COP28 : Emmanuel Macron plaide pour le nucléaire

COP28 Emmanuel Macron nucléaire
 

Il y a quelques années à peine, Emmanuel Macron promettait une sortie progressive du nucléaire et fermait Fessenheim à grand renfort de publicité. Il promettait de « réduire de 50 % la part du nucléaire dans le mix électrique » à l’horizon 2035. Il y avait si peu d’argent public pour cette filière, vouée de toute manière à disparaître, que de nombreuses centrales ont été fermées pour des raisons de maintenance trop longtemps retardée au moment exact où explosaient les prix du gaz et du pétrole, aggravant l’inflation post-covid. Mais voici qu’à la COP28, Macron s’est joint à l’appel d’une vingtaine de pays – dont les Etats-Unis de Biden et le Royaume-Uni, mais aussi les Emirats Arabes Unis, le Ghana ou la Corée du Sud – pour tripler les capacités nucléaires dans le monde d’ici à 2050, pour réduire la dépendance énergétique globale au charbon et au gaz.

C’est une volte-face remarquable, et une déclaration macronienne qui est venue apporter une apparente contradiction à celle faite quasiment au même moment par Ursula von der Leyen proposant au nom de la Commission européenne que le monde triple la capacité de production d’électricité d’origine renouvelable – à commencer par l’éolien et le solaire – d’ici à 2030. Ces énergies, on le sait, dépendent du temps qu’il fait, exigeant l’existence de circuits autres pour alimenter le réseau en cas de besoin, et souffrent d’un problème de stockage qui n’est pas près d’être réglé.

 

Le revirement très contrôlé d’Emmanuel Macron

Comment expliquer ce revirement au moins partiel d’Emmanuel Macron ? Se laisserait-il rattraper par le réel ? Par un sursaut face au fait qu’aujourd’hui, ce sont surtout la Chine et la Russie qui développent le nucléaire ?

Bien sûr, tout cela est mis en avant au nom de la marche vers la neutralité carbone, et c’est l’argument utilisé pour solliciter le financement de la Banque mondiale et d’autres institutions financières internationales. Pas sûr, cependant, que la Commission européenne laisse faire, à l’heure où EDF est endettée et que l’Union européenne peut bloquer, en tout cas en France, le recours aux aides de l’Etat pour construire de nouvelles centrales.

L’affaire n’a pas plu davantage aux écologistes purs et durs qui continuent de faire pression pour les « renouvelables » pour les raisons idéologiques qui leur sont propres. Mais au fond, tous sont d’accord pour la sortie des « énergies fossiles », ce qui va bien dans le sens d’une société de contrôle.

De fait, c’est grâce à l’électricité que la surveillance se fait omniprésente : internet, la téléphonie mobile, les réseaux connectés, le contrôle des QR codes, les caméras de vidéo-surveillance, la reconnaissance faciale, la monnaie digitale, le contrôle de la consommation électrique (ainsi Linky peut couper à distance les ballons électriques chez les clients des fournisseurs d’énergie pour les « aider » à diminuer leur facture…) : tout cela fonctionne grâce aux circuits électriques et ce n’est pas demain la veille que les gouvernements de plus en plus autoritaires nous laisseront « sans jus ». Sous ce rapport, le bidon d’essence, la cuve à fioul pour le chauffage ou le plein fait à la station ont un peu le même statut que l’argent liquide que l’on utilise à sa guise, à son rythme et sans s’identifier. Sans qu’on puisse prendre le contrôle à distance sur le nombre de degrés qu’il fait chez vous.

D’une façon ou d’une autre, la priorité est de toute façon donnée à l’électricité. Avec ou sans nucléaire…

 

La COP28 voit la promotion du nucléaire et le climatoscepticisme de son président

Mais là où il y a de l’homme, il y a de l’hommerie. Couac dans les discours unanimes (même s’ils ne garantissent rien sur le plan concret) entendus à Doubaï sur la sortie des énergies fossiles : le chef émirati de la COP28, Sultan Al Jaber, par ailleurs patron de la compagnie pétrolière Adnoc, a carrément remis en question l’affaire du réchauffement climatique d’origine humaine, refusant d’appeler à cette « sortie » lors d’un événement en ligne de l’initiative She Changes Climate :

« Je ne souscrirai en aucun cas à des discussions alarmistes. Aucune étude scientifique, aucun scénario, ne dit que la sortie des énergies fossiles nous permettra d’atteindre 1,5 °C. 1,5 °C est mon étoile du Nord. Et une réduction et une sortie des énergies fossiles sont, selon moi, inévitables. C’est essentiel. Mais il faut être sérieux et pragmatique… Montrez-moi la feuille de route d’une sortie des énergies fossiles qui soit compatible avec le développement socio-économique, sans renvoyer le monde à l’âge des cavernes. »

Vous aurez admiré la confusion du discours. On ne sait pas si la sortie des énergies fossiles aura une quelconque incidence, mais il faut en sortir selon Al Jaber, et atteindre un « réchauffement » de 1,5 °C maximum en utilisant, mais pas trop quand même, un moyen dont absolument rien ne prouve qu’il soit d’une quelconque utilité.

Grande mascarade que tout cela… La lutte pour le « climat », pour la « planète », est un moyen, pas un objectif.

 

Anne Dolhein