C’est simple. Au Royaume-Uni, toutes les statistiques cruciales à propos de l’immigration ont peu à peu disparu de l’espace public, avec les années, comme dans d’autres pays d’Europe. Et quiconque tente de les trouver (car elles existent néanmoins !) se heurte à une fin de non-recevoir, comme a pu l’expérimenter dernièrement le député conservateur britannique Neil O’Brien. Alors même que le gouvernement a tenté de calmer les amertumes en optant, en décembre, pour une politique de contrôle renforcée de l’immigration, il tait le plus possible les liens de cause à effet tant dans le domaine social que dans la sphère économique. Les conservateurs craindraient-ils d’exhiber les chiffres effarants de leur échec – délibéré ? Nigel Farage, le leader du Brexit, réclame la vérité sur la criminalité et l’immigration.
Farage accuse les conservateurs d’avoir importé la « criminalité de masse »
Ça se fait bien au Danemark, a clamé Nigel Farage ! Et si l’on regarde les chiffres publiés par le statisticien du gouvernement danois (Danmarks Statistik) sur le taux proportionnel de condamnations pénales des différentes nationalités entre 2010 et 2021, c’est assez révélateur : les migrants du Moyen-Orient et d’Afrique arrivent en tête.
Le Koweït, la Tunisie, le Liban, la Somalie, la Jordanie, l’Ouganda, le Maroc, l’Irak et l’Algérie sont les premiers pays en termes de taux de criminalité. En comparaison et à taille relative de population, plus de 40 nationalités sont plus susceptibles de commettre des crimes que les Danois d’origine.
« Lorsque vous autorisez les clandestins à entrer et à rester, les gangs criminels voient dans nos pays des proies plus riches que dans les pays d’où ils viennent, où, dans certains cas, ils peuvent se faire couper les mains. (…) Nous avons ouvert les portes de l’Europe occidentale à la criminalité de masse. Le Danemark a le courage de publier ces chiffres. Si vous ne pouvez pas obtenir les chiffres, vous ne connaissez pas la vérité », a déclaré Farage lundi sur GB News.
Il réclame la même information pour ses compatriotes. Afin qu’ils puissent se décider, eux-mêmes, par rapport à des faits tangibles. Le seul problème est que ces données, dès lors qu’elles touchent l’immigration, ont été rendues inaccessibles par le gouvernement.
Le débat informé sur l’immigration est volontairement étouffé par le gouvernement
Le député Neil O’Brien, pourtant allié de personnalités centristes comme l’actuel Premier ministre Rishi Sunak, a bien essayé de trouver des chiffres similaires, sur le plan économique et social, et a rendu publiques ses tentatives sur son propre blog. Le HMRC, le service gouvernemental chargé de la collecte des impôts, lui a répondu qu’il avait cessé de publier des données sur le montant des impôts payés, ventilées par nationalité. Idem pour le ministère du travail et des pensions (DWP) pour les demandes d’aide sociale par nationalité ; ainsi que les données sur les demandes d’allocations familiales.
C’étaient les dernières que l’on pouvait obtenir jusque-là. Car le gouvernement a supprimé depuis longtemps les statistiques des arrestations par nationalité, le statut d’immigration des prisonniers, et même, tout simplement, de véritables données fondamentales comme la population du Royaume-Uni par pays de naissance et nationalité…
Or c’est une information essentielle pour déterminer, par la contribution fiscale nette des différents groupes de migrants, si, oui ou non, tous sont égaux en la matière et apportent systématiquement, comme on nous le serine, « une sorte de manne économique ».
« Les migrants non européens constituent un important gouffre fiscal » au Royaume-Uni
Robert Bates, directeur de recherche au Center for Migration Control (CfMC), un groupe de réflexion indépendant, l’a dit sans détour au European Conservative : on a menti aux électeurs sur l’immigration « pendant des années » et il est « urgent » de procéder à une analyse coûts-bénéfices appropriée pour « éclairer le débat ». L’Office for Budget Responsibility mis en place par le gouvernement « utilise des modèles truffés d’erreurs et surestime régulièrement les avantages économiques d’une immigration massive ».
« C’était une théorie délicieuse, lit-on de sa part dans The Telegraph. L’ouverture des frontières britanniques entraînerait un afflux de capital humain qui rendrait le pays plus riche, la pression fiscale moins lourde, les services publics plus forts et notre culture enrichie. » Les arguments économiques en faveur d’une migration massive se sont finalement effondrés… Plutôt que de stimuler la croissance, l’immigration exerce une pression quasi insupportable sur les services publics, le logement et les infrastructures.
Le mois dernier, le CfMC a publié un rapport affirmant que les immigrés légaux sans emploi ont coûté au contribuable britannique près de 24 milliards de livres sterling (28 milliards d’euros) en quatre ans pour la fourniture de services de base, comme les soins de santé ou la police, sans ajouter aucune valeur au système. L’Institute for Fiscal Studies le soutient aussi, la « marge budgétaire » générée par l’immigration est largement illusoire.
Ces statistiques qui feraient tomber des têtes
Mais, encore une fois, rien d’officiel ni d’avalisé par le gouvernement conservateur, au pouvoir depuis près de 14 ans. Car l’écart est gros avec ses promesses sur l’immigration restées lettre morte, quand il disait, en 2010, la réduire bientôt à « des dizaines de milliers » par an… Aujourd’hui, les niveaux de migration ont atteint des sommets jamais vus dans l’histoire britannique.
En 2022, il a été rapporté que la population née à l’étranger en Grande-Bretagne avait atteint près de 10 millions et demi dans un pays de 67 millions d’habitants, et les arrivées n’ont fait que s’accélérer depuis lors. La migration nette atteint désormais un million de personnes supplémentaires tous les 19 mois – la migration brute s’élève à un million de nouveaux arrivants tous les dix mois.
Pourquoi cacher les bénéfices auto-proclamés de cette manne économique et sociétale pour tous ? Pour Farage, si le gouvernement se tait sur la relation entre migration et criminalité, c’est que « les sondages d’opinion des conservateurs chuteraient, même à partir de leurs niveaux actuels » déjà bien bas. Seuls 9 % de l’opinion publique britannique se disent satisfaits de la gestion de l’immigration par le gouvernement. Que se passe-t-il à 0 % ? Sûrement pas du « light ».