Des bienfaits du covid et de ses confinements : la hausse des attaques au couteau entre les élèves

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C’est un ancien Commissaire à l’enfance qui le confie au Telegraph : la violence entre les jeunes, entre les élèves, en particulier les attaques au couteau, ont fortement augmenté depuis les confinements liés au covid-19. Elle y voit très clairement une conséquence logique. Et surtout, « un énorme signe de danger ».

A noter que la présidente de la grande Enquête Covid menée en Grande-Bretagne depuis le printemps 2022 en avait banni initialement la participation des enfants. Pensant sûrement qu’ils n’avaient rien à en dire, alors que pullulent les études alarmantes à leur sujet.

 

Attaques au couteau entre les élèves

Pendant tout le confinement et les mois qui ont suivi, on a beaucoup évoqué la hausse des violences à l’égard des enfants, à l’intérieur même du milieu familial. On a moins parlé, voire pas du tout, du regain d’agressivité qui a pourtant été largement observé entre eux depuis lors. Plus facile de fustiger l’irresponsabilité des parents que de pointer du doigt l’incompétence des Etats…

Anne Longfield, ancien Commissaire à l’enfance britannique pendant la pandémie, se prépare à témoigner, vendredi, à l’Enquête Covid. Et elle est sans ambages : « Nous savons que le nombre d’enfants exploités ou ciblés par des adultes membres de gangs a augmenté depuis la pandémie. Nous savons que la criminalité au couteau est un phénomène qui s’est intensifié et qui n’a pas disparu. »

Dernier fait divers de la semaine dernière : Elianne Andam, 15 ans, s’est fait poignarder dans un bus par un garçon de 17 ans, alors qu’elle se rendait à son lycée privé, dans le sud de Londres. Elle est la 15e victime adolescente à perdre la vie dans un homicide en Angleterre depuis le début de l’année : 13 ont été poignardées, tandis que 2 ont été abattues.

 

La montée de la violence directement issue des confinements

« Tous ceux qui travaillent avec des jeunes qui se trouvent dans des zones de forte violence disent que les incidents qu’ils constatent, qu’ils voyaient autrefois tous les trois ou six mois, se produisent maintenant toutes les deux ou trois semaines et sont beaucoup plus extrêmes », a ajouté Anne Longfield.

Cette montée de la violence « devrait tirer une sonnette d’alarme pour nous tous », ainsi que les chiffres de l’augmentation des exclusions scolaires, de l’absentéisme scolaire et des enfants qui n’ont pas rattrapé leur retard d’apprentissage. « Ils ont vraiment été secoués par le monde qu’ils pensaient avoir devant eux et qui a changé si radicalement. » Et ils n’ont pas trouvé comment revenir dans ce monde d’avant…

« Nous voulons un pays confiant, productif, soucieux de ses citoyens, qui constitue un tremplin positif pour ceux qui y vivent… Mais nous avons ici une génération d’enfants qui ne pensent pas que ce soit pour eux. »

 

Atteinte du développement émotionnel infantile

Multiplication de la violence, mais pas seulement. N’oublions pas l’augmentation globale du nombre d’élèves souffrant d’« anxiété chronique », de non-scolarisation et de « difficultés avec leur comportement ». Il existe de plus en plus de preuves des effets négatifs du confinement sur les enfants : une étude majeure menée par l’Institute for Fiscal Studies et l’University College London Institute of Education a révélé qu’il avait nui au développement émotionnel de près de la moitié des enfants. Nous avions d’ailleurs évoqué, il y a peu, la hausse flagrante du nombre d’enfants enseignés à domicile depuis 2020.

L’ancien Commissaire à l’enfance n’hésite donc pas à fustiger l’Etat et le manque d’efforts criant quant à l’investissement dans les enfants et les écoles. Pendant la pandémie, les pubs et les parcs à thème étaient davantage la priorité… Même dans le cadre de cette grande Enquête Covid menée outre-Manche dont les audiences publiques ont commencé en juin 2023, la participation des moins de 18 ans avait d’abord été omise. Il a fallu que le Telegraph fasse entendre la voix de près de 40 associations caritatives pour obtenir qu’ils puissent dire qu’ils ont à dire.

Quand on voit les effets, on se dit que c’est peut-être important. Un phénomène aussi délétère qu’un confinement greffé sur un système déjà en difficulté tel que l’éducation britannique, engendre une situation logiquement pire que la précédente.

 

Clémentine Jallais