Les communistes dans la grande coalition arc-en-ciel et LGBT

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Il n’y a plus beaucoup d’électeurs communistes en France, mais le parti et les organisations qui lui sont liées demeurent une puissance non négligeable. Du temps que cette puissance était financée et dirigée par Moscou, c’est à dire jusqu’au milieu des années 80 du vingtième siècle, les communistes, pour garder quelque crédit auprès de leurs fidèles de base, prenaient sur les questions dites de société des positions très traditionnelles. Le secrétaire général du parti, Georges Marchais, combattait l’immigration, s’affichait en mari irréprochable, et le militant de base était volontiers machiste et « homophobe », comme on dirait aujourd’hui. Depuis, l’appareil communiste a intégré les dogmes de l’arc-en-ciel et a rejoint la grande coalition du bien, dans un élan transpartisan qui va du NPA aux LR : il s’occupe du climat, lutte contre toutes les discriminations et fait fête aux LGBT, comme en témoigne l’indignation de Iann Brossat, sénateur de Paris, après que la présidente de la région Ile-de-France, a supprimé une subvention à Inter-LGBT, qui regroupe une soixantaine d’associations LGBT et organisait le 28 juin la Marche des fiertés à Paris, et le communiqué vengeur publié par la gauche communiste, écologiste et citoyenne d’Ile de France.

 

Le PC plus puissant que ne le laissent croire les urnes

Pour bien comprendre ce qui se passe, il faut d’abord rappeler que le parti communiste, qui a recueilli aux européennes (2019, 2024) et à la présidentielle de 2022 entre 600.000 et 800.000 voix, et entre 2,3 et 2,5 %, a un poids politique bien plus important. Ainsi, quoi que n’ayant que dix députés, il a pu former un groupe à l’Assemblée nationale avec quelques comparses, la « gauche démocrate et républicaine », de même qu’au sénat, avec un « groupe communiste républicain citoyen et écologiste » : ces regroupements dessinent la grande coalition de la gauche arc-en-ciel, ils sont ici nécessaires à atteindre le nombre minimal d’élus qu’il faut pour former un groupe. La puissance des communistes se mesure aussi à leur place dans les syndicats (CGT, mais pas que), l’Education nationale, les comités d’entreprise (SNCF, EDF etc), la nébuleuse des ONG et associations diverses. Il faut aussi noter la sympathie dont ils jouissent et l’entrisme qu’ils pratiquent dans la culture publique subventionnée, centres dramatiques, maisons de la culture, bibliothèques, médiathèques, etc. Cette omniprésence qui leur permet à la fois de faire jouer leur influence et de capter des fonds publics important se manifeste symboliquement dans le fait suivant : la fête de l’humanité, énorme manifestation annuelle de propagande du parti, est éligible au Pass Culture, alors que le parc du Puy du Fou ne l’est pas !

 

La Marche des fiertés contre l’internationale réactionnaire

Que s’est-il passé maintenant pour que Valérie Pécresse, présidente LR très comme il faut de la région Ile de France, coupe le robinet à subvention à Inter LGBT ? Elle devait 25.000 euros pour la marche de 2023, non versés par erreur, et à l’occasion de l’examen de la chose, le RN a proposé un amendement visant à supprimer celle de 2023 et celle de 2025. A cause d’une affiche de propagande pour la marche des fiertés où des jeunes gens à la fois agressifs et rieurs, l’une étant voilée, se dressent « contre l’internationale réactionnaire », avec un slogan qui en rappelle un autre aux plus âgés : « Queers de tous les pays, unissons-nous. » Dans la nouvelle révolution mondialiste, les queers ont simplement remplacé les prolétaires. Et sur le concert de couleurs arc-en-ciel de l’affiche, tranche une masse de gris qui va du clair au noir : il s’agit d’un homme blanc, la tête renversée en arrière, une crois celtique sur le cou, les yeux révulsé, tenu par sa cravate que tient un joyeux drille. Madame Pécresse y voit un homme blanc pendu par sa cravate, la dessinatrice, répond : « La personne a des yeux qui tournent pour dire qu’elle est choquée, pas qu’elle est pendue. » Chacun jugera comme il l’entend, mais en toute hypothèse, l’image est très agressive contre le pauvre mâle blanc censé incarner l’internationale réactionnaire. Et PayPal, Accor, la RATP et Air France ont imité la Région Ile de France.

