James Corney, chef du FBI et Jeh Johson, secrétaire à la Sécurité intérieure, rejettent une loi renforçant le contrôle des réfugiés aux Etats-Unis

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Comme ça, au moins, les choses sont claires : James Corney, directeur du FBI, et Jeh Johnson, secrétaire à la Sécurité intérieure, ont fermement rejeté une loi de contrôle des candidats au droit d’asile proposée par le représentant républicain du Texas, Mike McCaul. Trop compliquée, trop lourde, elle risquerait de fermer les Etats-Unis aux réfugiés syriens et irakiens, et cela, ils n’en veulent à aucun prix, ont-ils fait savoir.
 
La proposition de loi vise à mettre en place un contrôle systématique de « certains étrangers » en provenance de zones données, par les services de la Sécurité intérieure comme cela est censé se faire mais aussi par le FBI qui devrait « prendre toute mesure nécessaire pour assurer que chaque étranger couvert » par les nouvelles exigences « voie ses antécédents faire l’objet d’une enquête complète avant d’être admis en tant que réfugié ».
 

Au nom du FBI et de la Sécurité intérieure, James Cornet et Jeh Johnson rejettent des contrôles accrus des réfugiés

 
Il s’agirait de soumettre à un contrôle plus rigoureux tous les nationaux ou résidents de Syrie ou d’Irak, les apatrides ayant eu leur dernier lieu de résidence en Irak ou en Syrie, et plus largement tous les étrangers ayant été présents en Irak ou en Syrie à n’importe quel moment depuis le 1er mars 2011.
 
La proposition aurait recueilli l’approbation de tous les Républicains de la Chambre des représentants, mais aussi de 47 Démocrates, lui faisant ainsi passer le cap des deux tiers. Une majorité qu’elle n’atteindra « d’aucune façon » au Sénat, d’après le leader de la minorité démocrate, le sénateur Harry Reid.
 
Deux tiers à la Chambre comme au Sénat : c’est le minimum pour passer outre le veto présidentiel qui ne manquera pas de tomber, la Maison Blanche ayant déjà fait savoir qu’une telle loi « entraverait inutilement » les efforts des Etats-Unis « en vue de venir en aide à une des populations les plus vulnérables au monde » ?
 

Les Etats-Unis ne veulent pas changer la loi du contrôle des réfugiés pour ne pas mettre fin à leur accueil

 
Le procureur général des Etats-Unis, Loretta Lynch, a qualifié les contrôles prévus par la proposition de loi de « non pratiques » et d’« impossibles ». « Me demander que mon directeur du FBI ou d’autres membres de l’administration apportent une garantie personnelle reviendrait dans les faits à mettre fin au programme », a-t-elle déclaré. James Corney venait de dire à peu près la même chose, à savoir que la loi obligerait le responsable de l’administration à certifier personnellement que le réfugié admis ne posait aucun risque de sécurité. Selon le journaliste qui a rapporté ces propos, Corney craint de voir cette loi empêcher que quiconque en provenance de Syrie ou d’Irak ne puisse entrer aux Etats-Unis.
 
Manière de reconnaître que le risque sécuritaire est toujours présent dans leur cas…
 
Un représentant de la communauté syrienne de New York, Aarafat « Ralph » Succar a ainsi indiqué que des djihadistes « dormants » ont déjà pu pénétrer aux Etats-Unis comme des réfugiés, et rejoindre ainsi des cellules dormantes. Le responsable grec de la police chargée de filtrer les arrivants à Lesbos, Dimitris Amountzias, déclarait le 21 novembre à l’AFP qu’il est « quasiment impossible » de repérer les « extrémistes » représentant un danger potentiel s’ils ne sont pas déjà dans la base de données constituée par les services de renseignement.
 
La loi proposée par McCaul pèche-t-elle par excès ou imprécision, en demandant aux autorités de prendre une responsabilité « impossible » ? On peut le soutenir, mais c’est aussi une manière de souligner qu’il faut agir de manière plus stricte qu’on ne l’a fait jusqu’à présent. Qu’Obama, son administration et une partie des élus américains s’y opposent sans apporter une proposition plus réaliste est déjà signe d’une volonté de ne pas prendre les mesures nécessaires.
 

Anne Dolhein