Quelques jours après le crash de l’Airbus A320, le mystère s’éclaircit et il semblerait que le copilote ait éteint le pilotage automatique avant de projeter intentionnellement l’avion contre la montagne, avec ses 150 passagers.
Le crash de Germanwings repose la question des robots
Le site Motherboard pose donc la question : pourquoi laissons-nous encore des hommes piloter des avions de ligne au lieu de les remplacer par des robots ? Mais – comme il s’empresse de souligner – le remplacement est déjà en cours.
Les avions sont déjà très automatisés et grâce à la technologie installée à bord dans nombre d’entre eux (mais pas dans l’Airbus A320 de Germanwings), il aurait été possible que quelqu’un prenne le contrôle de l’avion depuis le sol ou impose au copilote de remettre en route le pilotage automatique.
Les pilotes de Boeing passent 7 minutes par vol à piloter réellement, ceux d’Airbus 3 minutes
Dans une étude récente menée par la chercheuse Missy Cummings de l’Université de Duke, les 11 pilotes de Boeing et d’Airbus interrogés affirment qu’ils ne touchent les commandes de l’avion que très rarement lors d’un vol. « Les pilotes qui volent sur le Boeing 777 passent en moyenne 7 minutes par vol à “piloter” réellement l’avion », explique l’ancien pilote militaire et chercheuse au Laboratoire Humans and Autonomy de l’Université de Duke. « Les pilotes d’Airbus pilotent réellement leur avion la moitié de ce temps-là (3 minutes) », ajoute-t-elle.
Pour Cummings, c’est dans un avenir – probablement proche – que les pilotes humains n’auront plus rien à faire du tout : elle a vu les pilotes de chasse de l’armée perdre leur travail à cause des drones, et s’attend à constater la même chose pour les vols commerciaux.
Selon la chercheuse Cummings, les pilotes ne seront jamais complètement remplacés par des robots
Pour elle, tous ces avions de ligne sont d’ailleurs déjà plus ou moins des drones : « les trois minutes que passent les pilotes d’Airbus à piloter ne sont pas une période de pilotage réelle, c’est simplement une procédure à suivre. C’est pendant le décollage », commente-t-elle.
L’idée selon laquelle les pilotes sont inutiles n’est pas très populaire dans l’industrie de l’aviation et cette dernière rappelle souvent le geste héroïque de Sully Sullenberger, le pilote américain qui avait réussi poser son avion dans le Hudson River, à New York, après que celui-ci eut été percuté par un vol d’oies. Il existe effectivement plusieurs cas pendant lesquels l’intervention humaine a sauvé les passagers. Mais il existe également des cas de vol pendant lesquels le pilote, le copilote ou un pirate de l’air est au contraire devenu le principal danger dans l’avion, à commencer par le récent crash de l’avion de Germanwings.
Que les avions soient confiés à l’homme ou au robot, les crashes existeront toujours.
Un pilote dans l’avion, un ou plusieurs robots au sol ?
C’est la raison pour laquelle Missy Cummings a imaginé un nouveau système dans lequel un pilote est aux commandes de l’avion, accompagné d’un robot – ou au moins d’un groupe d’humains au sol.
Cela permettrait de réduire les coûts pour les compagnies aériennes mais également d’éviter les catastrophes comme celle de la semaine passée.
Problème : le fait de pouvoir piloter un avion depuis le sol expose également à des risques de piratage. Mais les militaires le font chaque jour avec des drones, et le bon cryptage des communications semble protéger de ce genre de menace.
C’est en réalité un système que Boeing a déjà essayé : la compagnie a déjà conçu et a fait breveter un système de « pilote automatique impossible à interrompre » qui pourrait prendre le contrôle de l’avion depuis le sol.
S’ils ont de quoi s’occuper, les pilotes ne s’opposent pas au remplacement du copilote par un robot
Pour Cummings, il sera impossible de voir un jour un avion de ligne sans pilote : il faut quelqu’un pour répondre aux passagers indisciplinés, placer les voyageurs… Cela pourrait être fait par du personnel qui sache également piloter un avion, mais le poste ne sera jamais abandonné, à moins qu’un robot ne puisse également assurer la tâche ; ce que Cummings n’imagine pas possible dans les années à venir.
En prenant connaissance d’un tel système, les 11 pilotes interrogés par Cummings ne se sont pas inquiétés pour la sécurité, mais pour leur propre « confort » : que feront-ils pendant le vol si leur copilote est remplacé par un robot ?
En apprenant qu’ils pourraient regarder un film ou lire un livre et se tenir occupés, les pilotes n’ont plus trouvé la moindre objection à voir leur acolyte remplacé par un robot…