 

La ville de Paris contre la décision « indigne » de Pécresse

Vice-présidente de l’inter LGBT, Clara Privé s’en lamente : « On peut dire que Valérie Pécresse a tué le projet festif final de la pride. » Et, sur son compte Instagram, le sénateur communiste de Paris Ian Brossat s’est indigné, annonçant qu’il demanderait à la ville de Paris de voter une subvention supplémentaire compensatoire pour boucher le trou. Etonnante initiative. Il semble considérer que subventionner la révolution LGBT est une obligation et que si une instance politique insuffisamment arc-en-ciel ne s’y plie pas, un autre membre de la grande coalition du bien doit se substituer à lui. Au bout du compte, comme dans tout projet moralisateur et socialiste, c’est le contribuable qui paie. Significativement, le conseil de Paris a voté un vœu pour compenser la décision « indigne » de Valérie Pécresse : « Paris, engagée pour l’égalité et fière de l’être ! Cette démarche souligne l’engagement de la municipalité à soutenir les associations et les initiatives en faveur des droits civiques, face à des mesures perçues comme rétrogrades. » Voilà un signe manifeste que la grande coalition du Bien regroupe tous les centres et les gauches progressistes en France.

 

Des communistes au RN : la coalition arc-en-ciel

Mais elle déborde nettement sur la droite ou ce qui en tient lieu. Si l’on excepte la malheureuse affiche qui a fait se gendarmer Valérie Pécresse (Elle n’est « pas un paillasson », « pas un tiroir-caisse »), LR sont partagés : beaucoup de cadres n’ont rien contre l’homosexualisme et approuvent la marche des fiertés, même si quelques sénateurs ou députés européens ne sont pas très chauds pour soutenir la transition de genre. Même le RN compte maintenant de nombreux élus ouvertement homosexuels et se garde de proposer des textes visant à limiter l’homosexualisme de crainte de passer pour homophobe ou transphobe. La république française a dépêché ès qualités un ambassadeur à la Gay Pride interdite de Budapest afin « d’afficher notre soutien à la communauté LGBT ». Enfin, en dehors des partis et des institutions, les médias sont dans leur ensemble entièrement gagnés à la cause LGBT. On le voit par exemple, hors de la presse politique et généraliste, en lisant l’article de Elle consacré à l’affaire Pécresse : le périodique chic et cucul de la presse féminine a choisi un ton d’éditorialiste polémique. Il accuse Pécresse de mener une « offensive politique » et de « s’acharner ». Et le « chapô » censé résumer le papier est ainsi rédigé : « Sous pression de l’extrême droite, la présidente de la région Ile-de-France a retiré deux subventions cruciales à l’Inter-LGBT, mettant ainsi en danger l’organisation de la Marche des fiertés prévue le 28 juin. En cause : une affiche jugée provocante, pourtant artistique. (…) »

 

Les fiertés LGBT, dogme de l’arc constitutionnel

En fait le soutien aux fiertés LGBT et aux dogmes de l’arc-en-ciel (climatisme, inclusion de toute sorte et sans frontiérisme absolu) est l’opinion obligatoire de l’arc constitutionnel, comme disent les Italien, la fenêtre d’Overton, comme disent les cuistres, en français la parole dicible chez les gens qui se veulent convenables, en quelque sorte le nouveau sens commun. Chez les communistes le secrétaire national Fabien Roussel, avec son côté entrecôte-vin rouge, s’est donné la tâche de conserver les quelques vieux prolétaires qui votent encore « rouge », et le sénateur de Paris Iann Brossat s’efforce de séduire les trois pelés qui sont à la fois communistes et LGBT friendly. Le parti communiste ne change pas vraiment de stratégie : hier au service du mondialisme révolutionnaire rouge, il travaille aujourd’hui pour la révolution mondialiste arc-en-ciel.

 

Pauline Mille