On lit partout que la COP30 s’est révélée décevante, qu’elle « sauve la face, mais pas le climat », comme titrait Le Monde il y a quelques jours. La raison majeure est que la déclaration finale des négociations de l’ONU, qui se sont tenues à Belém, au Brésil, n’a pas mentionné les odieux « combustibles fossiles ». Et les climatistes de tout acabit, en particulier les ONG, ont d’ailleurs joué les pleureuses.
Certes, elle ne l’a pas fait. Et on peut s’en estimer ravi. L’accord final intitulé « Mutirão » est-il minimaliste pour autant ? Il est opportuniste, tenant compte du contexte politique en cours, mais il reste parfaitement déterminé dans son objectif de coopération climatique et de gouvernance globale. Ce n’est pas parce que les Etats-Unis boudent le consensus mondial et mondialiste, ni parce que le discours de sain réalisme climatique s’est maintenu voire renforcé, que les Nations-Unies baissent la garde.
Quand le grand boulevard international est temporairement obstrué, on rappelle les bases et on prend des chemins de traverse. De fait, la plupart des « progrès » les plus significatifs de ce sommet visant à saper la souveraineté nationale, les libertés individuelles et la prospérité économique occidentale ont pris la forme d’accords complémentaires, approuvés seulement par des coalitions des gouvernements, nous dit Alex Newman de The New American.
Tout ça, en attendant que Trump quitte la place…
« Le rôle crucial du multilatéralisme fondé sur les valeurs et les principes des Nations Unies » (ONU)
Lors de ce sommet, déjà, tous les gouvernements, à l’exception bien sûr des Etats-Unis, ont renouvelé leur engagement total envers l’Accord de Paris et la lutte plus large des Nations unies contre les émissions de CO2, responsables, selon l’ONU, du réchauffement climatique. L’accord a même évoqué explicitement le « budget carbone », affirmant que l’humanité avait déjà émis les 4/5 du budget autorisé : les activités émettrices de CO2 seront-elles un jour limitées de force ? L’avortement et l’euthanasie limitent bien déjà la respiration humaine.
Les deux grands leitmotivs de l’ambitieux projet mondialiste-socialiste-écologiste sont sauvegardés : la répartition des richesses vers le Sud et la planification d’une gouvernance supranationale.
Les pays du Nord se sont engagés à tripler le financement de l’adaptation au climat d’ici 2035, autrement dit à tripler l’aide accordée par les contribuables des pays les plus riches aux pays les plus vulnérables, c’est-à-dire pauvres : en passant cette aide de 40 à 120 milliards de dollars par an jusqu’en 2035, on monte l’assiette globale du Nouvel Objectif Quantifié Collectif (NCQG, adopté à la COP29 de Bakou en 2024) à 1.300 milliards de dollars par an d’ici à dix ans.
De plus, un nouvel ensemble de 59 « indicateurs mondiaux », cycles de rapports obligatoires et « évaluations climatiques » ont été intégrés à l’accord. Officiellement destinés à « suivre les progrès », ils serviront surtout à mesurer et donc à contrôler, au sein même des gouvernements, le respect des futures obligations climatiques qui incluent les répercussions sociales, jusqu’à l’égalité de genre, l’inclusion des communautés marginalisées, etc. On assiste ainsi à une mise en place plus agressive des ambitions woke de la supposée justice climatique de l’ONU.
A la COP30, les gouvernements visent l’abolition des énergies fossiles et la censure de l’information
Mais la particularité de cette COP30 réside surtout dans le foisonnement d’accords secondaires, complémentaires conclus entre gouvernements, en dehors du système formel de la Conférence des Parties (COP). C’est là qu’il faut lire les prémisses de la suite (peu engageante), celles que le contexte politique empêchait de prendre telles quelles dans le document final mais que l’ONU veut voir advenir un jour.
Le gouvernement brésilien, par exemple, a créé avec l’Union européenne la « Coalition ouverte pour des marchés du carbone conformes » visant à instaurer à terme un système international unique qui plafonne les émissions de CO2 et permette l’échange de « crédits carbone ». A noter que Lula da Silva est plutôt marxiste, tout comme est communiste la Chine qui soutient activement cette initiative, elle aussi. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a estimé que cette tarification du carbone avait « des avantages économiques et sociaux indéniables » ! Lula a été plus transparent : il a parlé « d’importantes sources de recettes publiques »… Payer pour sa dépense de carbone, c’est, in fine, le but de la ville du quart d’heure, autre rêve écologiste.
Le même Brésil a annoncé un groupe de travail sur « la sortie progressive des combustibles fossiles », à défaut d’avoir pu obtenir un consensus sur le sujet : près de la moitié des membres de l’ONU y participera. Et il a aussi signé, comme beaucoup, la « Déclaration sur l’intégrité de l’information relative au changement climatique », un autre accord conclu en marge de la COP qui vise à renforcer la coopération internationale dans la lutte contre ceux qui remettent en question non seulement la « science », mais aussi les « solutions », selon les mots employés par les discours onusiens.
Les Etats-Unis, absents pour la première fois d’une COP
Ils parleraient de « censure » qu’on comprendrait plus vite… Mais ils soutiendraient qu’ils y sont contraints ! Le New York Times a sorti un grand article pleurant sur le fait que les climatosceptiques étaient parvenus « à saper l’action climatique à l’échelle mondiale » : « ils manipulent les algorithmes, sèment la haine et répandent la peur » ! Et de stigmatiser « un bombardement de désinformation qui dure depuis des décennies ». Un beau retournement que cette projection accusatoire.
L’absence de Trump a sans doute pesé sur la feuille de route finale, mais elle n’a pas du tout empêché de faire avancer les choses. Selon Marc Morano, du site ClimateDepot.com, tant que le gouvernement américain restera partie à la CCNUCC (la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques), la prochaine administration pourra réintégrer de manière simple l’Accord de Paris et tous les autres accords négociés. L’ONU garde la prérogative.
La COP30 reste une avancée pour l’agenda politique de gauche. Le nom même de l’accord final est un discours à lui tout seul : Mutirão (« Motirõ » dans la langue indigène Tupi-Guarani) symbolise l’effort collectif dans l’accomplissement d’une tâche. C’est le monde, puis la société dans sa globalité que les instances internationales veulent voir devenir acteurs efficaces : les hauts dirigeants ont évoqué la participation du secteur privé, mais aussi « l’éducation » des enfants, dans laquelle ils voient « l’un des outils les plus puissants dans la lutte mondiale ». « Endoctrinement » serait le mot le plus adapté.











