Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté vendredi, à une unanimité assez rare sur ce sujet pour être notée, une résolution sur le conflit syrien prévoyant notamment un cessez-le-feu, mais envisageant aussi la mise en place d’un gouvernement de transition. On sait que ce dernier point divise l’ONU depuis le début ; mais le président américain Barack Obama a de nouveau réclamé la tête de Bachar el-Assad peu avant l’adoption de cette résolution.
Le texte de la résolution, qui fait quatre pages, et a été discuté de façon très serrée, demande donc à l’ONU, d’une part, sur le premier point, de préparer un mécanisme de supervision du cessez-le-feu dans un délai d’un mois, et, d’autre part, sur le second point qui demeure délicat, d’organiser début janvier des négociations formelles entre le gouvernement de Damas et l’opposition.
La résolution du Conseil de sécurité de l’ONU
En réalité, toute la résolution demeure relativement hypothétique, puisque les deux points ont été liés. Ainsi est-il noté par les rédacteurs de la résolution que le cessez-le-feu pourra entrer en vigueur « dès que les représentants du gouvernement syrien et de l’opposition auront fait les premiers pas en direction d’une transition politique sous l’égide de l’ONU ».
A partir de là, on comprend que toute la résolution repose sur le désir d’une majorité, composée pour l’essentiel des Américains, des Européens et des Arabes, de se débarrasser du président syrien Bachar el-Assad, alors qu’une minorité, emmenée par la Russie, s’y oppose, et a demandé qu’il soit précisé dans le texte de la résolution qu’il revient au peuple syrien de « décider de l’avenir de la Syrie ».
Au cas où on ne l’aurait pas compris, le secrétaire d’Etat américain John Kerry a précisé à l’issue du vote que le sort du président syrien continuait de susciter de « fortes divergences ».
Vendredi, à New York, se tenait également la troisième réunion des pays du Groupe de soutien international à la Syrie depuis son lancement fin octobre. Les chefs de la diplomatie des dix-sept pays qui le composent ont étudié, de façon plus délicate encore, la feuille de route pour parvenir à la paix en Syrie – de façon plus délicate puisque ce groupe compte des pays aux avis très divergents, tels que la Russie, les Etats-Unis, la France, la Turquie, l’Arabie saoudite, l’Iran, etc.
Un cessez-le-feu en Syrie paraît utopique dans ces conditions
Cette feuille de route, déjà étudiée lors des deux premières réunions les 30 octobre et 14 novembre à Vienne, s’est évidemment trouvé renforcée par le vote de la résolution de l’ONU, puisqu’elle comporte – sans surprise – les mêmes deux points principaux. Elle précise au chapitre du cessez-le-feu, que celui-ci ne s’appliquerait pas à l’Etat islamique, au Front al Nosra et à d’autres groupes islamiques armés.
On reste étonné d’une telle précision. D’abord parce qu’on imagine bien que l’Etat islamique n’a strictement rien à faire d’une résolution de l’ONU, ou de toute autre décision.
Mais surtout parce qu’il semble qu’évoquer une paix qui ne s’impose pas aux islamistes revient à parler pour ne rien dire.
Sauf, évidemment, à accréditer les mensonges du président américain Barack Obama qui affirmait vendredi : « Je pense qu’Assad devra partir pour que le sang cesse de couler dans le pays et que toutes les parties puissent avancer sur la voie d’une solution non confessionnelle. Il a perdu toute légitimité. »
Un peu d’introspection ne ferait pas de mal à Barack Obama…
Parce que les djihadistes n’attendraient que le départ du président Assad pour déposer les armes ? C’est positivement grotesque.
On pourrait, au passage, tenter de répondre à la question de savoir avec quelles armes se bat l’Etat islamique…
Quant à la légitimité du président syrien… Il faut admettre que voir cette question posée par un président américain dont les armées se battent actuellement en divers points du globe a quelque chose non pas de savoureux, mais de choquant. Pour une fois, comme disent les enfants en cours de récréation, c’est celui qui dit qui y est…