Montebourg, Aubry, Taubira… Les critiques contre l’exécutif, le couple Hollande-Valls, ne sont plus l’apanage de la droite. Comme si les piètres résultats électoraux avaient libéré les paroles de ceux qui voulaient croire en une capacité politique à l’Elysée ou à Matignon, la gauche, même parmi les proches, même au sein du gouvernement, explose en remarques acerbes. Ambiance de fin de règne ?
C’est dans les colonnes de L’Obs que Christiane Taubira, toujours ministre, plante ses piques. La gauche, à ses yeux, a commis une faute en adoptant « les mots de la droite » depuis une dizaine d’années, et en renonçant « à l’idéal, aux utopies » au nom du « pragmatisme ». Cela dit, la droite ayant emprunté la pensée de la gauche depuis des décennies, le mal n’est pas si grand, Christiane.
Cela dit, les Français qui ont défilé pendant des mois contre sa loi devront comprendre qu’elle relève de l’utopie… appliquée, pourtant.
Malgré tout, Christiane Taubira se dit « solidaire de l’action du premier ministre ». Que serait-ce sinon ?
Les critiques à gauche se multiplient
C’est sur le site des Echos qu’Arnaud Montebourg s’en prend à François Hollande. L’ancien ministre de l’Economie estime que le président mène des « politiques absurdes », qui « étouffent l’économie et portent la responsabilité de l’augmentation du chômage ». Sous la présidence actuelle, déclare-t-il, « le Parti socialiste est sur la route du Pasok grec ». Si remaniement il y a tout de même, une chose est sure : Montebourg n’en sera pas !
C’est du cœur-même de l’Assemblée nationale, transformée, pour l’occasion, en bastion contre Matignon, que Martine Aubry a critiqué la stratégie de Manuel Valls pendant la campagne des départementales : « Il est insupportable qu’on dise, comme le premier ministre le soir du premier tour, que c’est une victoire car le FN n’est pas la première formation politique de France. » Manuel Valls a commis une « erreur profonde » en s’attaquant ainsi, bille en tête, au Front national, braquant ainsi certains électeurs, qui, du coup, n’ont pas hésité à voter FN pour se plaindre de la politique du gouvernement.
Martine Aubry a donc fixé un ultimatum à l’exécutif. Si d’ici une semaine, il n’y a pas d’« inflexion » de la politique du gouvernement, le maire de Lille annoncera le dépôt de sa propre motion pour le congrès de Poitiers début juin.
Hollande et Valls dans la tourmente
Aurélie Filippetti y a été également de son petit couplet. L’ancien ministre de la Culture déplore ni plus ni moins « l’aveuglement idéologique » du pouvoir de l’exécutif. « Si, après quatre défaites, on ne change rien et on continue, on va démobiliser encore plus notre électorat. (…) Le président de la République n’a pas respecté les engagements de la campagne de 2012. La ligne économique a échoué sur le plan de l’efficacité. Elle conduit à une série de catastrophes électorales. Il faut en changer. »
On verra. Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement, estime en tout cas qu’il n’y a pas de « couac », mais des « expressions ». Un peu dur de la feuille sans doute ?
Mais Manuel Valls fait de même : « Je ne les entends pas. (…) Ce qui m’intéresse, ce sont les Français. »
Ce n’est manifestement pas réciproque…