La guerre des grille-pain n’aura pas lieu : retraite stratégique de la Commission de Bruxelles

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Après le Brexit, le vote négatif des Pays-Bas sur un traité avec l’Ukraine et la Wallonie qui met des bâtons dans les roues du CETA, une grande nervosité semble s’être emparée des responsables de l’Union européenne. A la Commission Bruxelles, l’heure est à la prudence. Jean-Claude Juncker et Frans Timmermans organisent une retraite stratégique. La guerre des grille-pain n’aura pas lieu.
 
Au risque de provoquer une grave dépression parmi la piétaille des fonctionnaires européens, si prompts à écrire de nouveaux règlement pointilleux, le président de la Commission et son bras droit ont décidé de stopper net une offensive pourtant préparée avec un dévouement tout bureaucratique. Sèche-cheveux, grille-pain et autres machines à café ne devront pas faire l’objet de nouvelles réglementations énergétiques. Bruxelles en rêvait. Elle sait faire. N’a-t-on pas récemment limité la puissance des aspirateurs autorisés à la vente au sein de l’Union européenne ?
 

Les exigences énergétiques dans le collimateur de Juncker

 
Mais dans une guerre psychologique, il faut savoir parfois faire marche arrière. Les normes européennes de sobriété énergétique ne seront pas appliquées avec toute la rigueur requise pour nombre d’appareils ménagers et de bureaux. Timmermans et Juncker y engagent leur réputation. Tels des généraux à la bataille, ils ont pesé les bénéfices–risques de l’opération. Pour eux, les dés sont jetés : les bienfaits à espérer d’un bridage européens du grille-pain sont moins grands que le taux d’exaspération que celui-ci entraînerait. Il faut penser à la réputation de la Commission. En finir avec son image de mouche du coche.
 
C’est ce mardi que les deux hommes devaient présenter leur résolution au Parlement européen. La coûteuse institution, avec ses élus qui viennent des quatre coins de l’Europe aux frais du contribuable et moyennant force émissions de CO2, devra l’approuver. Les écologistes de gauche néerlandais du parti GroenLinks sont catastrophés. C’est « incompréhensible » que la Commission en soit à « laisser tomber les mesures les plus efficaces d’économie d’énergie que l’on puisse mettre en place », se lamente l’eurodéputé Bas Eickhout.
 
Veillée d’armes. On saura bientôt quels produits seront maintenues sur la liste du respect obligatoire des critères énergétiques européens. La Commission voulait y ajouter maints nouveau-venus : ascenseur, sèche-cheveux, panneaux solaires, glacières, panneau routiers, distributeurs de boissons chaudes. Ses chefs en ont décidé autrement.
 

Redorer le blason de la Commission de Bruxelles

 
Plusieurs de ces produits risquent donc d’échapper au contrôle européen. Pour les bouilloires électriques et gicleurs à haute pression, une solution de compromis a été trouvée à l’arrachée : ils pourraient se contenter d’un affichage volontaire sur leur gourmandise énergétique.
 
Bas Eickhout estime que la Commission est en train de se coucher devant les offensives orchestrées par les tabloïdes britanniques qui ont proclamé la mort probable du thé et du toast britanniques si certains grille-pain et bouilloires devaient être interdits à la vente. Toute la presse anglo-saxonne s’était déjà esclaffée, puis révoltée devant les mesures frappant les moteurs du modeste aspirateur de maison. On se passait sous le manteau les endroits où l’on pouvait encore trouver le modèle primé par les associations de consommateurs, bientôt relégué au musée des appareils domestiques durables et qui fonctionnent vraiment bien…
 

Retraite stratégique dans la guerre des grille-pain

 
Vertueusement, les va-t-en-guerre de l’éco-design expliquent que les appareils à basse consommation épargnent des centaines d’euros aux foyers grâce aux économies d’électricité : 490 euros en moyenne par an. Peut-être. Ceux-ci auraient économisé davantage si on ne leur imputait pas la lourde addition de la « transition énergétique ». Et on n’a pas oublié des cris de joie du lobby écolo devant la menace d’un baril de pétrole à 200 dollars il y a quelques années.
 
Car la guerre du pain est aussi une guerre des ombres : celle d’une armée totalitaire qui veut régenter chaque aspect de la vie des peuples soumis.
 
Vous reprendrez bien une tasse de Lapsang Souchong et une petite tranche rôtie?
 

Anne Dolhein