Kim Jong-Un, le président à vie de la Corée du nord, vient de faire exécuter son oncle Jang Song-Thaek, numéro 2 du régime, pour trahison. Au moment où la Chine, les U.S.A, le Japon et les Corée se disputent la maîtrise militaire de l’Asie de l’Est, c’est un signe inquiétant. Un signe aussi que, pour les totalitarismes subtils, la Corée du nord est une dictature obsolète.
Depuis la mort de Kim Jong-II en 2011 Jang Song-Thaek était le principal mentor de son fils Kim Jong-Un. Accusé de les avoir trahis tous les deux, il a été condamné après une autocritique solennelle dans le plus pur style soviétique. Cela signifie que les dignitaires les plus haut placés sont sous une telle menace, donc que le régime est instable. La Corée du nord, avec son programme nucléaire, est un allié militaire et diplomatique de la Chine rouge dans une région très sensible.
Etats voyous et respect des morts
C’est également un pays où la misère, l’endoctrinement et la répression de toute opposition sont terribles. Placée depuis plus de dix ans sur la liste des Etats dits « voyous » par les Américains, elle jouit de la pire réputation politique au monde, et les images de l’enterrement du traître nous ramènent au temps de Brejnev ou de Mao. Pour l’observateur politique, il est intéressant de comparer cette communication désuète, et les méthodes aversives des dirigeants (camps de concentration, police innombrable, élimination physique) avec celles, plus modernes et plus efficaces, des totalitarismes d’aujourd’hui. Il n’est pas sûr que cela tourne à l’avantage de ces derniers. La condamnation et les obsèques de Jang Song-Thaek sont moins infâmantes que l’exposition en slip de Saddam Hussein tiré de sa cache en 2003, le prélèvement de son ADN en direct et sa pendaison. La dictature obsolète conserve le respect de l’ennemi abattu, dont les totalitarismes de communication se sont défaits.