout honneur, Emmanuel Macron. Au soir des européennes, la situation politique était claire en France : le peuple, las des magouilles et de l’impuissance républicaine, avait massivement voté pour le Rassemblement National. Les Républicains, les écolos et les macronistes étaient en loques, le PS et LFI surnageaient, mais la gauche en recul n’atteignait pas 30 %. Aussitôt Macron dissout l’Assemblée nationale et convoque des législatives express, en vue, dit-il, d’une clarification. En fait, pour sauver ses fesses, et il y arrivera. Le premier tour, cependant, est clair : le RN vire en tête, nettement, malgré l’invention hâtive d’un « Nouveau Front populaire ». Deux événements capitaux ont lieu : le président des Républicains, Eric Ciotti, se rallie, et plusieurs figures de la droite juive estiment LFI plus dangereuse que le RN. Celui-ci paraît alors capable d’arriver nettement en tête, voire d’atteindre la majorité absolue.
Le front républicain a sciemment rendu la France ingouvernable
C’est là-dessus que le NFP et Macron vont jouer en imposant le désistement réciproque dans presque toutes les circonscriptions sensibles que le RN peut emporter. Afin de barrer la route au fascisme. Le gros de ce qui reste de la droite s’y ralliera. Or, non seulement ce monde n’est d’accord sur rien, mais Macron et la droite ont déclaré Mélenchon inacceptable et non républicain. La contradiction est trop visible, la ficelle trop grosse, toute cette comédie n’a pour but que de sauver les meubles de partis qui seront ensuite trop faibles et trop divisés pour gouverner : c’est le front républicain qui a étouffé la voix du peuple et organisé l’ingouvernabilité de la France, sans égard pour une économie fragile, une situation sociale et internationale dangereuse. On en voit les conséquences. La gauche réclame le poste de Premier ministre, que la Constitution ne lui garantit nullement, et n’est même pas capable de se mettre d’accord sur un nom, puisqu’elle est désunie sur à peu près tout ; Macron louvoie en attendant que la situation pourrisse et en faisant des appels du pied à la droite résiduelle, qui se fait prier en prenant des airs, entre grosse farce et mauvais marivaudage.
Un communiste président de la gauche républicaine et démocrate
Hélas, si elle est dérisoire, la comédie républicaine qu’on nous joue depuis un mois est loin d’être drôle : elle révèle la vraie nature du système. Car si certains, à gauche et à droite, pensent à installer un « cordon sanitaire » autour de Jean-Luc Mélenchon et de ses amis, nul n’a songé à en faire autant pour ce vieux routier du parti communiste qu’est André Chassaigne. Il fait partie des meubles de la République, il était jusqu’à la dissolution président du groupe de la gauche démocrate et républicaine, inventé pour caser les députés communistes de moins en moins nombreux qui ne peuvent plus former de groupe indépendant. Personne ne trouve anormal que le parti communiste siège sous l’étiquette démocrate et républicaine ! Alors que, l’histoire le crie, rien n’est moins démocrate et républicaine qu’une société communiste, on l’a vu hier sur la moitié de l’hémisphère nord, on le voit encore aujourd’hui en Chine et en Asie.
L’histoire du parti communiste traître et anti-français
Le parti communiste français a le droit moins qu’un autre de revendiquer cette dénomination. Puisque ses membres aiment à faire référence aux « années les plus sombres de notre histoire », rappelons que le parti communiste français a approuvé le pacte de non-agression Hitler-Staline, fait de la propagande défaitiste puis collaborationniste, saboté les fabrication de guerre, que son secrétaire général Maurice Thorez a déserté en temps de guerre et s’est enfui à Moscou à l’automne 39, que l’Humanité a sollicité la Kommandantur pour reparaître, et que le PCF n’est entré en résistance que sur ordre de Staline après l’invasion de l’URSS. Rappelons qu’après la guerre, sous couleur d’épuration, il a massacré des milliers d’innocents par vengeance révolutionnaire et a continué ses activités antifrançaises, y compris des grèves insurrectionnelles qu’a dû réprimer le socialiste Jules Moch en 1947. Et bien sûr, en Indochine comme en Algérie, il a trahi la France, molestant les blessés, sabotant l’armement, et collaborant directement avec l’ennemi. Voilà ce que l’on nous présente aujourd’hui comme la gauche démocrate et républicaine.
Le parti communiste n’a pas eu son Nuremberg
Or, il faut rappeler qu’à la différence du nazisme, qui a été jugé d’une certaine manière à Nuremberg, les crimes du communisme (plus de cent millions de morts, et cela continue) n’ont jamais été condamnés. Pire, le secrétaire général du parti communiste a déclaré en 1989 (c’était Georges Marchais à l’époque) que le bilan du bloc de l’Est était « globalement positif ». Et cela, après les travaux de Soljenitsyne qui avaient ouvert les yeux aux plus bouchés. Accepterions-nous aujourd’hui dans l’arc républicain, dans la gauche démocrate et républicaine, un parti nazi jugeant le troisième Reich « globalement positif », même si ses représentants étaient très propres sur eux comme le jeune Léon Deffontaine ou le vieil André Chassaigne ? Poser la question est y répondre.
Chassaigne, le candidat de toutes les vertus de gauche
Pourtant, ce candidat fait apparemment la joie de toute la gauche. Boris Valaud, le chef du groupe socialiste à l’Assemblée a salué devant la presse « un grand parlementaire et un grand démocrate, (…) un grand républicain communiste, héritier d’une riche histoire, celle du Conseil national de la Résistance ». Mathilde Panot a déclaré pour la France insoumise : « Nous avons retiré nos candidats et je me réjouis de notre candidature unique à la présidence de l’Assemblé avec André Chassaigne. » Et d’ajouter ce petit truc en plus qui sonne drôle en l’occurrence : « Maintenant, mettons toute nos forces pour déjouer le coup de force de Macron. » Comme elle y va ! Coup de force ! Alors que son compère Quattenens vient d’appeler à une marche sur le Palais Bourbon, et que ses amis antifas de l’Europe entière convergent en bataillons d’assaut sur Melle, célèbre pour son beurre des Deux Sèvres, afin de s’attaquer aux méga-bassines. Quant à Macron, c’est de la comédie de sa part de l’attaquer, car elle est d’accord avec lui sur le fond : en installant Manouchian au Panthéon, il a chaudement célébré la « fraternité » communiste, lui ouvrant la route au perchoir. Tout le système est d’accord pour inclure communistes héritiers de Lénine et écolos hyperviolents, car ils sont mondialistes, afin d’exclure de RN, car il est national.